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Crédit photo : Duprince
L’artiste y gagnera certainement certains auditeurs qui aiment moins se plonger dans la pénombre et dans la mélancolie, mais plaira aussi aux admirateurs des premières heures, qui verront cet EP comme un souffle nouveau permettant de découvrir, peut-être, la vraie voix de Rosie Valland. Car il est impossible de ne pas le remarquer, la voix est plus chantée sur Nord-Est, moins cassée et craquée qu’autrefois, mais toujours aussi soutenue par des atmosphères ambiantes, parfois planantes, toujours douces.
Saisissant dès la première note de «Nord-Est», la pièce d’ouverture, le EP réalisé par Jesse Mac Cormack débute avec un fond de piano et de guitare électrique très douce, laissant la place à une voix presque en apesanteur, céleste, mais chargée d’émotions et sensible. Très touchante, la pièce-titre présente de belles nuances dans la voix de Rosie, et laisse reconnaître ses couleurs, même si son grain de voix s’est transformé en une clarté, une voix lumineuse, porteuse d’espoir pour le reste du mini-album.
Avec des paroles comme «J’aimerais que ça frappe à ta porte / qu’on m’appelle à revenir / Le chemin est long jusqu’ici» («Nord-Est»), elle nous laisse entendre qu’elle en a parcouru, un long chemin, de Partir avant, sur lequel on sentait la peine et la blessure de la rupture, jusqu’à Nord-Est, où elle semble tourner la page. Malgré tout, le même défaut se retrouve sur le EP que sur l’album: le discours est parfois difficile à déchiffrer; un combiné d’une voix noyée dans l’instrumentation riche et d’une prononciation ardue.
On pardonne toutefois à Rosie Valland, puisqu’elle réussit toujours, malgré tout, à nous toucher, même avec des pièces plus dynamiques et vivantes comme «Nos guerres», qui voit la chanteuse se livrer de façon plus enjouée, dans un rythme moins fluide, mais qui rebondit, tout comme elle. «Un matin comme les autres / dans un endroit comme mille autres / j’attendais rien, tellement rien / et t’es entré, on se souvient / on s’est dit à demain », lance-t-elle à propos d’une belle amitié, établissant par le fait même le côté plus lumineux et positif de son nouveau projet.
La superbe mélodie de «Concession» ravit, alors qu’on y découvre des sonorités auxquelles l’artiste ne nous a jamais habitués: une voix dédoublée, de la distorsion dans la voix en arrière-plan, ce qui amène un côté robotique, mais aussi audacieux et original. Douce malgré la thématique plutôt sombre d’un hiver interminable, la chanson présente une musique chaleureuse, même dans sa simplicité, et on ne la voit pas passer, bien qu’elle dure 6 minutes 14, tout simplement parce qu’elle coule de façon fluide et est très, très belle.
«L’isle» se révèle plus rock et est certainement le morceau où on sent le plus le même ton, la même intonation et la même revendication que sur Partir avant, mais avec une plus grande légèreté, sans lourdeur, malgré la petite cassure dans la voix qu’on retrouve avec plaisir ici.
C’est toutefois en nous enveloppant, avec «Calmer le vent part 2», – après l’instrumentale «Calmer le vent part 1» -, que Rosie Valland nous laisse, avec une musique minimaliste mais ravissante, juste assez pour mettre l’accent sur sa voix sensible et dans l’émotion. De doux chœurs en support créent une ambiance planante, très rassurante, et contribuent à toucher, même bouleverser l’auditeur, le laissant avec une impression d’avoir réussi à mettre la main sur le meilleur de cette jeune auteure-compositrice-interprète, remise sur pied et prête à faire de grandes choses.
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de la rédaction