Entrevue avec l’auteur-compositeur-interprète américain Brian Fallon – Bible urbaine

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Entrevue avec l’auteur-compositeur-interprète américain Brian Fallon

Entrevue avec l’auteur-compositeur-interprète américain Brian Fallon

En zone de (ré)confort après The Gaslight Anthem

Publié le 23 juin 2016 par Francis Baumans

Crédit photo : Island Records

C’est avec un premier album solo en main que Brian Fallon, leader de la formation américaine The Gaslight Anthem, fera son retour à Montréal le 9 juillet prochain dans le cadre d’un concert au Théâtre Fairmount. Bible urbaine s’est d’ailleurs entretenu avec l’auteur-compositeur-interprète pour discuter de Painkillers, ce premier effort solo paru en mars dernier sous l’étiquette Island.

Après avoir joué sur les plus grosses scènes de la métropole en tant que chanteur de The Gaslight Anthem, c’est cette fois dans l’intimité relative du Théâtre Fairmount que Brian Fallon viendra présenter au public montréalais les pièces de son plus récent album en juillet prochain. Rejoint par téléphone, le natif du New Jersey semble d’ailleurs très heureux de redécouvrir ce format. «J’ai hâte au concert; j’ai toujours eu de très belles expériences ici et cette idée de rejouer dans des plus petites salles, c’est vraiment excitant.» Enregistré à Nashville aux côtés du réalisateur Butch Walker, Painkillers propose une collection de pièces qui ne sont pas sans rappeler le travail de Fallon au sein de The Gaslight Anthem: un univers marqué d’une nostalgie puissante et assumée.

En effet, que l’on écoute les albums de sa formation principale ou ceux de The Horrible Crows (projet parallèle n’ayant accouché, pour l’instant, que d’un seul album intitulé Elsie), il est impossible de ne pas prendre note des nombreuses références de Fallon à l’esthétique et à la culture des États-Unis de l’après-guerre. Des chansons adressées à des filles prénommées Jane, Gail et Anna; des soirées à attendre une amoureuse-qui-ne-viendra-pas au fond d’un dinner enfumé; des références aux années de gloire d’Hollywood («Here’s looking at you kid», l’une des plus belles pièces de The Gaslight Anthem, provient d’un célèbre dialogue du film Casablanca); mais surtout cette voix un peu rauque aux accents d’ouvrier du New Jersey, qui n’est pas sans rappeler un certain Bruce Springsteen.

Cette tendance à emprunter à l’esthétique d’une époque que l’auteur-compositeur-interprète n’a lui-même pas connue pour évoquer son propre passé semble d’ailleurs avoir fini par agacer certains critiques, qui reprochent entre autres à Fallon d’en abuser au point de tomber dans la caricature. Une critique à laquelle le principal intéressé ne semble pas accorder de grande importance: «Mon seul véritable objectif quand j’écris des chansons, c’est de créer une impression de réconfort chez les gens qui m’écoutent. Et, comme ce qui me réconforte personnellement tient beaucoup de la culture de mes parents — celle avec laquelle je grandis — c’est avec ces thèmes-là et ces références-là que j’opère.» Ces critiques, par ailleurs, ne semblent pas déranger l’artiste, qui préfère de loin suivre ses instincts plutôt que de tenter d’adapter ses créations au goût du jour. «Personnellement, j’essaye juste de faire de la musique honnête. Je veux que mes chansons soient un endroit réconfortant. Pour moi, c’est plus important que d’innover.»

Sans se faire porte-parole d’une génération, Fallon est également conscient que son attirance pour une Amérique qu’il n’a pas connue lui-même représente un peu le reflet de ce qu’il se passe présentement à l’échelle de son pays. «Les gens chez moi semblent de plus en plus désabusés, ce qui se traduit par un désir de retourner à une époque qui, au fond, n’a jamais existé. On n’a qu’à regarder ce qu’il se passe en politique pour s’en rendre compte.» En effet, alors qu’une jeunesse plus à gauche et n’ayant pas connu la guerre froide se soit enivrée d’un candidat ouvertement socialiste (Bernie Sanders), une autre partie de la population a choisi Donald Trump, dont le slogan «Make America great again» représente parfaitement cette dissonance entre le passé véritable et celui de la conscience collective.

«Et puis, c’est pareil avec mes chansons. Je suis tout à fait conscient que le temps — que la distance entre le moment vécu et le moment dont on se souvient — crée une distorsion immense. Alors, quand j’évoque mon passé, je sais que je le rends romancé. Et c’est peut-être ce que les gens, les critiques surtout, ne semblent pas comprendre. Ils pensent que j’aurais voulu vivre dans les années 50 et 60, mais c’est faux. C’était une époque intéressante à plein de niveaux, mais aussi celle de la guerre et de la crise des missiles de Cuba. Je n’aurais pas voulu vivre ça, moi, la crise des missiles!»

Ne gardant, donc, que le côté romantique de cette époque marquée par les jours de gloire d’Hollywood, des soirées dansantes et des cinéparcs, Fallon propose encore une fois de plonger ses fans dans cette zone à la fois de confort et de réconfort, et ce, par le biais d’une musique à la fois mélancolique et optimiste; sensible mais dure, et toujours à fleur de peau.

Brian Fallon sera en concert à Montréal le 9 juillet 2016 au Théâtre Fairmount.

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