«Breakin' Point» de Peter Bjorn and John – Bible urbaine

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«Breakin’ Point» de Peter Bjorn and John

«Breakin’ Point» de Peter Bjorn and John

Peinture à numéros

Publié le 23 juin 2016 par Édouard Guay

Crédit photo : INGRID, Warner Sweden et Kobalt Label Services

La dernière décennie a été une période de consécration pour plusieurs groupes populaires à la sauce rock indépendante: en 2009, Miike Snow explosait avec le morceau «Animal». La même année, le groupe français Phoenix atteignait le nirvana avec l'album Wolfgang Amadeus Phoenix. Trois ans plus tôt, les Suédois Peter Bjorn and John avaient pavé la voie en sortant A Writer’s Block, un album irrésistible aux mélodies accrocheuses que bien des gens ne pouvaient s’empêcher de siffler. Rappelons-nous de «Young Folks»...

Aujourd’hui, tous ces groupes se bousculent pour se tailler une place dans nos bibliothèques musicales. Pour ce faire, l’innovation est un plus. Le moule pop-rock des dernières années est quelque peu devenu suranné et il convient donc de se réinventer pour retrouver sa touche magique. Le trio Peter Bjorn and John en est un exemple probant. Leur plus récent album Breakin’ Point semble vouloir renouer avec la recette de 2006, avec ses sonorités de claviers conçues pour faire siffler et taper des mains. Dès la première pièce «Dominos», on ressent ce son d’il y a dix ans. Ça peut encore fonctionner dans un festival, mais sur album, c’est un peu moins intéressant.

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Conçu avec l’as producteur Paul Epworth, qui a notamment collaboré avec Paul McCartney, Adele, Florence and the Machine et U2, ce septième album démontre un savoir-faire évident, mais ne parvient pas à éviter la redite. Les mélodies sont accrocheuses, mais elles sont pourtant facilement oubliables tellement on en a entendu d’autres du même acabit. Seuls quelques morceaux comme «Love Is What You Want» et «What You Talking About?» se démarquent et ont le potentiel de jouer à la radio. Pour le reste, c’est un disque qu’on écoutera en fond sonore dans nos voitures cet été, puis qui dormira probablement avec d’autres albums éphémères.

L’album en soi plaira probablement aux amateurs de la première heure, mais paraîtra quelconque pour les autres. Ce n’est pas mauvais, mais la redite empêche malheureusement le groupe de retrouver la touche magique pop de Writer’s Block ou l’efficacité de Gimme Some, sorti en 2011, qui alliait avec efficacité pop accrocheuse et rock énergique aux moyens de guitares plus omniprésentes, qui donnaient un côté punk dansant à la proposition (notamment avec l’excellente pièce «Breaker, Breaker»). Il aurait été intéressant pour le trio suédois de creuser davantage ce filon, pour donner des résultats plus intéressants.

Malheureusement, ils ont emprunté la voie de la nostalgie, ce qui donne un album sur le pilote automatique qui s’épuise facilement. Dès la troisième pièce «Do-si-do», on ressent un manque d’inspiration. La pièce-titre est quant à elle calquée sur le vieux modèle de la mélodie à siffler, on l’aura peut-être en tête quelques jours, mais sans plus. Ainsi, contrairement à son titre, l’album s’éloigne d’un tournant pour le trio suédois, malgré quelques bons moments de pop efficace.

Le groupe a créé un album qui pourra forcément se greffer aux autres quand viendra le temps de faire des concerts. Pour le reste, il sera rapidement oublié, et on passera à un autre groupe de rock indépendant qui aura su mieux se réinventer.

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