«Effets spéciaux» d'Avec pas d'casque – Bible urbaine

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«Effets spéciaux» d’Avec pas d’casque

«Effets spéciaux» d’Avec pas d’casque

Avec pas d'artifices

Publié le 8 septembre 2016 par Édouard Guay

Crédit photo : Avec pas d'casque et Grosse Boîte

Il n’y a tellement pas d’effets spéciaux dans ce qu’on fait, admettait récemment Stéphane Lafleur, le chanteur d’Avec pas d’casque, dans une entrevue accordée au Journal de Montréal. Cette déclaration prend des allures bien ironiques quand on sait que leur cinquième album s’intitule justement Effets spéciaux… Déjouer les conventions et les idées préconçues semble donc être une partie de plaisir pour le groupe montréalais, qui a toujours su adopter un folk dépouillé mais exploratoire, avec juste ce qu’il faut de mélancolie, nous invitant ainsi à poser sa tête, lentement…

La première pièce «Autour» met d’emblée la table sur ce qui nous attend: les effets spéciaux des gars d’Avec pas d’casque se trouvent dans les textes, plus magnifiques que jamais, et dans le minimalisme et la simplicité des mélodies qui créent des liens romantiques entre les gens. Pas question de lancer de la poudre aux yeux; c’est le rapport entre la musique et l’auditeur qui la reçoit qui fait toute la magie de ces effets spéciaux. C’est ce même rapport qui fait tout le succès du groupe, qui n’a jamais tenté de se publiciser, autre que par le bouche-à-oreille des mélomanes.

Autant au cinéma que sur disque, Stéphane Lafleur utilise l’Humain (avec un grand «H») pour créer des œuvres réalistes et belles comme la vie. L’album Effets spéciaux le fait de brillante façon et le groupe réussit à aller bien au-delà de la lenteur qui le caractérise.

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Le quatuor montréalais reprend donc là où il avait laissé avec l’excellent Astronomie, sorti en 2012. Les thèmes de l’absence et de la solitude se mélangent aisément à ceux de l’amitié, de la paix et de la passion. Le groupe réussit cependant un tour de force en ajoutant des sonorités plus alternatives à ses arrangements; la formidable «Derviches tourneurs» en est un exemple probant, alternant entre la valse romantique et l’énergie dansante des derviches tourneurs.

Le tout se conclut par une orchestration lancinante de beauté, gracieuseté du saxophone baryton de Mathieu Charbonneau: «Quelque chose brise, quelque chose casse / Quelque chose brille, quelque chose passe», chante un Stéphane Lafleur plus inspiré que jamais, qui nous fait se demander s’il faut sourire ou pleurer.

C’est cette ambivalence dans les émotions qui transcende l’album du début à la fin. Le groupe n’a pas besoin de s’éterniser pour nous faire voyager de la sorte. Les neuf pièces d’Effets spéciaux virevoltent entre la tendresse mélodieuse de «Loup-garou», la jolie candeur de «Il fait noir de bonne heure» et de «Audrey est plus forte que les camions», de même que les moments aériens, comme la finale de «Les gloires du matin».

À la fois paisible et craintif, ce cinquième album est de loin le plus abouti d’Avec pas d’casque. Il saura s’écouter tant lors des jours de pluie que durant les matins lumineux. Rempli de contradiction, tant dans les textes que dans les arrangements, Effets spéciaux est surprenant sans être déstabilisant. Ce sont ces effets spéciaux bien particuliers qui donnent à l’album toute son intelligence et sa substance, et le tout est rendu avec pas de triche, sans aucun superflu.

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