«Black City Parade» du groupe rock français Indochine – Bible urbaine

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«Black City Parade» du groupe rock français Indochine

«Black City Parade» du groupe rock français Indochine

Les lueurs de la ville

Publié le 12 février 2013 par Louis-Jean Trudeau

Crédit photo : www.indo.fr

Monstre sacré du rock français, Indochine s’accroche au paysage musical depuis maintenant 30 ans. De ses débuts new wave dans les années 1980 jusqu’à sa renaissance millennale, le groupe a réussi à se réinventer en absorbant les tendances du moment. L’immortel Nicola Sirkis entretient aujourd’hui une relation fascinante avec un public multigénérationnel constamment renouvelé. Certains ont grandi avec «3ème sexe», d’autres avec «J’ai demandé à la lune», mais tous partagent la même affection pour ce qui est probablement la formation francophone la plus endurante de tous les temps.

Enregistré aux quatre coins de la planète (Berlin, Paris, New York, Bruxelles) et inspiré par les voyages du groupe, Black City Parade nous est présenté comme un véritable blockbuster. Pour une première fois, Sirkis assiste son comparse Oli de Sat (guitariste / compositeur / fan fini de Trent Reznor) à la réalisation et le résultat est pour le moins impressionnant. Musicalement, le dernier-né d’Indochine est la suite logique du parcours entamé par Nicola et ses troupes au début des années 2000. Délaissant les sonorités plus industrielles qui ont fait le succès de Paradize (2002) et Alice & June (2005), ce nouvel album donne plutôt dans le pop rock électronique de La République des Météors (2009) et ramène les racines 80’s du groupe en avant-plan.

Le disque débute avec un poème de Mireille Havet abordant les fossés entre générations, thème de prédilection indochinois. On plonge ensuite directement dans la pénombre métropolitaine avec l’excellente chanson titre et ses habiles changements d’ambiances. Des lignes de guitares très Depeche Mode côtoient des arrangements de claviers nocturnes, avant de laisser place à un refrain gigantesque chanté partiellement en anglais. Sur «College Boy», Sirkis traite du phénomène de l’homophobie dans les pensionnats français. Le mélange de synthétiseurs pulsatifs, de boîte à rythme et de guitares bien clean fait immédiatement penser au groupe Chromatics. En dépit de ses 53 ans, Sirkis reste branché sur les nouveautés musicales et continue le procédé de modernisation perpétuelle d’Indochine.

Sympathique clin d’œil au public québécois, «Le fond de l’air est rouge» s’inspire du printemps érable et de la révolte étudiante pour tisser une histoire de romance adolescente. Sirkis fait explicitement référence aux «miliciens du soir» et lance un appel à la solidarité dans un refrain optimiste à souhait comme seul Indochine peut en faire. Le talentueux Lescop a collaboré à l’écriture de «Traffic Girl», potentiel single porté par une mélodie de guitare génialissime et un magnifique texte sur les jeunes monitrices de trafic de la Corée du nord. On croirait réentendre une composition de Dominique Nicolas, guitariste original du groupe qui avait un don exceptionnel pour la conception de vers d’oreille.

«Memoria», premier extrait de l’album, est un des rares points faibles de BCP. Malgré une instrumentation intéressante, pleine de textures asiatiques, le groupe étire la sauce en poussant le morceau au-delà des sept minutes. La voix de Nicola Sirkis est auto-tunée de façon abusive lors de nombreux passages, donnant ainsi une étrange couleur à l’ensemble du morceau. Mémo au band: c’est souvent le manque de justesse qui faisait le charme de M. Sirkis par le passé. Aucun problème de ce genre pour la pétillante «Nous demain», avec ses solos de guitares éclatants et ses couplets britrock. Bref, Indochine à son meilleur.

Avec Black City Parade, le groupe livre son album le plus constant depuis Paradize. Mis à part quelques faux pas ici et là, les textes de Sirkis sont inspirés et lumineux. Suite aux récentes manifestations antimariages gais à Paris, le message d’acceptation au cœur des chansons d’Indochine semble plus nécessaire que jamais. C’est malheureux, mais cela témoigne également de la pertinence culturelle de ce groupe trentenaire. Un disque très bien fait qui devrait amplement satisfaire les attentes des fans.

*Indochine sera de passage à Montréal en mai 2013. Pour les détails, consulte notre annonce à l’adresse suivante: https://labibleurbaine.com/wp/le-groupe-culte-indochine-au-centre-bell-de-montreal-en-mai-2013.

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