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Crédit photo : Six Media
Plus poétique mais moins abouti, le premier album de Peau, lancé en 2010 sur Le Chant du Monde, laissait à entendre de jolies ballades bilingues telles que «Kyle» et «Sensuelle», où l’on pouvait d’emblée se familiariser avec le chant chuchoté et vaporeux de Perrine Faillet. Avec Archipel, exit ou presque les instruments à cordes; l’organique a désormais fait place au synthétique, la Française et plasticienne de profession préférant cette fois-ci travailler les mécaniques distordues aux morceaux facilement tricotés.
Avec un léger clin d’œil à Organ Mood dès les premières secondes d’«Instant T», pièce d’ouverture qui fait également office de premier single, Peau instaure vite fait les ambiances électro pop et post-rock qui accompagneront l’auditeur jusqu’à la toute fin de cette odyssée musicale. Perrine Faillet, avec son chant désinvolte façon Vanessa Paradis, nous mène tout droit dans un univers distordu dans lequel les contours sont flous et où la poésie, vague et implicite, nous fait voyager dans des territoires inexplorés aux contours estompés.
Sur «Odyssée», cette impression d’exploration mystérieuse et d’effacement du réel se poursuit avec un morceau d’influence The XX qui nous donne l’impression d’avoir découvert une terre idyllique où le temps n’a plus d’emprise sur nous. Texture électronique empruntant çà et là quelques bribes à James Blake, Radiohead et Fever Ray, et poésie alternant le français et l’anglais, il résulte de cette pièce, comme sur «High Tech Song» d’ailleurs, une sensation agréable de bien être intérieur.
Cette impression saine pour l’esprit et le corps se poursuit avec «Uyuni», où le chant élastique de Perrine Faillet s’allonge, encore et encore, passant du chuchotement au murmure, nous donnant quasiment l’impression de rêver les yeux ouverts, avec cette phrase, vide de sens mais évidente à la fois: «Rien, n’est important». Plus Perrine Faillet nous la répète, plus elle s’incruste dans notre esprit, et plus elle nous donne l’envie de fermer les yeux et de nous laisser aller totalement séduit.
Chant robotique, poésie fragmentée et très simple, on ressent une légère influence de la Montréalaise Grimes sur les chansons «Europeana», «L’enfant» et «Litanie du désir désiré», surtout au niveau des textures choisies. Dans cette dernière, le message est on en peut plus limpide et confirme cette impression de simplicité qui traverse l’opus de part en part: «Ce qu’on ne désire pas / On l’obtient / On l’obtient / parce qu’on ne le désire pas / Ce qu’on obtient / On ne le désire plus / C’est ça qui laisse à désirer / Ce qu’on obtient pas / On le désire plus».
Même si le sens profond des textes n’offre pas toujours le reflet d’une poésie ultra réfléchie, on se laisse tout de même embarquer dans ce voyage musical et synthétique où les mélodies l’emportent haut la main sur les textes. Préférant se la jouer simpliste, Perrine Faillet n’innove pas d’un bout à l’autre de l’opus quant à sa performance vocale, préférant chuchoter plutôt que chanter, ce qui a pour résultat, hélas!, de nous combler rapidement d’ennui.
Par contre, son doigté agile sauve la donne et nous donne l’envie d’écouter et de réécouter cet album sublime, qui risque fortement de faire du bruit à sa sortie dès le 10 septembre.
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de la rédaction