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Crédit photo : Grosse Boîte
On le jure, on ne croyait pas pouvoir aimer Les sœurs Boulay encore plus, mais depuis l’écoute de 4488 de l’Amour, force est d’admettre que leur charme est infini. Dès les premières notes de «Les couteaux à beurre», avec les sifflements qui font presque office de marque de commerce pour les sœurs, maintenant, on prend conscience de la sensibilité des interprètes, et leurs voix nous happent aussitôt. Qu’elles soient à tour de rôle, à l’unisson ou en harmonies, elles ont toutes deux pris une maturité, voire une assurance, et sont tout simplement magnifiques.
Cette entrée en matière est empreinte d’une grande sincérité et authenticité, tout comme la sublime déclaration d’amour qu’est «Maison». La beauté de son message – à savoir qu’on n’a rien besoin d’autre dans la vie que d’une maison aussi grande qu’un lit king et de l’être aimé pour y vieillir ensemble – n’a d’égal que la délicatesse de la superbe mélodie au ukulélé; une musique dépouillée, parce qu’elle non plus n’a besoin de rien de plus pour nous toucher.
Si «De la noirceur à la beauté» nous garde dans l’ambiance un peu plus sombre instaurée avec «Alexandre» puis la piano-voix «Prière», dans l’émotion et criante de sincérité, son titre est toutefois de circonstance. Remarquable morceau a capella dont on sent l’enregistrement très intime, la beauté de ses deux voix qui s’harmonisent et s’entrelacent nous happe de plein fouet, et on aime ça.
L’unique apport de Stéphane Lafleur – qui avait signé «Ôte-moi mon linge» et «Ton amour est passé de mode» sur le premier opus -, «Jus de boussole», donne presque dans le country avec sa petite touche de güiro, sa guitare acoustique au rythme très régulier (très Lafleurien), et ses trompettes au son mexicain. Mais c’est surtout le premier extrait radio du disque, l’entraînante et accrocheuse «Fais-moi un show de boucane», qui vole la vedette, avec «Langue de bois», une chanson qu’elles ont traîné en tournée et qui offrait toujours un beau moment sur scène. Cette dernière possède un refrain enlevant, une belle touche de trombone (Renaud Gratton), et une belle utilisation de l’anglais, tout en demeurant un morceau francophone. On a envie de les laisser crier, qu’elles se libèrent de cette douceur, pour voir, pour y goûter…
Pourtant, il existe bel et bien une certaine libération sur 4488 de l’Amour, qui contient des morceaux aux paroles un peu plus ludiques, dans une autre sorte d’énergie. «Sonne-décrisse», qui dénonce les paroles qui ne mènent à rien, qui ne sont d’aucune aide et qui laissent seulement le soin à l’autre de s’arranger avec ça, et la chanson-titre, «4488 de l’Amour», une petite ballade rigolote et attachante qui se déploie comme une belle déclaration d’amour entre sœurs, en sont de bons exemples. «Andaman Islands» possède aussi ses petits bijoux, comme la ligne «C’qu’on a vécu, nous deux, ça s’prend take out». Ça prend bien Les sœurs Boulay pour que des paroles aussi simples et banales sonnent aussi magnifiques.
Si l’adage veut que les voyages forment la jeunesse, ceux-ci ont certainement fait mûrir Mélanie et Stéphanie, qui ont pris de sages décisions, avec leur réalisateur Philippe B, afin de ne pas changer la formule gagnante qu’elles avaient adoptée, mais de réussir à l’améliorer encore davantage. Tout en continuant de livrer des ballades folk-pop très personnelles, ici, on écrit et on chante tout à deux; pas de pièce en solo comme sur Le poids des confettis, même si on sent que certains morceaux mettent plus en valeur l’une des deux chanteuses, parce qu’il faut l’admettre: c’est à deux qu’elles frappent le plus fort.
Et même si la chanson clôturant l’opus, «T’es ben mieux d’les ouvrir tes yeux», est rafraîchissante, amusante et plus légère en comparaison avec le reste de l’album où les deux sœurs se livrent avec grande authenticité, elle termine de jolie façon notre tour du propriétaire au 4488 de l’Amour. Et on doit dire qu’on est très agréablement surpris de sa luminosité et de la belle façon dont c’est arrangé…on achète!
L’album 4488 de l’Amour des sœurs Boulay est réalisé par Philippe B et est paru le 16 octobre, sous l’étiquette Grosse Boîte.
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de la rédaction