LittératureRomans québécois
Crédit photo : Les éditions de Ta Mère
Dans Royal, Jean-Philippe Baril-Guérard décrit la compétitivité et l’animalité qui règnent au sein de certains programmes universitaires, dont le baccalauréat en droit constitue l’archétype. Par une narration à la deuxième personne, l’auteur permet au lecteur d’accompagner le personnage principal tout au long du parcours qui l’amènera à devenir avocat.
Si le narrateur semble à première vue détestable et prétentieux, sa détresse le rend paradoxalement attachant. À force d’étudier et de multiplier les 5 à 7 permettant de possibles opportunités professionnelles, le personnage en vient à tomber dans une grande détresse. Pour la première fois de sa vie, sa réussite scolaire lui demande de faire des efforts, ce qui le trouble profondément et l’amène à développer un profond dégoût de lui-même.
Tout en conservant une attitude décontractée en public, il utilise tous les moyens à sa disposition pour surpasser ses collègues – la provinciale sportive, le fif péquiste, l’Italien du West Island, la fille de syndicaliste et le Carabin –, jusqu’au fameuses smart drugs qui lui permettent d’accroître sa productivité et de diminuer ses heures de sommeil.
Tous les coups sont permis pour assurer son futur et détruire celui des autres.
Royal rejoint quiconque est passé par l’université et s’est fait servir le discours de bienvenue annonçant aux étudiants qu’ils font partie de l’élite. Le portrait que l’auteur dresse des études supérieures est à peine exagéré et souligne avec beaucoup de justesse la pression de performance à laquelle tous les étudiants sont confrontés.
C’est grâce à l’intelligence de son humour et à la qualité de son écriture que Jean-Philippe Baril-Guérard arrive à rendre amusant un récit aux fondements plutôt sombres.
«Royal» de Jean-Philippe Baril Guérard, Éditions de Ta Mère, 287 pages, 25 $.
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