LittératurePoésie et essais
Crédit photo : Éditions La Presse
Dès le départ, cet essai sur la course nous accroche avec une préface écrite par nul autre que Marc Labrèche, qui était voisin d’Yves Boisvert pendant de nombreuses années, à St-Lambert, avant que ce dernier ne quitte la banlieue il y a plus d’un an «pour le bien de sa santé mentale et de celle de sa famille». Ce préambule humoristique donne le ton à l’ouvrage, qui ne prétend en aucun cas être un livre technique ou scientifique sur la course comme la plupart des livres sur le sujet le sont, mais plutôt le témoignage d’un homme ordinaire qui est passé de sportif médiocre (qualificatif qu’il utilise lui-même!) à marathonien.
Il s’adresse aux coureurs, sans doute, mais son approche personnelle de ses impressions sur le phénomène de la course, les anecdotes historiques qu’il s’approprie et sa propre expérience sont susceptibles d’intéresser n’importe qui. Il nous raconte, entre autres, l’élément déclencheur qui l’a poussé à chausser ses souliers de course neufs (des Asics achetés en solde en voyage qui boudaient depuis 5 ans dans son placard), les rencontres qu’il a faites au fil des années, la relation que les membres de sa famille entretiennent (ou entretenaient) avec la course à pied, mais surtout comment il est passé de la capacité de courir à l’incapacité de ne pas courir.
Bien sûr, certains éléments seraient difficiles à assimiler pour le lecteur complètement inconnu au monde de la course (la vitesse en km/h ou en minutes par kilomètres, le rapport à la distance, etc.), mais l’auteur rend le tout accessible et donne l’impression, grâce à sa modestie et son honnêteté face à sa propre expérience, que n’importe qui est en mesure de s’attaquer à ce sport. Par contre, il insiste sur le plaisir que la course à pied doit nous procurer: «Faut trouver le moyen d’aimer ça pendant qu’on le fait, sinon, vraiment, vaut mieux trouver autre chose…»
Et comment éviter le sujet qui est sur toutes les lèvres ces temps-ci dans le monde de la course à pied, soit l’attentat du marathon de Boston? Yves Boisvert n’avait pas prévu que la sortie de son livre coïnciderait avec cet évènement terrible, mais, quoi qu’il en soit, on peut dire qu’il tombe à point. Le chroniqueur, qui hésitait à participer à l’évènement en 2013 ou en 2014, avait finalement choisi d’attendre un an de plus et ne compte pas y renoncer. «J’irai donc, mais je n’irai pas comme j’y serais allé. Chaque attentat nous laisse légèrement différents. […] Nous voilà encore juste un peu mieux prévenus de la folie du monde.»
Bien que Pas soit un ouvrage de non-fiction, ce livre se lit aussi rapidement qu’un roman, grâce à une écriture près de la langue orale qui nous donne l’impression d’entretenir une conversation directe avec l’auteur. Une lecture complémentaire à ne pas manquer pour le coureur fatigué des ouvrages techniques!
Pas, chroniques et récits d’un coureur, aux Éditions La Presse, 224 pages, 26,95 $.
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de la rédaction