«Je ne suis pas de ceux qui ont un grand génie» de Sévryna Lupien – Bible urbaine

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«Je ne suis pas de ceux qui ont un grand génie» de Sévryna Lupien

«Je ne suis pas de ceux qui ont un grand génie» de Sévryna Lupien

Simplicité volontaire

Publié le 31 mars 2017 par Pierre-Alexandre Buisson

Crédit photo : Stanké

Écrire, c'est déjà une déclaration sans embages; l'auteur puise son matériel dans ses expériences de tous les jours, certes, mais surtout dans son imagination, qui se charge de tisser des liens et de combler des vides entre des références à la vie réelle et des anecdotes pas toujours fidèlement rapportées.

Ce premier roman de Sévryna Lupien, une libraire de la ville de Québec, célèbre habilement la créativité fiévreuse dont est capable l’être humain pour se sortir de la perspective étouffante d’une réalité pas toujours rose. Il fait appel au principe du unreliable narrator, une voix qui nous berce de si belle façon, mais qu’il ne faut pas toujours croire aveuglément.

Ce qui est possiblement l’aspect le plus fort du livre, c’est la naïveté et la pureté d’âme de ce narrateur, un jeune homme appelé Victor, mais qui préfère le prénom Auguste.

Auguste, pensionnaire d’un orphelinat régi par des religieuses, vit ses apprentissages de jeunesse auprès de son ami Gustave, et embellit son quotidien en transformant – volontairement ou pas, nous ne le saurons jamais – les désagréments en aspects fantastiques et positifs. Il veut, comme son ami, porter «l’étoile jaune», et lorsque ce dernier disparaît subitement, Auguste décide de se sauver de l’établissement et d’aller explorer le monde.

Il se retrouvera à New York, sans-abri, et continuera de percevoir son existence comme un jeu amusant dans lequel tout le monde est irréprochablement bon. Son cœur d’enfant lui amènera de très bons amis, et il deviendra rapidement le roi des cireurs de chaussures, vivotant avec ses maigres revenus et l’amour de son entourage.

Mais pendant combien de temps une telle harmonie peut-elle régner, dans les rues impitoyables de la métropole?

La logique imaginative du narrateur rend cette lecture très plaisante, et ses sophismes étymologiques nous font sourire à plusieurs reprises. On a tout d’abord du mal à situer l’époque où se déroule le récit en raison des nombreuses références qui se contredisent parfois, mais la finale nous éclairera partiellement là-dessus.

Finale qui est, malheureusement, un peu expéditive et confuse, et en même temps un peu brise-cœur. On s’attache à cet antihéros un peu simple, qui décide de voir le verre plein, qui ne se décourage jamais devant les multiples épreuves qui se dressent sur son chemin.

On referme le livre avec l’impression qu’il aurait peut-être été préférable que le récit demeure jusqu’au bout dans le ton un peu fabulateur et vraiment original qui le fait sortir du lot.

«Je ne suis pas de ceux qui ont un grand génie» de Sévryna Lupien, Stanké, 184 pages, 22,95 $.

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