LittératureBandes dessinées et romans graphiques
Crédit photo : Éditions Pow Pow
En plus de se dévorer à la vitesse d’un amuse-gueule, l’histoire se résume tout aussi aisément: suite à l’invitation de sa cousine Frédérique, qu’elle n’a pas vue depuis belle lurette, Camille plie bagage passe ses vacances au manoir de son enfance, là où elle s’est longuement étant jeune. Arrivée au village, Camille se rend vite compte que le paysage a perdu de son charme depuis: les villageois semblent en état de panique générale et qualifient le manoir de son enfance comme étant la «maison du diable» ni plus ni moins. Or, Camille se rend malgré les protestations à la demeure ancestrale et se retrouve bientôt nez à nez avec Frédérique, qui a adopté, avec l’âge, une allure sinistre et un comportement bien étrange… vous l’aurez deviné.
Avec ses allures de films d’horreur et de série B que Cathon a reproduit d’une main de maître, et bien sûr une dose d’humour propre au genre, Les cousines vampires propose un scénario calqué sur une histoire qui aurait fort bien pu être adaptée au cinéma: un préambule inquiétant où un couple vit ses dernières heures sur terre, un protagoniste à bord d’une décapotable qui serpente une route sinueuse en montage, et un plan large qui présente, en gros caractère tremblotant, le titre de la bande dessinée; la table est donc mise et déjà le lecteur se sent embarqué à titre de témoin privilégié dans cette histoire dont il se doute, avouons-le d’emblée, un peu du dénouement, aussi prévisible soit-il.
Mais il y a dans cette façon dont Alexandre Fontaine Rousseau a composé ses dialogues, un je-ne-sais-quoi qui rend cette histoire prévisible vraiment captivante: probablement à cause du caractère naïf de Camille, qui inconsciemment refuse de s’ouvrir les yeux et d’affronter la réalité qui s’offre à elle. Et c’est ce qui rend l’humour du scénariste et auteur des bandes dessinées Pinkerton et Poulet grain-grain aussi savoureux, c’est qu’en tant que lecteur, on voit très bien où s’en va toute cette histoire, sauf que pour le protagoniste, c’est loin d’être le cas!
Vous l’aurez deviné: la chute arrive bien rapidement et, sans une promesse d’une suite, on dirait qu’on reste avec un léger goût d’amertume en bouche, comme s’il manquait «l’effet wow» qui nous aurait permis de refermer la BD avec un sourire en coin. Mais comme elle est drôlement bien faite, on a drôlement l’envie de la recommencer une seconde fois.
«Les cousines vampires» d’Alexandre Fontaine Rousseau et Cathon
122 pages
22,95 $
L'avis
de la rédaction