«L’entrevue éclair avec…» Nicholas Dawson et Marie-Claude Garneau – Bible urbaine

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«L’entrevue éclair avec…» Nicholas Dawson et Marie-Claude Garneau

«L’entrevue éclair avec…» Nicholas Dawson et Marie-Claude Garneau

Coauteurs d'un essai sur la richesse et la diversité de la recherche-création des personnes marginalisées

Publié le 22 février 2022 par Mathilde Recly

Crédit photo : Cédric Trahan (Nicholas Dawson) et Paloma Daris (Marie-Claude Garneau)

Dans le cadre de «L’entrevue éclair avec…», Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur sa personne, sur son parcours professionnel, ses inspirations, et bien sûr l’œuvre qu’il révèle au grand public. Aujourd'hui, on a jasé avec Nicholas Dawson et Marie-Claude Garneau, qui ont codirigé le livre «Savoir les marges: Écritures politiques en recherche-création», paru le 15 février dernier aux Éditions du remue-ménage. Plongez dans un essai riche et foisonnant qui se penche sur la question de la recherche-création et des enjeux d'écriture propres aux personnes ou aux communautés marginalisées!

Nicholas, vous êtes entre autres écrivain et éditeur; et vous, Marie-Claude, vous êtes notamment codirectrice de la collection de théâtre La Nef chez Remue-ménage et coautrice du livre La coalition de la robe (Remue-ménage, 2017). On est curieux de savoir: d’où vous est respectivement venue la passion pour la littérature?

M.C. «J’ai toujours lu, depuis l’enfance. Mes parents me lisaient souvent des histoires et m’achetaient beaucoup de livres. Et moi, une fois ado, je dépensais mon argent de poche dans les livres. C’est la lecture qui m’a amenée au théâtre, par la suite, et l’École de théâtre de Saint-Hyacinthe m’a donné la piqûre pour les pièces de théâtre. Cet amour pour les pièces, pour la littérature dramatique, c’est ce qui me fait chercher, bien souvent, les “voix” dans les œuvres littéraires. J’aime la parole dans les écritures.»

N. «Plutôt que d’avoir une “passion pour la littérature”, j’ai une passion pour les arts et les formes variées d’expression. Depuis l’enfance, j’ai cherché à m’exprimer de manière artistique et j’ai vite été très intéressé par toutes les disciplines, surtout les arts visuels, le théâtre et la musique. La littérature est venue après, par le biais de l’écriture et de la lecture.»

«J’ai fini par choisir de me consacrer à la littérature un peu par hasard; je trouvais que c’était la discipline artistique qui avait le dosage parfait entre travail solitaire et travail collectif. Si je travaille principalement en littérature aujourd’hui, j’ai gardé cette passion pour les autres arts qui vient de je ne sais pas où, mais je crois que j’ai pu m’y consacrer parce que mon entourage, et particulièrement mes parents, m’ont toujours encouragé à le faire, ce dont je suis vraiment reconnaissant.» 

Le 15 février, le livre Savoir les marges: Écritures politiques en recherche-création, que vous avez codirigé, est également paru aux Éditions du remue-ménage. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer ensemble dans ce projet, et qu’est-ce qui vous a motivés à explorer ce sujet en particulier?

M.C. «On se disait qu’il y avait un manque de réflexion au sujet de la recherche-création faite par des personnes qui n’appartiennent pas à des groupes socialement majoritaires. En tant que féministe et lesbienne qui travaillait, à l‘époque de ma rencontre avec Nicholas, à un mémoire-création sur la place des paroles lesbiennes au théâtre, je considérais que l’écriture en recherche-création ouvrait des perspectives nouvelles et offrait un point de vue plus vaste et novateur sur cette question.»

«Ça me permettait définitivement d’être plus libre dans ma création et mes réflexions. Et donc, Savoir les marges était l’occasion de continuer à réfléchir à ces enjeux, entre autres, et de le faire de façon collective.»

N. «La recherche-création a, selon moi, des potentiels politiques émancipateurs que d’autres approches universitaires et créatives ont moins parce qu’elles sont issues de traditions qui reconduisent des dynamiques de pouvoir, souvent sans permettre de les critiquer ou de les démanteler. C’est le cas particulièrement lorsqu’on travaille à ne pas séparer la recherche de la création, mais bien à s’inscrire à la frontière des deux. Cela me semble alors une manière plus salutaire pour les personnes issues de groupes minorisés d’évoluer autant dans les milieux artistiques qu’universitaires.»

Savoir-les-marges_couverture

Au fil des pages, les auteurs et autrices que vous avez réunis cherchent à «approfondir les potentialités de la recherche-création lorsqu’elle est menée par des personnes issues de groupes minorisés ou qui s’intéressent à différents types de marginalités.» Pourriez-vous nous glisser quelques mots au sujet des personnes clés: qui sont-elles, et pourquoi les avoir invitées à participer à la création de ce livre?

M.C. «Avant l’idée du livre, il y a eu un colloque sur ces questions. On avait lancé un appel et c’est ce qui nous a permis de rencontrer Pénélope Langlais-Oligny, ou encore Véronique Bachand et Faye Mullen, que je ne connaissais pas beaucoup personnellement.»

«On avait aussi approché plus spécifiquement des gens comme Stéphane Martelly, Pierre-Luc Landry et Florian Grandena, car on savait qu’iels travaillaient déjà en recherche-création à partir d’une perspective minoritaire.»

«Plus tard, pour le projet de livre, on a pensé à Mariève Maréchale, Jennifer Bélanger et Mélikah Abdelmoumen, car on voulait les entendre sur ces questions, on pressentait un intérêt de leur part. La filiation s’est fait sentir à partir de ce moment-là.» 

Les textes qui composent Savoir les marges: Écritures politiques en recherche-création mettent en lumière des enjeux comme «la culture du viol, la santé mentale, les douleurs chroniques, les enjeux de classe, de racialisation, de sexualité et de blanchité» propres aux personnes ou communautés marginalisées. Pour aborder ces sujets, les participant.e.s ont eu recours à une pluralité de formes littéraires (ex: écriture de soi, poésie, manifeste, etc.) En quoi pensez-vous que la richesse et la diversité de création apportent une plus-value et illustrent bien le propos de votre livre?

M.C. «Toute cette diversité de création, justement, tous ces textes réunis ensemble: pour moi, c’est ça la recherche-création. Ce sont ces paroles-là, ainsi configurées, qui se confrontent, qui se rejoignent, et c’est ce qui fait en sorte que c’est pertinent. Il y a définitivement une parole en action, chez les auteur.e.s de l’ouvrage, des réflexions mouvantes, qui, tissées entre elles, donnent un réel pouvoir politique au livre.»

N. «Nous voulions aussi traiter de différents enjeux croisés, et habités à même l’écriture. Ça a beaucoup influencé nos choix de participant.e.s: tous.tes, à notre avis, ont des pratiques réflexive et d’écriture incarnées, issues d’expériences vécues avec lesquelles iels articulent une pensée traversée d’une diversité d’enjeux. C’est ce qui rend l’approche d’écriture en recherche-création résolument politique, puisque les vies, comme les enjeux, sont pluriels.» 

Quels sont les autres projets littéraires qui vous occupent ces temps-ci? On aimerait savoir ce que vous mijotez, que ce soit sur le plan de la création ou de l’édition!  

M.C. «Je suis en train de terminer une thèse sur la dramaturgie des femmes au Québec et je continue de codiriger La Nef, la collection théâtre au Remue-ménage. Avec mes collègues et amies Marie-Claude St-Laurent et Marie-Ève Milot, on travaille à la publication d’autres pièces… Les femmes et les féministes écrivent un théâtre de grande qualité et on est heureuses de contribuer à leur rayonnement.»

N. «Les deux dernières années ont été très occupées en écriture et en publications. Cette année sera plus calme: je consacre les prochains mois à la rédaction de ma thèse et à la direction des éditions Triptyque. J’ai un ou deux autres projets en tête, rien que des idées.»

«J’ai en contrepartie beaucoup de projets d’accompagnement littéraire sur le feu, avec des auteur.e.s varié.e.s, ce qui est toujours absolument fascinant! Aussi, juste pour le suspense: Marie-Claude et moi n’avons pas dit notre dernier mot!»

Pour lire nos précédents articles «L’entrevue éclair avec» et faire le plein de découvertes, consultez le labibleurbaine.com/nos-series/lentrevue-eclair-avec.

*Cet article a été produit en collaboration avec les Éditions du remue-ménage.

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