LittératureL'entrevue éclair avec
Crédit photo : Julie Artacho
Valérie, quel plaisir de faire ta connaissance! Peux-tu nous dire d’où t’est venue la piqûre pour l’écriture?
«Merci! Plaisir partagé!»
«Avant d’aimer écrire, j’ai aimé me faire lire des histoires et, dès que j’ai su lire, j’étais une grande lectrice. J’ai toujours aimé les mots et les univers qu’ils créent.»
«J’ai trouvé récemment un devoir de 2e année où on écrivait ce qu’on voulait faire plus tard. J’avais écrit “Auteure”. Je me souviens que ma prof de l’époque nous avait lu Un monstre dans les céréales, un roman jeunesse de La courte échelle que j’avais trouvé fort amusant. Cette année-là, j’avais écrit une histoire d’Halloween que mon enseignante avait trouvé bien bonne et que j’étais allée lire aux classes de première année. J’imagine que tout ça a allumé une petite flamme.»
«J’étais surprise, car je pensais que j’avais toujours voulu être vétérinaire et que j’avais donc un peu raté à ce niveau-là…»
«Dans tous les cours du secondaire, j’écrivais des lettres ou des histoires avec mes amis. J’avais toujours un petit “à côté” d’écriture pour me désennuyer. Comme d’autres griffonnent des dessins en marge de leurs cahiers, moi, je griffonnais des histoires.»
«Les années ont passé, j’ai fait plein d’autres choses, mais finalement, la vie me ramène à mon devoir de deuxième année et mes rêves de petite fille. Je ne suis définitivement pas vétérinaire et c’est bien correct. C’est mieux pour tous les animaux.»
On sait par ailleurs que tu es diplômée de l’UQAM en communications et de l’École nationale de l’humour, et on a pu te voir à la télé au sein du groupe d’animatrices-humoristes Les Moquettes Coquettes… avant que tu te diriges vers l’écriture télévisuelle. C’est un sacré parcours, en somme! Selon toi, qu’est-ce qui explique tes intérêts aussi éclectiques, et comment trouves-tu l’énergie nécessaire pour faire autant d’activités?
«Ahah! Je frôle l’épuisement plusieurs fois par année. J’ai toujours pensé que je manquais d’énergie… mais en fait, en lisant la question, je réalise que c’est peut-être parce que je brûle toujours la chandelle par les deux bouts.»
«Il y a des années où je cumulais un travail à temps plein comme recherchiste (projet stimulant, gang, super!), deux contrats d’écriture (parce que j’adore ça!), une assistance à la mise en scène (c’est tellement excitant de monter un show!), plus des cours de danse et de piano (faut bien des loisirs!) Je suis incapable de dire non à un projet qui m’interpelle. Je travaille là-dessus.»
«Dans mon parcours professionnel, tout est lié, en fait. Ça part d’un désir de communiquer. Et mes véhicules pour communiquer, c’est l’écriture et l’humour.»
«Dans les dernières années, avec la famille et le confinement, j’ai délaissé le monde du spectacle et mon métier de recherchiste pour me concentrer sur l’écriture télé et sur ce projet de livre. L’écriture prend de plus en plus de place dans ma vie.»
Le 22 septembre, ton livre Une année en congé: le congé de maternité en 100 anecdotes réconfortantes est paru aux Éditions Hurtubise. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’aborder ce sujet, et comment as-tu fait pour récolter une centaine d’anecdotes (!) concernant cette période tellement bouleversante de la vie d’une femme?
«J’émergeais essoufflée de mon premier congé lorsque Jacinthe Boivin-Moffet, éditrice chez Hurtubise, m’a contactée. C’est elle qui a eu l’idée du projet de créer un livre réconfortant pour les nouvelles mamans, quelque chose qui lui avait manqué lors de son congé à elle.»
«Je me suis sentie interpellée tout de suite, ayant passé une année en montagnes russes. Je sortais de la noirceur, j’avais l’impression de réapparaître et de prendre ma première bouffée d’air depuis un an. J’avais envie de mettre sur papier cette année à la fois belle et difficile. De donner, de mon mini recul, un peu de lumière à celles qui étaient en plein congé.»
«On a rencontré une douzaine de filles pour débusquer les meilleures anecdotes. Une anecdote en entraînant une autre, on s’est retrouvées avec beaucoup de matériel… On avait aussi, en bagage, tout notre vécu et celui des mamans qui nous entourent.»
«On a constaté que, 1) On avait toutes passé un peu le même genre d’année, et 2) On avait beaucoup d’anecdotes de caca. C’est marquant, que veux-tu!»
«On trouve le réconfort dans les anecdotes tendres, mais aussi en partageant les pires moments. On a toutes des journées où on tient bébé pendant douze heures sans arriver à le déposer. On se dit qu’on va l’avoir dans les bras jusqu’à la puberté. Mais non: le lendemain, bébé dort 5 heures seul et on se dit “Shit, il est trop somnolent”. On google comme des niaiseux. C’est le fun de savoir qu’on n’est pas les seules à vivre tout ça.»
Au fil des pages et des histoires que tu relates, le lecteur découvre également des illustrations réalisées par l’artiste Bach. Dans quel contexte avez-vous été amenées à collaborer ensemble, elle et toi? On aimerait aussi savoir comment sa signature artistique a fait vibrer ta corde sensible!
«Oui!! Qu’elles sont merveilleuses, ces illustrations! C’est encore une fois mon éditrice Jacinthe qui l’avait dans le viseur. Elle est géniale, Jacinthe!»
«Bach a un style alliant tendresse, autodérision, humour. Ses illustrations donnent une profondeur au livre, le teintent de bienveillance et de douceur. Je suis plus que reconnaissante qu’elle ait accepté de collaborer avec moi et de partager également ses anecdotes!»
Et alors, toi qui viens tout juste d’accoucher de ton deuxième enfant (ou qui dois être sur le point de devenir une seconde fois maman!), comment appréhendes-tu cette «fameuse épopée» qui s’en vient, maintenant que tu as un certain recul quant à la question?
«J’ai accouché le 12 août, donc je suis en plein dedans! J’étais prête au raz de marée et au tourbillon d’émotions et, étrangement, mon défi est plutôt du côté de mon plus vieux, qui est devenu un ado de trois ans. Mon bébé me stresse beaucoup moins! Je suis toujours inquiète, je google toujours autant des symptômes et maladies imaginaires, mais je suis capable de me raisonner et de rester plus calme cette fois-ci.»
«On dirait que je “sais” maintenant que ça passe vite. Pour vrai. Je culpabilise moins à le faire dormir sur moi pendant une heure en écoutant des films insipides.»
«Cependant, mon cerveau fatigué et en manque de sommeil me joue toujours des tours. La semaine passée, je suis allée chercher ma commande à la pizzeria, je trouvais que le gars à la caisse souriait beaucoup derrière son masque. En sortant, j’ai réalisé que je n’avais pas fermé ma chemise ni ma brassière d’allaitement… Bref, j’avais les seins à l’air.»
«Et je commence mon congé… Je pourrais écrire un tome deux.»