LittératureL'entrevue éclair avec
Crédit photo : Julie Artacho
Julie, tu es actuellement professeure à la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke! Parle-nous brièvement de ton parcours, de ce qui te plaît dans ton métier, et de ce qui illumine ton quotidien jour après jour – sans oublier ta passion pour l’écriture!
«Je suis enseignante de français au secondaire de formation. J’ai toujours eu beaucoup d’intérêt à enseigner à des élèves plus en difficulté. J’ai fait ma maitrise et mon doctorat à l’Université de Sherbrooke où je suis prof depuis 17 ans déjà. Mes travaux de recherche portent sur l’importance de la lecture chez les tout-petits et les interactions autour des livres. Dans mes travaux de recherche, il m’arrive souvent de raconter des histoires aux enfants, et ce sont des moments que je trouve extraordinaires.»
«Dans l’enseignement, ce que j’aime, c’est enseigner à mes étudiantes et étudiants comment développer la lecture et l’écriture chez les enfants et les adolescents, les faire réfléchir également sur leur propre rapport à la lecture et à l’écriture. Si j’aime autant écrire, c’est parce que j’aime raconter des histoires, c’est ça qui me passionne. Raconter des histoires.»
Ton nom nous était familier, car en 2018, tu as fait paraître Des réguines et des hommes, un roman en pièces détachées qui, pour te citer, est « à l’image de ce qui traîne dans la remise d’un gars ». C’est une histoire colorée et ludique, inspirée par ta vie de couple, puisqu’il faut le dire, tu es la conjointe d’un producteur maraîcher! Dis-nous, est-ce qu’il y a une bonne part d’autobiographie à travers ce livre, et qu’est-ce qui t’a poussé à parler de cette tranche de vie?
«Dans Des réguines et des hommes, il y a une bonne part d’autobiographie, mais mon chum dirait: «Il ne faut pas croire tout ce qu’on lit». Quand on a démarré la ferme maraîchère, on a vécu beaucoup de péripéties. Je me suis donc largement et librement inspirée de ces quelques années rocambolesques pour aborder la vie de couple. Mon chum faisait aussi de très longues heures et j’ai choisi de m’occuper à écrire des histoires en le regardant courir par la fenêtre de mon bureau!»
«Pour moi, enfin, c’était important d’aborder la vie de couple avec humour, sans remise en question, sans difficulté particulière à surmonter, juste dans ce que c’est que d’être un homme et une femme, avec chacun nos différences. Le thème de la ruralité est aussi très important, pour moi, peut-être parce que j’ai moins lu cet univers dans les dernières années. Et parce que je crois que la ruralité colore le Québec.»
Plus récemment, les Éditions Hurtubise levaient le voile sur ton plus récent livre, Des bières et des femmes, où l’on retrouve (avec bonheur) les personnages de Chérie et Chum, qu’on avait découvert précédemment. Bon, cette fois, ceux qui prennent plus de place, ce sont Maude, son chum et un ami, qui sont tous trois brasseurs. Ensemble, ils décident de se lancer en affaires avec les deux tourtereaux. Raconte-nous un peu où s’en va cette nouvelle histoire et ce qui attend nos lecteurs au détour des pages!
«Après quelques années passées à la ferme, il nous fallait probablement (rires) un nouveau projet… On s’est donc lancé dans un resto d’été, le Cuisinier déchaîné, avec nos amis de la microbrasserie les 11 comtés. Depuis une dizaine d’années, plusieurs microbrasseries se sont installées en région et sont devenues des endroits de rassemblement incontournables dans lesquels on retrouve une grande mixité.»
«Cette nouvelle histoire est donc aussi inspirée de mon quotidien durant l’été et de ce lieu qu’on a construit, et encore une fois de péripéties entourant la ruralité et la restauration! On retrouve donc des personnages de la ruralité qui sont souvent à la micro, des clients, du staff et toutes les interactions entre ce beau monde. Du monde que j’aime et à qui j’ai voulu rendre hommage en quelque sorte. Chaque personnage de ce nouveau roman est le résultat d’une combinaison de plusieurs personnes que je connais de mon enfance rurale ou de ma nouvelle vie de restauratrice.»
À travers ce plus récent livre donc, qu’on décrit comme un roman à sketchs, tu nous entraînes dans ton coin de pays, les Cantons-de-l’Est, plus exactement dans le milieu de la restauration, et tu nous promets qu’on aura qu’une seule envie: boire des bières jusqu’à plus soif, tout en profitant du plein air de la campagne! Peut-on savoir pourquoi tu as opté pour la forme «à sketchs» plutôt qu’une forme classique de roman à fiction? Parle-nous du plaisir de lecture que tu nous réserves!
«C’est le deuxième roman que je publie et pour lequel je choisis la formule à sketchs. Ça s’est imposé à moi. Peut-être parce que, comme lectrice, j’aime pouvoir commencer un livre sans le terminer, parce que quand je lis le soir, je suis souvent fatiguée, alors ça permet de lire chaque sketch comme une histoire en elle-même.»
«On a eu à gérer énormément de réservations depuis trois ans. On ne s’attendait pas à ça au début! Et, en restauration, chaque réservation, chaque nouvelle table pourrait être un sketch en soi, des fois. C’est donc ça aussi qu’on va retrouver dans Des bières et des femmes: toutes sortes d’anecdotes vécues (ou pas) depuis trois ans, chez nous ou dans d’autres restaurants. Je me suis même parfois basée sur mes propres petites demandes que j’ai lorsque je vais au resto pour certaines histoires!»
Avec l’été qui est (pas mal) à nos portes, tu vas sûrement en profiter pour prendre du soleil (enfin) et t’occuper l’esprit! Quels sont tes envies du moment, tes projets, tes passe-temps, bref, on a envie de savoir ce que te réserve 2021!
«L’été, pour nous, c’est une très grosse période! Alors que je poursuis mes travaux à l’université, je gère aussi le resto d’été les fins de semaine, et je donne un coup de main à la ferme quand c’est nécessaire. Mais ce sont quand même de bonnes façons de se ressourcer. Ça me sort de ma tête.»
«J’ai toujours plein de projets: avant la pandémie, j’ai débuté l’adaptation du roman Des réguines et des hommes pour en faire un projet de télésérie web. J’ai envie de reprendre ce projet. J’ai aussi un troisième roman en tête et un projet de livre de recettes à partir des légumes «mal-aimés» qu’on retrouve dans les paniers bios et dans lequel on retrouverait Chum et Chérie qui ont des discussions de cuisine!»