«L’entrevue éclair avec…» André Morency et Louis Jolicoeur – Bible urbaine

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«L’entrevue éclair avec…» André Morency et Louis Jolicoeur

«L’entrevue éclair avec…» André Morency et Louis Jolicoeur

Pour une plongée dans l'effervescence du Grand Théâtre de Québec!

Publié le 14 juin 2022 par Mathilde Recly

Crédit photo : André Morency (à gauche): Edgar Fritz. Louis Jolicoeur (à droite): Béatrice Jolicoeur.

Dans le cadre de «L’entrevue éclair avec…», Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur sa personne, sur son parcours professionnel, ses inspirations, et bien sûr l’œuvre qu’il révèle au grand public. Aujourd'hui, on a jasé avec André Morency, auteur qui œuvre principalement en arts de la scène et en cinéma, et Louis Jolicoeur, écrivain, traducteur et professeur de traduction à l’Université Laval. Découvrez-en plus sur leur parcours et leur livre «Le Grand Théâtre de Québec: L’histoire vivante d’une scène d’exception» paru le 14 juin aux éditions du Septentrion!

Messieurs, c’est un réel plaisir d’échanger avec vous! Même si vos parcours professionnels divergent – André, vous œuvrez principalement en arts de la scène et en cinéma, et vous avez travaillé avec le Théâtre La Bordée, Ex Machina et le Grand Théâtre de Québec notamment, alors que vous, Louis, vous êtes auteur, traducteur et professeur de traduction à l’Université Laval –, on note qu’il y a bien une passion qui vous unit, et c’est l’écriture! Comment avez-vous croisé la route de l’autre, et qu’est-ce qui vous a donné l’envie de collaborer?

A.M.: «Nos chemins se sont croisés un jour de septembre 1970: alors que je marchais vers un arrêt de bus, j’y ai remarqué un gars de mon âge qui avait en main le triple album Woodstock. J’avais assisté, quelques jours plus tôt au Cinéma Cartier, à deux projections successives du film Woodstock et j’en étais ressorti avec le sentiment exaltant d’avoir trouvé une famille qui me ressemblait et qui m’inspirait. Alors, en voyant ce gars de mon âge avec l’album sous le bras, j’ai immédiatement voulu faire sa connaissance!»

L.J.: «Oui, c’est une belle et longue amitié! Longtemps, on a voulu faire quelque chose ensemble. On a lancé plusieurs pistes au fil des ans, on s’est épaulés l’un et l’autre dans des projets que nous entreprenions à l’occasion chacun de notre côté, mais il aura fallu cette formidable ouverture pour enfin mener à terme un projet commun. Et on en est vraiment ravis.»

Le 14 juin, les éditions du Septentrion ont levé le voile sur l’ouvrage Le Grand Théâtre de Québec: L’histoire vivante d’une scène d’exception, que vous avez codirigé, et où vous revisitez, à l’occasion de son 50e anniversaire, «l’histoire et les événements marquants qui ont façonné sa renommée internationale». On est curieux : qu’est-ce qui vous a motivés à présenter ce livre au grand public?

A.M.: «Lorsqu’on m’a invité à collaborer avec le Grand Théâtre pour une première fois en 1990, dans le contexte de son 20e anniversaire, mes recherches dans les archives de l’institution et dans celles des journaux de la capitale m’ont jeté à terre! Jusque-là, j’ignorais à quel point la culture à Québec était dans une situation précaire avant les années 1970, en raison du peu de place offerte aux créateurs d’ici, aux œuvres issues de la culture québécoise et aux jeunes artistes de toutes provenances.»

«L’ouverture du Grand Théâtre a changé tout ça: à partir de 1971, les citoyens de la capitale ont été exposés de façon croissante à la création québécoise et à ce qui se développait de nouveau dans d’autres capitales mondiales. De nombreux jeunes artistes de Québec y ont trouvé du travail, et l’exode des créateurs locaux a ralenti.»

«Des petites compagnies de théâtre, de danse et de musique se sont formées autour de ces artistes et des finissants des conservatoires de musique et de théâtre. De nouveaux lieux de diffusion tels que La Bordée et le Périscope ont vu le jour et, bientôt, des festivals ont fait converger à Québec l’excellence mondiale des arts de la scène, tandis que nos créateurs, maintenant reconnus chez eux, pouvaient se lancer eux aussi à la conquête des scènes mondiales.»

«Toutes ces choses étaient impensables avant 1971, et ça ne s’est jamais démenti. En ce sens, l’histoire du Grand Théâtre m’apparaît comme une fenêtre ouverte sur l’histoire culturelle du Québec: une histoire de victoires discrètes et déterminantes sur la marginalisation qui, voilà seulement 50 ans, affectait notre culture. Certains peuples ont bâti leur histoire sur des succès militaires; l’histoire du Québec, elle, recèle de nombreuses victoires culturelles et artistiques.»

L.J.: «Quant à moi, c’est venu plus tard à la faveur d’un apéro avec André, de ceux qu’on s’offre quelques fois par année et au cours desquels le temps nous manque toujours pour faire le tour de nos vies. Or, une fois, nous n’avons même pas eu le temps de faire un demi-tour qu’André m’a proposé cette belle idée de concevoir un livre pour célébrer les 50 ans du Grand Théâtre.»

«Je venais alors d’être nommé vice-doyen à la recherche, à la création et aux études supérieures à la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Laval, et je venais tout à coup de trouver un sens au volet “création” de ce titre un peu pompeux: j’allais inviter des collègues de ma faculté à participer à l’aventure!»

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Et plus précisément, pouvez-vous nous offrir un bref tour d’horizon des thèmes qui y sont abordés?

L.J.: «Nous avons essayé de toucher à tout ce qui est passé par le Grand Théâtre au fil des 50 dernières années, ce qui n’est pas une mince affaire! Nous passons en revue le contexte politique qui prévalait au moment de la construction du Grand Théâtre de Québec, puis les enjeux entourant son architecture – dont, bien sûr, la célèbre murale de Jordi Bonet –, ainsi que tout ce qui a entouré la non moins célèbre phrase de Claude Péloquin qui l’orne.»

«Nous observons ensuite l’extraordinaire effervescence théâtrale qui fait battre le Grand Théâtre depuis sa création et qui ne risque pas de se tarir. Puis, c’est au tour de la musique classique, de la musique populaire, de l’humour et de la danse d’être abordés.»

«Aussi, il nous fallait bien parler de cet écrin de verre qui vient de lui être ajouté, majestueux et inédit, et qui fait des jaloux partout dans le monde!»

«Et, enfin, c’est le tout nouveau créneau du Grand Théâtre qui fait l’objet de notre dernier chapitre: les arts numériques, qui viennent tout juste de s’installer en grand dans le STUDIOTELUS.»

À travers cet ouvrage de près de 400 pages que l’on dit fort d’«une iconographie riche et variée», les lecteurs pourront également savourer de nombreux témoignages d’artistes dont la réputation n’est plus à faire tels que Robert Lepage, Anick Bissonnette ou encore Louise Lecavalier. Comment en êtes-vous venus à donner la parole à ces artistes, et en quoi sont-ils pour vous de bons porte-paroles?

A.M.: «Au cœur de la mission du Grand Théâtre, on retrouve la démocratisation de la culture. En plus d’accueillir les étudiants du Conservatoire de musique, le Grand Théâtre est un lieu où plusieurs artistes ont obtenu la reconnaissance de leurs pairs et des citoyens.»

«Avec ce livre, nous voulions montrer que des artistes qui jouissent aujourd’hui d’une notoriété importante ont d’abord été des passionnés anonymes animés par des rêves. Dans la poursuite de ces rêves, ils leur ont donné forme et ils nous ont fait rêver à notre tour, de Robert Lepage à Elisapie, de Kiya Tabassian à Lou-Adriane Cassidy

Comme vous êtes de fins connaisseurs de l’histoire de ce majestueux théâtre, pouvez-vous nous partager vos souvenirs les plus marquants qui y sont rattachés?

A.M.: «Il y en aurait tant à évoquer… La visite du groupe montréalais yoo doo right au STUDIOTELUS en juin 2021 constitue l’un de mes souvenirs les plus intenses et les plus précieux des dernières années, toutes salles confondues. Il y a aussi eu les groupes Fuudge, Misc et bien d’autres, qui nous montrent de quoi demain sera fait. Et ça promet!»

«Il n’y a qu’au Grand Théâtre qu’on peut aussi bien entendre ces formations et des légendes comme Godspeed You! Black Emperor, que des opéras destinés au Metropolitan Opera (Met) et des concerts populaires réunissant l’OSQ et des artistes de la trempe de Louis-Jean Cormier, Klô Pelgag et le regretté Michel Louvain. De tout, pour tous!»

L.J.: «Je vous parlerais du spectacle de Genesis en 1973 qui m’a fait entrer dans le monde adulte de bien belle façon, mais cela fait déjà l’objet d’un témoignage de Robert Lepage – les envolées de Peter Gabriel l’ont marqué au moins autant que moi, visiblement. Mais pour en savoir davantage, je vous invite à aller lire sa magnifique préface.»

Pour lire nos précédents articles «L’entrevue éclair avec» et faire le plein de découvertes, consultez le labibleurbaine.com/nos-series/lentrevue-eclair-avec.

*Cet article a été produit en collaboration avec les éditions du Septentrion.

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