LittératureRomans québécois
Crédit photo : Les Éditions Triptyque
Passage à l’an 2000. Deux meurtres plus que déroutants laisseront une trace indélibile dans la vie du psychiatre Brian Davis Sauvé. Non seulement ces évènements montrent clairement une volonté de martyriser les femmes, mais le deuxième se rapproche dangereusement de la vie personnelle de Sauvé, brisant ainsi toute sa confiance en l’être humain. Alors que son travail l’a amené à croire à la grande puissance de l’homme, Sauvé ne pourra supporter de voir ses illusions détruites. Il mettra son quotidien sur pause pour faire le point, mais surtout pour trouver une nouvelle vision de la vie et, il l’espère, comprendre cette cruauté.
L’intérêt de ce récit se situe principalement au niveau de la plume de Thérèse Lamartine. Soulignons d’abord le vocabulaire attirant. Plusieurs phrases, sans aucune construction complexe, donnent l’impression que chaque mot est choisi avec soin: «Comme au cinéma, les portes du pénitencier à sécurité maximale se refermaient sur lui, les unes après les autres, sur un bruit sec de collision métallique. L’odeur carcérale trompait ses craintes; elle ne dégageait aucun effluve de pourriture ou de putrescence, mais plutôt une vague émanation de désinfectant. La nausée au bord des lèvres, son estomac transportait de lourdes pierres et ses jambes flageolaient.»
Le choix des mots semblent particulièrement cohérent avec le personnage, à première vue, si cartésien de Brian Davis Sauvé. Comme dans l’exemple ci-dessus, la métaphore est régulièrement utilisée pour ramener le lecteur sur un terrain connu. Le personnage étant très terre-à-terre, il était nécessaire de situer ses pensées dans une réalité quotidienne.
Quant à la difficulté des propos, l’auteure se permet une complexité dans la construction du récit. En fait, le lecteur pourra choisir son niveau de lecture. Il est possible de le lire au niveau du personnage et de la douleur du personnage, mais ce texte propose beaucoup plus. C’est une dure observation de plusieurs problématiques, notamment la violence faite aux femmes et la complexité des relations humaines, que ce soit dans les relations amoureuses ou dans les relations professionnelles. La confiance en l’être humain demeure au coeur de ces reflexions parce que toutes relations reposent sur la confiance. Et si elle a disparu, à quoi peut-on se raccrocher?
Le silence des femmes trouvera assurément son public puisqu’il peut être abordé sous différents angles: la souffrance des femmes, les relations amoureuses, le questionnement de soi. Toutefois, le rythme du roman, qui s’apparente à un récit initiatique, n’est pas fait pour tous. Certains trouveront que les péripéties sont emmenées lentement, tandis que d’autres prendront plutôt le temps de réfléchir à la signification de chaque évènement rencontré par Brian Davis Sauvé.
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de la rédaction