«L'Affaire Céline» de Jean Louis Fleury – Bible urbaine

LittératurePolars et romans policiers

«L’Affaire Céline» de Jean Louis Fleury

«L’Affaire Céline» de Jean Louis Fleury

Une nouvelle enquête d'Aglae Boisjoli

Publié le 11 octobre 2015 par Simon Lafrance

Crédit photo : Éditions Alire

Fort de quatre publications en quatre ans seulement, l'intarissable Jean Louis Fleury enchaîne avec ce cinquième roman policier pour mieux nous replonger dans l'univers de son enquêteuse à toute épreuve, la docteure en psychologie et capitaine aux Projets spéciaux de la Sûreté du Québec Aglae Boisjoli. Cette fois, cependant, la capitaine Boisjoli nous invite à suivre son enquête d'encore plus près tandis qu'elle présente aux lecteurs son dernier rapport de police.

En fait, ce n’est pas directement aux lecteurs que le personnage confie son rapport, mais plutôt à Gaston Plamondon, l’inspecteur chargé de comprendre pourquoi notre bonne détective a donné sa démission suite à sa dernière enquête.

Dans les chaussures de Plamondon, nous tournons alors les premières pages non pas d’un roman policier, mais de divers documents: témoignages, transcriptions d’enregistrements audio, etc. Ces documents relatent les avancées et découvertes de Boisjoli, elle qu’on a assigné à la mort suspecte du professeur à la Sorbonne René Kahn, de passage au Québec pour retracer les pas du défunt auteur français Louis-Ferdinand Céline.

Effectivement, le voyage de Kahn ne se déroule pas comme prévu et voilà qu’on le retrouve calciné au fond d’une voiture dans le même état, perdue au milieu d’un boisé de Crique-à-la-Roche, en Outaouais. Déjà, on s’interroge sur les motifs réels derrière la visite du professeur. À moins qu’il n’ait découvert dans ses recherches quelque secret mortel? Qui est ce vieil homme qu’a attrapé l’objectif d’une caméra postée non loin?

Ce sont là les premières questions auxquelles Capitaine Boisjoli devra trouver réponse, ce qui ne peut s’avérer chose facile lorsqu’on est laissée à soi-même par ses supérieurs et jetée comme encas dans la fosse médiatique…

«Rien n’est gratuit dans ce bas monde. Tout s’expie, le bien comme le mal se paie tôt ou tard. Le bien, c’est plus cher, forcément.» – Louis-Ferdinand Céline, Semmelweis

D’abord crédité d’essais d’historiques au sujet de (et commandé par) Hydro-Québec au tournant des années 2000, ce n’est qu’en 2010 que l’auteur franco-québécois Jean Louis Fleury s’est lancé dans la rédaction du premier tome de sa trilogie en devenir, Les marionnettistes 1 – Bois de justice. C’est dans cette trilogie que Fleury a initialement développé son enquêteuse Aglae Boisjoli, elle qui lui a servi de protagoniste tout au long de ces trois romans policiers.

De là survient une première confusion, puisqu’aucune mention ne prévient le nouveau lecteur que L’Affaire Céline s’avère une suite spirituelle aux quatre derniers romans (Retraite à Bedford, publié aux Éditions Guy Saint-Jean en 2012, suivait également les aventures d’Aglae Boisjoli).

Un lecteur qui n’aurait pas lu les précédents livres de Fleury devra enchaîner plusieurs dizaines de pages avant que l’auteur ne dresse un certain portrait de son protagoniste. On tourne les pages, avide de s’attacher à Boisjoli, mais sa personnalité, ses aspirations et ses peurs entrent au compte-goutte. Malgré toute l’originalité d’une telle formule, ce ne sont certainement pas les pages d’un rapport de police qui peuvent aider à s’attacher à cette femme sans visage.

Sans investissement émotif, il devient plus difficile de se laisser prendre dans la toile d’un suspense et, pour toutes ces raisons, il se pourrait que les amateurs de sensations fortes éprouvent des ennuis à dévorer cette lecture d’un trait.

Point positif à ce roman-rapport: son univers empreint de réalisme plonge le lecteur dans un monde qu’il reconnaît. La société québécoise y est décrite avec justesse, tant pour ses régions dépaysantes que leurs habitants tout aussi singuliers. Originaire de France mais vivant au Québec depuis 45 ans, Fleury démontre aussi une belle maitrise de notre langue et de nos petits complexes. L’hommage à sa culture d’accueil est réussi.

Alors, à qui conseiller ce livre? Aux amateurs de la série, bien sûr, mais aussi à tout amoureux de casse-têtes pour qui meurtres et mystères suffisent à les stimuler. Quant à ceux qui auraient besoin de plus de profondeur et d’émotions pour s’investir dans une histoire, ils devraient peut-être commencer avec la trilogie Les marionnettistes où Jean Louis Fleury, espérons-le, donne un peu plus d’amour et de chair à ses personnages pourtant bien vivants.

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de la rédaction

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