LittératurePolars et romans policiers
Crédit photo : Actes Noirs
Yuhara et Yamashita, deux ingénieurs du complexe de l’usine de Komaki, de la société Nishiki Heavy Industries, se rendent, lors d’un week-end à leur travail, avec femmes et enfants pour assister à la livraison de l’hélicoptère CH-5XJ qui doit être livré à leur commanditaire, l’Agence de défense du Japon. Or, lors d’un moment de distraction, Keita et Takahiko, les deux jeunes garçons de 9 ans des ingénieurs, partent explorer l’hangar #3, celui où est entreposé le gigantesque hélicoptère. Mis au défi, Keita entre dans l’habitacle et très rapidement son destin est scellé: la coque de verre se referme et l’appareil se met en marche sous les yeux horrifiés de son jeune compagnon, impuissant devant la tournure des évènements. L’hélicoptère, télécommandé à distance par un terroriste, prend son envol dans le ciel japonais pour aller se positionner à mille mètres d’altitude, juste au-dessus de la centrale nucléaire de Shinyo.
Yuhara et Yamashita, pris de panique, ne comprennent rien à la situation jusqu’à ce qu’un message signé «L’Abeille du ciel» leur soit délivré. La menace ne peut être plus claire: si les réacteurs de toutes les centrales nucléaires du Japon ne sont pas arrêtés dans les prochaines heures, l’hélicoptère CH-5XJ s’écrasera et une terrible explosion s’ensuivra. Le gouvernement japonais doit agir vite s’il veut sauver la vie du pauvre Keita, lequel est toujours pris à l’intérieur de l’engin.
Avec le terrorisme et les centrales nucléaires japonaises, Keigo Higashino s’attaque à un sujet de taille avec l’ambition de donner une véritable frousse à son lecteur. Si la documentation technique qu’il offre au fil des pages est vaste et précise, il est évident que le suspense livré avec l’histoire principale y a goûté quelque peu. Tellement dense, l’information ralentit constamment le rythme du récit, déjà que La prophétie de l’abeille alterne plusieurs histoires en parallèle. Il est donc parfois difficile de s’y retrouver à travers ces 439 pages, surtout lorsque le lecteur doit obligatoirement assister aux discours scientifiques échangés entre les ingénieurs, ou les rapports ardus entre les principaux pions du gouvernement. Cette même constatation a été remarquée avec Inferno, le plus récent roman de Dan Brown, qui multipliait lui aussi l’information-fleuve plutôt que de s’attarder à l’histoire principale.
Malgré les quelques longueurs, et le fait indéniable qu’une cinquantaine de pages auraient pu être écartées du roman, Keigo Higashino nous livre un récit lourd mais ambitieux qui se situe bien loin derrière Le dévouement du suspect X et Un café maison deux romans en huis clos à travers lesquels on pouvait s’amuser à retracer le mobile du crime, puisque les suspects, contrairement aux romans policiers conventionnels, étaient d’ores et déjà révélés au lecteur. Avec La prophétie de l’abeille, on peine à retrouver ce même plaisir de lecture, même si, au final, il demeure un bon passe-temps. Long et étoffé, mais un plaisir tout de même.
«La prophétie de l’abeille» de Keigo Higashino, Actes Sud, collection Actes Noirs, 439 pages, 39,50 $.
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de la rédaction