La bande dessinée «La cité des ponts obsolètes» de Frederico Pazos

Évidemment, le protagoniste tentera tant bien que mal de retrouver son chemin vers son travail et croisera une ribambelle de personnages excentriques (un homme orchestre, une marionnette qui parle, un fantôme, un vieil avare qui garde jalousement un énorme tas de bois littéralement gagné à la sueur de son front, etc.), lesquels finissent tous par lui parler de la cité des ponts obsolètes. L’histoire rappelle celles d’Alice, du Magicien d’Oz et du Petit prince, trois œuvres qui ont dû exercer une forte influence sur l’imagination de l’auteur, puisque La cité des ponts obsolètes se veut un voyage initiatique truffé de personnages symboliques. Malheureusement, les symboles sont un peu trop nombreux et semblent parfois gratuits. Beaucoup de pistes sont entamées et abandonnées quelques pages plus loin, comme ce sympathique vieil homme qui ne peut s’empêcher de parler à cause d’une maladie nerveuse. On aurait voulu en savoir davantage.

De plus, le monde de Carroll colle un peu trop à la peau de cette aventure. Le protagoniste finira par arriver à la fameuse cité, où le roi le menacera de lui couper la tête! Rajoutez à cela une fin en queue de poisson, et on se retrouve avec un récit plein de promesses mais qui se révèle, au final, fort décevant. C’est dommage, car le graphisme de Pazos est très réussi. Par un dessin monochrome (une couleur différente pour chaque chapitre) et d’un trait classique mais efficace, il met en scène des personnages visuellement riches. Le design de certains décors, comme la cité, est assez bien pensé. Bref, tout n’est pas à jeter dans ce conte plein de potentiel, mais il demeure pas toujours à la hauteur des attentes. Il vaut peut-être la peine de surveiller ce nouvel auteur argentin, en espérant que la prochaine fois sera la bonne.