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Crédit photo : Tous droits réservés @ Éditions Québec Amérique
L’appel spirituel de Fanie Demeule
Comme je l’ai mentionné ci-haut, je connaissais l’existence de Fanie Demeule que par ses escapades en catimini, avant de commencer à voir son nom apparaître autour de moi au fil des mois qui ont suivi.
D’abord, par la critique de notre collaboratrice Jessica Samario sur le recueil Stalkeuses: 16 nouvelles indiscrètes, qu’elle a co-dirigé, puis, par mon entourage, et à nouveau lors d’une conférence qu’elle présentait au Salon du livre de Montréal.
Au fond de moi, je savais que son univers ne devait pas orbiter si loin du mien et que je devrais, tôt ou tard, aller à la rencontre de ses œuvres.
Sans trop en connaître davantage sur son écriture, j’ai donc plongé tête première dans la lecture de Highlands, son troisième roman paru en septembre dernier aux Éditions Québec Amérique.
En plus d’infiltrer sournoisement mon esprit pour m’amener à lire son plus récent roman, Fanie Demeule a fait bon usage de sa magie et de sa plume pour me faire voyager dans un univers écossais où les paysages et les frontières entre le réel et le spirituel se brouillent continuellement pour me faire croire au surnaturel.
Une douce épouvante
Sans jamais (encore!) avoir mis les pieds en Écosse, j’ai eu l’impression, pendant ma lecture, d’y baigner et d’y vivre durant les 182 pages que comporte Highlands. L’ouvrage m’a transportée au cœur du récit de trois voyageuses qui parcourent les Highlands d’Écosse, «ces territoires hostiles qui les confrontent et les exaltent, les brisent et les libèrent», comme le mentionne l’autrice elle-même.
Tout au long de ce livre au format court, quoique captivant, hâte et appréhension s’entremêlent jusqu’au moment où les univers de ce trio de femmes convergent. Et lorsque cela se produit, par une force étrange et subtile qui réunit ces trois voyageuses, la tension narrative se relâche, on s’émeut un peu, comme lecteur, et on en demeure serein.e.s et porté.e.s par les habiles mots de l’autrice.
Highlands se lit bien, très bien même. En fait, on le dévore. La précision de la géographie et des termes, de même que la familiarité de la langue, rendent sa lecture très agréable et réaliste, le tout sur un fond de surnaturel, qui vient ajouter une certaine frayeur au récit.
En effet, le roman navigue entre le suspense et le thriller, avec une tension en crescendo qui ne cesse de monter pour mieux nous envoûter avec un peu d’horreur, beaucoup de douleur, mais aussi beaucoup de douceur.
Ce roman m’a certainement donné envie d’explorer davantage les œuvres de l’autrice, dans lesquelles je me reconnais étrangement. Ce n’est peut-être pas si curieux que ça, finalement, considérant les divers portraits qui sont brossés par l’autrice.
Ces derniers ratissent effectivement un large éventail de personas, ce qui permet ainsi à un plus grand nombre de lecteur.rice.s de se rattacher à l’un.e ou l’autre de ces personnages. De Gaelle l’intrépide à Jia la survivante d’une relation abusive, en passant par Emily, une mère en quête d’indépendance ainsi qu’à Zaneth, une geek excentrique, la variété des figures (souvent de femmes fortes, soulignons-le), à travers lesquelles il est possible de retrouver un trait de caractère qui nous est familier, ne manque pas!
Une œuvre pour croire en la magie des Highlands
Je connaissais l’apport mystique de cette région nordique, mais à travers la plume de Fanie Demeule, je suis désormais convaincue que cet endroit a bel et bien un petit quelque chose de magique!
Somme toute, malgré ses traces de hantise, de possession et de mort, dont je suis personnellement un peu moins fan, Highlands s’avère être un roman étonnamment réconfortant que vous aurez envie de lire bien enroulé.e dans une doudou, près d’un feu de foyer crépitant, avec pour arrière-plan un paysage grandiose de montagnes… que ces dernières soient écossaises ou non!
L'avis
de la rédaction