LittératureLivres de recettes
Crédit photo : Éditions Goélette
«Merci, la vie!» Geneviève Everell lance souvent cette phrase tout au long de son livre et il y a de quoi la répéter! Lorsqu’elle couche son histoire sur papier, la jeune entrepreneure est à l’aube de la trentaine et porte son premier enfant, qu’elle attend avec son conjoint qu’elle adore. Elle dirige une entreprise de traiteur de sushis à domicile qui compte une quarantaine de personnes aux quatre coins du Québec.
Que de chemin parcouru pour cette fille du quartier Limoilou, à Québec, dont les deux parents alcooliques et toxicomanes auraient, selon ses propres mots, remporté la palme des parents les plus irresponsables!
«Barrouettée» dès son plus jeune âge, la petite Geneviève s’occupait de sa mère toxicomane et prostituée sans protester. Normal, car elle croyait que toutes les familles vivaient ainsi. Elle a appris à se débrouiller seule, et de son propre aveu, ce qu’il l’a sauvé, c’est sa méfiance. Les manipulateurs, elle pouvait les sentir arriver des milles à la ronde. Un instinct probablement développé alors qu’elle a passé deux ans et demi chez une femme et son fils, connaissances de sa mère qui devait la laisser là seulement quelques mois. Des personnes mesquines qui la violentaient psychologiquement. Un jour, elle en a eu assez. À quinze ans, elle est partie.
À partir de là, son parcours rime avec décrochage scolaire, petits boulots et frugalité, mais aussi avec indépendance et fierté de retourner aux études en communications. De fil en aiguille, elle commence à travailler dans un restaurant de sushis, puis à en faire pour des amis dans des soirées. C’est la piqûre, de là où a germé l’idée de Sushi à la maison.
Geneviève Everell raconte son histoire en se replaçant durant ce mois où elle a accompagné, à l’âge de 24 ans, sa mère mourante d’un cancer à une maison de soins palliatifs. Les moments touchants parsèment son récit et, ce qui frappe le plus, c’est l’absence totale de rancune contre ceux qui l’ont blessée, ignorée ou rejetée. Cette femme a tellement le cœur sur la main que c’est presque dur d’y croire par moments.
La mort de sa mère a été pour elle une sorte de libération, car elle avait cessé de souffrir. C’est aussi à partir de ce moment que Sushi à la maison a pris son envol: trois livres de recettes, une émission de télé, des produits de cuisine, une association avec IGA, une brigade de Miss Sushi. Cinq ans plus tard, Geneviève Everell est une véritable femme d’affaires équilibrée, qui fournit du bonheur à chaque bouchée. Et, fait étonnant, jamais au cours de ce livre elle ne parle d’argent.
Il était une fois… Miss Sushi est un récit très personnel, que la jeune femme raconte sans honte aucune. Elle souhaite raconter son histoire pour donner du courage à ceux qui en ont besoin pour suivre leurs rêves et pour démontrer qu’il est possible de s’en sortir, même quand on part à «moins mille» dans la vie. Le plus étonnant soit qu’avec un tel passé, elle s’en sorte quasiment sans séquelles. Impossible de lire ces pages sans être touché.
Qui aurait cru que derrière ces petits sushis se cachait une telle histoire de résilience et de passion?
«Il était une fois… Miss Sushi» de Geneviève Everell, Éditions Goélette, 24,95 $.
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de la rédaction