LittératureDans la peau de
Crédit photo : Richard Tardif
Mylène, on a eu la chance de discuter avec toi en début d’année, puisque l’Association des auteures et auteurs francophones (AAOF) te dédiait sa Croisée des mots virtuelle du 20 février, une fort belle reconnaissance pour l’auteure que tu es devenue. Félicitations! Depuis notre discussion, et la parution de ton premier roman, Pourquoi pas?, dis-nous dans quels projets tu as investi la passion et l’énergie qui te caractérisent si bien!
«Beaucoup de choses se sont passées dans les derniers mois! J’ai notamment mis les toutes dernières touches à mon second roman La poursuite des chemins brûlés, publié dans la collection 14/18 des Éditions David. Les derniers détails sont souvent les plus précieux!»
«J’ai également amorcé la rédaction d’un troisième manuscrit, un autre roman pour adolescent∙e∙s qui, au fond, s’adresse à tous les lecteurs et à toutes les lectrices en quête de liberté. J’aurai certainement la chance de vous en parler un peu plus tard, mais on peut dire que les projets littéraires se sont succédé et que la création prend son envol.»
Ton amour pour les mots ne t’a pas mise au repos bien longtemps, puisqu’après avoir fait une entrée remarquée sur la scène littéraire avec cette autofiction pour adolescent∙e∙s, tu nous offres maintenant La poursuite des chemins brûlés, un deuxième roman publié lui aussi dans la collection 14/18 des Éditions David. Avant d’en révéler plus à nos lecteurs et à nos lectrices, dis-nous donc comment tes histoires se mettent en place dans ta tête avant qu’elles prennent vie sur papier?
«Chaque projet littéraire naît différemment, mais l’essence provient toujours de soi.»
«Pour La poursuite des chemins brûlés, je me suis, encore une fois, inspirée de mon vécu personnel (cette fois, au-delà de mes limitations physiques) en puisant dans le chaos effervescent et étourdissant de possibilités et de doutes auxquels plusieurs sont confronté∙e∙s au début de la vingtaine. Il faut rapidement choisir sa carrière, son avenir, son statut… mais qu’en est-il de choisir son cœur?»
«Durant mes propres réflexions, l’ambiance d’une gare m’est apparue: l’embarras du choix, les destinations possibles, la frénésie et les doutes du départ. J’ai même été jusqu’à me déplacer à la gare de trains d’Ottawa, simplement pour prendre un café, afin de m’imprégner de cette atmosphère si riche. C’est à ce moment que le personnage de Sarah s’est imposé à moi pour me présenter son histoire et me raconter sa rencontre inattendue avec Oscar. Par la suite, au même rythme que Sarah, j’ai appris à connaître ce vieil homme qui s’est tranquillement livré à moi.»
«Les histoires et les quêtes personnelles de ces deux personnages se sont jointes à la riche histoire du territoire des îles de Toronto que j’ai découvert avec enthousiasme en me plongeant dans de nombreux livres historiques et touristiques pour finalement créer La poursuite des rêves brûlés.»
Dans ce récit qui pique d’emblée la curiosité, on suit Sarah, une diplômée en littérature qui, billet de train en main, se rend à un entretien d’embauche, l’esprit en cavale. C’est qu’elle se sent forcée de s’y rendre – son père lui met la pression –, alors qu’au fond, elle n’a envie que d’une chose: travailler à son manuscrit, jour et nuit. Sans tout nous révéler, bien sûr, parle-nous de cette rencontre avec l’homme qu’elle a inventé de toutes pièces et qui la bouleversera… avec raison!
«Sarah rencontre Oscar à un moment charnière de sa vie. Elle vient d’abdiquer, de renoncer, à contrecœur, à l’idée d’avoir une carrière d’écrivaine comme elle le souhaite depuis tant d’années. Le discours brise-rêve de son père a eu raison de sa passion, car comme il le lui répète souvent: “On ne vit pas de rêve et de passion, il faudra bien un jour payer les factures!”»
«Elle se rend donc à Montréal pour un entretien d’embauche au gouvernement, rien qui ne lui donne réellement envie. Alors qu’elle s’apprête à monter à bord du train, un homme attire soudain son attention. Quand elle voit son visage, elle croit rêver. Il s’agit du personnage principal du manuscrit qu’elle vient tout juste d’abandonner, dans les moindres détails. Sans réfléchir, elle le suit et s’engouffre dans un train à destination inconnue en suivant les traces de cet homme.»
«Tous les deux à la croisée de chemin, ensemble, ils vont apprendre à faire face à leurs démons.»
La poursuite des chemins brûlés, c’est un fort beau titre: évocateur, poétique et mystérieux à souhait. Veux-tu nous glisser quelques mots sur ce qu’il évoque pour toi?
«Je vais vous faire une petite confidence… Ce n’était pas le titre initial. Le manuscrit s’intitulait au départ Sarah & Oscar, puisque l’on suit le destin de ces deux personnages en alternance. Toutefois, après réflexions et discussions, mon éditeur et moi avons puisé à même le livre pour trouver La poursuite des chemins brûlés.»
«Dans l’histoire, il s’agit du titre du manuscrit de Sarah. Le manuscrit qu’elle s’efforce de terminer, sur lequel elle travaille jour et nuit, qu’elle souhaite voir publier, mais qu’elle met de côté, à contrecœur, pour répondre aux exigences de son père.»
«J’aimais bien l’idée de tirer le titre à même le roman, puisque cela met un flou entre la fiction et la réalité, entre ce qui est vrai et faux. De plus, je trouvais que ce titre s’appliquait très bien à la quête respective des personnages qui, chacun à leur façon, doivent avancer sur “des chemins brûlés”.»
«Fait cocasse, le titre du manuscrit de Sarah m’est apparu soudainement et je n’avais aucun doute que c’était le bon choix. Parfois, le subconscient connaît déjà ce qui suivra! ;)»
Et si, à ton tour, tu devenais le personnage d’une fiction que tu as toujours aimée, qui aimerais-tu être, le temps d’une aventure, et pourquoi?
«Je pense évidemment à Hermione Granger dans la merveilleuse série Harry Potter qui a marqué ma jeunesse et qui continue d’habiter mon temps des Fêtes. Une jeune femme forte, curieuse, téméraire sur les bords, et toujours entourée de ces meilleurs amis Ron et Harry. Je crois que, parmi toutes les fictions qui me charment, il y a un profond lien d’amitié et une entraide entre les générations, avec Dumbledore et Harry dans ce cas.»
«Un peu comme dans La poursuite des chemins brûlés. Il faut croire qu’on écrit sur ce que l’on souhaite vivre!»