LittératureDans la peau de
Crédit photo : Julie Artacho
Marie-Christine, on est ravis de te retrouver pour notre entretien annuel! On a bien l’impression que tu es partie sur une belle lancée d’un nouveau roman par an depuis 2018: est-ce un objectif que tu t’es fixé, ou tu te laisses plutôt porter au gré de ta créativité?
«Je suis contente de vous retrouver aussi! Ça me permet toujours de creuser un peu mes motivations et mes idées, de répondre à ces questions. Honnêtement, je n’avais aucun objectif de temporalité ou de nombre de romans en tête… J’avais simplement l’objectif d’écrire. Écrire plus, toujours. Et l’inspiration a été au rendez-vous dans les dernières années, c’est certain. Je me considère choyée d’avoir pu créer ces histoires et de les partager avec mes lecteurs; c’est vraiment un privilège.»
Et alors, d’un roman à l’autre, trouves-tu que tes inspirations et ton écriture changent, ou tu as vraiment des «points d’ancrage créatifs» sur lesquels tu t’appuies pour raconter tes histoires?
«Je crois que la façon de raconter mes histoires revient de roman en roman, dans la narration à plusieurs voix. Je pense que si j’avais à nommer un point d’ancrage, ce serait celui-là. Trouver les voix des personnages, apprendre à les connaître, partager ce qui se passe dans leur tête, c’est là que la motivation se niche, pour moi.»
«Ensuite, je crois que je suis passionnée par certains thèmes: l’amour, bien sûr, mais aussi l’amitié (beaucoup), le deuil, les relations en général – celles qui “maturent”, changent, évoluent ou meurent. Les raisons derrière ces changements, aussi.»
«Je pense que mon écriture a évolué depuis mon premier roman, pas tellement dans le processus de création, mais plus dans les questions que je me pose une fois que le premier jet est écrit. J’ai toujours envie de creuser plus en profondeur, de comprendre mieux mes personnages, et je crois que ça se ressent à la lecture aussi.»
Ce 11 août, tu as dévoilé ton nouveau roman La floraison des nénuphars aux Éditions Hurtubise, qui est en fait la suite de ton premier livre L’allégorie des truites arc-en-ciel. Qu’est-ce qui t’a donné envie de dévoiler à tes lecteurs comment la relation des deux personnages, Cam et Max, a évolué depuis qu’ils se sont avoué leurs sentiments, quatre ans auparavant?
«C’est parti de deux trucs, principalement. D’abord, un peu égoïstement, c’est simple: je m’ennuyais d’eux. J’avais sincèrement envie de me replonger dans leur histoire, de partager ma tête avec eux un moment de plus.»
«Ensuite, j’avais envie d’écrire ce qui se passe après le “happy ending”. Je voulais écrire à propos d’une relation qui vieillit, qui perdure dans le temps. Et quand j’ai commencé à me poser des questions au sujet de ce que peut bien avoir l’air un couple qui s’aime depuis quelques années et qui s’aime encore, mais qui vit avec les difficultés du temps qui passe, ça m’est apparu comme une évidence que Max et Cam serait le couple parfait pour raconter cette histoire.»
«Souvent, j’ai l’impression qu’on parle des histoires d’amour de quelques années comme de quelque chose qui se fane, qui flétrit; mais je crois que je voulais exprimer comment on peut s’aimer d’amour et comment accepter de voir notre relation changer quand même.»
Au fil des pages, tu explores donc le sujet complexe et délicat de la passion à entretenir au sein d’un couple, pour que celui-ci perdure et résiste à l’usure du temps. De ce côté-là, quels sont les plus gros défis à relever pour Cam et Max dans le cadre de leur relation amoureuse?
«Nous retrouvons Max et Cam dans des situations personnelles et professionnelles complètement différentes de celles qu’ils avaient dans L’allégorie des truites arc-en-ciel. Professionnellement, la carrière de Max a complètement décollé, et celle de Cam aussi. Ils se retrouvent à un moment un peu étrange où l’autre ne peut plus être la seule et unique priorité, et c’est cette distance qui se crée malgré eux qui vient vraiment chambouler leur relation qui avait été si fusionnelle jusqu’à tout récemment.»
«Je crois que leur plus gros défi est de trouver l’équilibre entre s’accomplir et entretenir leur couple. Ils n’avaient jamais eu à mettre des “efforts” avant, parce qu’ils représentaient presque tout l’un pour l’autre, mais quand on avance dans la vie, nos priorités se multiplient. C’est ce qu’ils doivent gérer, ici.»
À court terme, as-tu un prochain projet d’écriture en cours ou à venir? On est curieux de savoir si, après Cam et Max, tu vas nous révéler les chemins que Samuel, Ariane et Anaïs – les personnages de ton livre Tout comme les tortues – ont emprunté…
«J’ai toujours une tonne de projets en tête. Je travaille sur quelques projets de rédaction autres que des romans (*suspense*, héhé!)»
«Mais je travaille aussi sur mon prochain roman. Je dirais que j’ai vraiment diversifié mes écrits. Donc, je ne sais pas quel genre de rythme d’écriture je vais maintenir pour mon prochain roman, mais je ne me mets pas de pression avec ça. L’écriture, ça doit être organique selon moi, c’est ce que j’ai toujours fait et ce que je vais continuer de faire.»