«Dans la peau de...» Ian Thomas Shaw, romancier et militant pour la paix dans le monde – Bible urbaine

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«Dans la peau de…» Ian Thomas Shaw, romancier et militant pour la paix dans le monde

«Dans la peau de…» Ian Thomas Shaw, romancier et militant pour la paix dans le monde

La colombe, un symbole de son engagement en faveur du pacifisme

Publié le 12 octobre 2023 par Éric Dumais

Crédit photo : Colin Griffiths

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd'hui, on s'est glissé dans la peau de Ian Thomas Shaw, ex-diplomate et agent de développement international qui a, sa vie durant, milité pour la paix dans le monde. Depuis une décennie maintenant, c'est à travers l'écriture qu'il poursuit son engagement en faveur du pacifisme. Le 12 octobre, les Éditions David ont publié sa traduction de son roman de 2019, Quill of Dove («La colombe»), un récit à saveur sociopolitique où il nous offre une plongée vertigineuse au cœur du conflit israélo-palestinien des années 1970.

Ian, c’est un plaisir de vous accueillir pour ce sympathique brin de jasette! Vous êtes né à Vancouver, en Colombie-Britannique, et vous vivez présentement à Gatineau, dans le secteur Aylmer. Et notre petit doigt nous dit que vous n’êtes sûrement pas ce genre de personne qui aime rester en place, car vous avez été diplomate et agent de développement international durant 30 ans, et vos nombreux déplacements vous ont mené tant en Afrique, qu’au Moyen-Orient et en Europe. Parlez-nous des fonctions que vous avez occupées et de cette expérience dont vous avez bénéficié à parcourir le monde.

«Avec plaisir. En 1989, j’ai commencé mon travail à l’étranger en Éthiopie comme coopérant d’une ONG pour l’aide aux victimes de la famine, puis j’ai accepté un bref contrat avec l’UNICEF, suivi de deux ans et demi à la direction du bureau d’appui de l’Agence canadienne de développement international à Addis-Abeba.»

«En 1993, j’ai accepté un poste de directeur du programme de développement de Save the Children US dans la bande de Gaza. À cette époque, le processus de paix au Moyen-Orient était à son apogée et le mouvement pour la paix en Israël, ainsi que dans les territoires palestiniens, était convaincu qu’une solution à deux États était possible. Malheureusement, les opposants à la paix ont ensuite pris le dessus et ont largement détruit les perspectives de paix, tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens, ce qui nous a conduits aux événements horribles auxquels nous avons assisté cette semaine et à d’autres pertes de vies innocentes dans les jours à venir.»

«En 1996, j’ai rejoint le ministère canadien des Affaires étrangères en tant que diplomate, et j’ai travaillé en Arabie saoudite, en Syrie et en Allemagne.»

C’est en 2012 que vous avez enfilé votre casquette d’écrivain en publiant votre tout premier roman en langue anglaise, Soldier, Lily, Peace and Pearls, sous le pseudonyme Con Cú, qui signifie «hibou» en vietnamien. On est curieux: pourquoi avoir opté pour ce nom d’emprunt, et pourquoi ne pas en profiter pour nous parler de cette première expérience d’écriture?

«En 2012, je travaillais encore comme fonctionnaire sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Mon premier roman ayant un contenu politique considérable, il aurait été problématique de le publier sous mon propre nom.»

«Ce roman traitait de la guerre du Viêt Nam, mais aussi du génocide des Tutsis au Rwanda et de l’occupation de la bande de Gaza. Je voulais explorer la manière dont trois individus ont géré les traumatismes de manière différente.»

«Certains chapitres sur le Viêt Nam et sur la vie des réfugiés vietnamiens au Canada ont été inspirés par ma propre expérience d’enseignant auprès de ces réfugiés en 1980 et par des anecdotes qu’une amie et collègue m’a racontées sur son enfance au Viêt Nam. Elle avait l’habitude de m’appeler «hibou» ou «Con Cú» en vietnamien, parce que je lisais et écrivais très tard le soir.»

«Ce surnom m’a plu et je l’ai donc choisi comme nom de plume.»

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Sept ans plus tard, en 2019, votre deuxième roman, Quill of Dove, paraît chez Guernica Editions. Et il aura fallu patienter près de cinq ans avant d’avoir entre les mains la traduction française – que vous signez –, parue le 12 octobre aux Éditions David, sous le titre La colombe. À travers ce roman, aussi disponible en espagnol et en allemand, vous racontez l’histoire de Marc Taragon, journaliste français qu’on qualifie « d’idéaliste tenace », lequel «tente de lancer une initiative de paix pour mettre fin au conflit israélo-palestinien». Qu’est-ce qui vous a donné l’élan d’écrire cette histoire qui se déroule dans les années 1970, et quelles sont les motivations profondes de votre protagoniste?

«Tout d’abord, parlons des motivations de Marc Taragon. Pacifiste convaincu, il a cherché, par son travail de journaliste, à dénoncer les horreurs commises contre les civils en temps de guerre, notamment lors de la guerre civile au Liban.»

«Un quart de siècle plus tard, ayant acquis une renommée internationale en tant qu’expert du Moyen-Orient, il est déterminé à faire sortir les Israéliens et les Palestiniens de l’impasse en lançant une initiative de paix privée. Un leader palestinien dissident et un journaliste israélien de gauche devenu politicien se joignent à lui pour rédiger un accord de paix très équitable, autour duquel ils tenteront ensuite de mobiliser le soutien international.»

«L’écriture de ce roman m’a été inspirée par toute une vie d’apprentissage et de compréhension des raisons fondamentales du conflit israélo-palestinien. J’espère que ce récit incitera d’autres personnes à comprendre ce conflit et à œuvrer pour une paix juste.»

Mais reste que l’entreprise de Taragon est ambitieuse – et presque déraisonnable: négocier la paix au Moyen-Orient en pleine guerre civile, alors que le conflit israélo-palestinien fait rage…! Histoire d’ajouter du piquant à ce récit, vous avez ouvert la voie à une deuxième quête, celle de Marie Boivin, journaliste canadienne qui souhaite interviewer Taragon afin de découvrir la vérité sur sa propre enfance tragique… Intéressant! Allez, dites-nous-en plus pour donner l’eau à la bouche à nos lecteurs et à nos lectrices!

«Il est certain que j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire l’histoire de Marie Boivin. Je ne veux pas gâcher le roman pour les lecteurs et les lectrices en révélant trop de détails, mais en bref, Marie est une femme extrêmement forte, comme beaucoup de femmes dans le roman.»

«La révélation par son père mourant qu’elle a été adoptée alors qu’il servait comme gardien de la paix au Liban la laisse perplexe. Juste avant sa mort, il lui donne une photo d’une jeune femme arabe avec un homme d’apparence occidentale.»

«Plus tard, ayant trouvé la photo de l’auteur dans l’un des livres de Marc Taragon sur le Moyen-Orient, elle y voit une ressemblance et part à la recherche de Taragon pour découvrir la vérité sur son enfance.»

Sur la couverture de votre livre, qui représente un relief d’une murale, on peut apercevoir des graffitis, gribouillés ici et là, avec, au centre, un dessin d’un oiseau entièrement bleu. On s’imagine que c’est de là qu’est apparu votre désir d’intituler votre roman La colombe (Quill of the Dove). Parlez-nous de la symbolique de la colombe et de ce qu’elle représente pour vous!

«L’image de la couverture du livre est tirée d’un mur réel de la vieille ville de Jérusalem. La colombe représente le désir de paix du peintre de l’œuvre. Dans le roman, j’utilise également un mur, au sens propre comme au sens figuré, comme un obstacle à la paix et comme une barrière empêchant les gens de jouir de la liberté.»

«Dans le récit, la colombe est évidemment une métaphore du pacifisme de Marc Taragon. Personnellement, elle symbolise mon propre engagement en faveur du pacifisme et de la résolution, non seulement du conflit israélo-palestinien, mais aussi des nombreuses guerres qui font rage alors que nous devrions tous travailler ensemble pour sauver cette planète des désastres causés par l’espèce humaine.»

«Je pense que les guerres sont alimentées par le narcissisme étroit des politiciens et qu’elles ne représentent jamais les souhaits de la population.»

La colombe de Ian Thomas Shaw est présentement en vente en librairie au coût de 26,95 $. Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…» et faire le plein de découvertes littéraires, visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec les Éditions David.

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