«Dans la peau de…» Gabrielle Anctil, qui propose des pistes de réflexion pour un mieux-vivre collectif – Bible urbaine

LittératureDans la peau de

«Dans la peau de…» Gabrielle Anctil, qui propose des pistes de réflexion pour un mieux-vivre collectif

«Dans la peau de…» Gabrielle Anctil, qui propose des pistes de réflexion pour un mieux-vivre collectif

Prêt∙e∙s à essayer un mode de vie alternatif? Suivez le guide!

Publié le 17 mars 2023 par Éric Dumais

Crédit photo : Julie Artacho

Chaque semaine, tous les vendredis, Bible urbaine pose 5 questions à un artiste ou à un artisan de la culture afin d’en connaître un peu plus sur la personne interviewée et de permettre au lecteur d’être dans sa peau, l’espace d’un instant. Aujourd'hui, on s'est glissé dans la peau de la recherchiste, journaliste et chroniqueuse Gabrielle Anctil, qui vient de faire paraître son livre «Loger à la même adresse: conjuguer nos forces face à la crise du logement, l’isolement et la pauvreté» aux Éditions XYZ. Découvrez ses pistes de solution pour que nous puissions vivre en communauté, et ce, dans une optique de mieux vivre ensemble et de contourner les défis de crise du logement, d'isolement et de pauvreté auxquels nous sommes confrontés!

Gabrielle, ça nous fait plaisir de te jaser aujourd’hui! Dis-nous, il vient d’où ce feu intérieur qui te procure depuis toujours une énergie dévorante à dénicher de l’information, à écrire sur des domaines spécialisés tels que la techno et les sciences, et à faire entendre ta voix publiquement sur des sujets qui te passionnent?

«Bahah! Je sais bien pas! J’ai été élevée par deux profs de secondaire qui m’ont transmis leur amour de la langue française et de la géographie. Il n’est pas surprenant que j’aime vulgariser l’information! Je pense que ce contact m’a aussi fait comprendre très rapidement le pouvoir qu’ont celles et ceux qui détiennent le savoir.»

«Cette idée est bien résumée par le concept de “consentement éclairé”: quand on maîtrise un sujet, on peut faire les choix qui conviennent au mieux-être individuel et collectif. C’est pour ça que j’ai voulu devenir journaliste: parce que je veux contribuer à ce consentement.»

«D’aussi loin que je me souvienne, j’étais déjà préoccupée par la crise climatique qui commence à nous frapper. Je voulais agir. Encore là, une des manières d’avoir un impact, c’est de rendre l’information accessible. Offrir des pistes de solutions, des réflexions sur la direction que prend notre société. Je veux parler de la science parce qu’elle nous enseigne l’humilité. En science, il n’y a jamais de noir et blanc, tout est en nuances.»

«Pour ce qui est de la techno, c’est un peu la même chose. Je trouve qu’il y a un grand manque de littératie numérique dans la société. Beaucoup de gens ont peur des technologies, mais la peur vient surtout du fait qu’on ne comprend pas comment ça fonctionne. On pense qu’elles vont voler nos jobs, rendre nos enfants stupides. Et comme on ne les comprend pas, on ne remet pas en question les décisions politiques qui sont prises à leur sujet.»

«Pourtant, les technologies ont un énorme impact sur nos vies. En informant les gens à leur sujet, j’espère contribuer à ce que nous puissions collectivement mieux décider de la place que nous voulons qu’elles aient dans la société.»

On a un peu vendu la mèche ci-haut – ce n’est donc plus une surprise d’annoncer que tu es recherchiste et journaliste (Continuité, BESIDE), chroniqueuse techno (Québec Science) et radio (Moteur de recherche à Radio-Canada), et bien plus encore. Et au moment où on se parle, tu es à la barre de l’émission La bataille pour la forêt sur les ondes de Savoir Média. Impressionnant! Comment arrives-tu à jongler avec tous ces chapeaux, et qu’est-ce qui t’anime le plus dans ton quotidien?

«En gros, je suis enfin payée pour faire quelque chose que je faisais déjà durant mon temps libre. J’ai passé ma jeunesse à fouiller sur internet jusqu’aux petites heures de la nuit. Dès que je suis dans un événement social, je vais poser des questions à tout le monde à propos de leurs connaissances sur des sujets qui me sont inconnus.»

«Quand je rencontre quelqu’un qui m’explique son expertise en, disons, les papillons rares ou le traitement de l’eau, je suis traversée d’un genre de frisson de bonheur. J’adore apprendre de nouvelles choses! Grâce à ma job, je peux enfin consacrer mon temps libre à autre chose, comme faire du petit point et du jardinage.»

Loger-a-la-meme-adresse_couverture

Dans les moments qu’il te reste – t’en reste-t-il tant que ça? – tu as fait paraître Loger à la même adresse: conjuguer nos forces face à la crise du logement, l’isolement et la pauvreté, «une réflexion sur la vie collective et sur un vivre ensemble nouveau genre». Et on ajouterait même que c’est un ouvrage hyper d’actualité qui pose une question fondamentale: comment se fait-il que l’humain soit devenu aussi individualiste, alors qu’aux fondements de sa vie, il vivait en communauté…? Raconte-nous ce qui t’a motivée à te lancer dans ce projet d’écriture!

«J’ai cofondé une communauté intentionnelle il y a 14 ans, dans laquelle je vis toujours. À l’époque, j’étais au début de la vingtaine et quand je réfléchissais à mon avenir, toutes les options que je voyais me faisaient peur. Je ne voulais pas vivre en couple dans une maison en banlieue, je ne voulais pas vivre seule…»

«Avec des amis, on a décidé d’inventer une alternative. À l’époque, on n’avait aucune ressource pour nous aider. J’aurais tellement aimé avoir un livre sous la main ou une manière de rencontrer des gens qui vivaient la même chose que nous. On a dû tout inventer, faire toutes les erreurs. C’est épuisant! 14 ans plus tard, le problème existe encore: il n’y a toujours pas de ressources. J’ai voulu remédier à ce problème.» 

«Pourquoi sommes-nous devenus individualistes? La question est large. Mais il est clair que le modèle de la famille nucléaire a contribué au problème. Lorsqu’elle est apparue, les gens vivaient encore dans des communautés assez soudées, s’entraidaient en gardant le plus petit, en préparant un souper chaud pour une voisine malade…»

«Aujourd’hui, ces services ont été délégués à des entreprises qui viennent à chaque fois piger dans notre portefeuille. “La famille nucléaire était une erreur”, affirme un journaliste que je cite dans mon livre. Pour moi, une partie de la solution aux problèmes que ce mode de vie a engendrés se trouve dans le passé: comment vivions-nous avant? Quels aspects de ce mode de vie peuvent nous inspirer pour le présent?»

«En faisant mes recherches, j’ai compris qu’il existe encore, dans les marges, des gens qui vivent en communauté. Ils et elles ont réussi à adapter ce mode de vie aux réalités d’aujourd’hui. Il est plus que temps qu’on s’inspire de leurs expériences!» 

Avec cet essai, tu espères donc que chacun∙e révise sa «manière de vivre, au sens littéral», tout simplement! Mais… on s’entend que ce n’est pas si simple de réussir à ouvrir les yeux des gens, et surtout à les convaincre d’entreprendre des actions qui vont changer leur routine. Avec quels solides argumentaires espères-tu les conscientiser, alors?

«Je n’ai aucune intention de dire aux gens comment vivre. Je crois cependant que beaucoup de gens ont un petit creux dans le ventre, un désir de vivre de manière plus collective. Ces gens ne savent pas par où commencer pour se lancer dans un tel projet.»

«L’idée de mon essai est de leur offrir un exemple qui pourra nourrir leur imaginaire. J’ai un chapitre où je présente les philosophies qui guident les décisions que l’on prend chez moi, que je préface en disant: vous avez tout à fait le droit d’être en désaccord avec ce que je m’apprête à dire. Selon moi, il est plus facile de discuter et de réfléchir à partir d’un modèle existant, quitte à le rejeter entièrement. Mon essai vise à servir de base pour ces discussions.»

«Bref, pour répondre à la question, je ne crois pas avoir beaucoup de travail à faire pour convaincre les gens d’adopter ce mode de vie. Beaucoup en rêvent déjà. J’espère surtout que mon livre leur offrira les outils qui leur manquaient pour passer à l’action.»

Et pour 2023, dans quels projets comptes-tu t’investir, si ce n’est pas un secret d’État? En tout cas, on a beaucoup de fun à te suivre, et on te souhaite une belle continuité pour le futur! À une prochaine, sûrement!

«Je demeure enthousiaste et pas mal occupée! La production de la deuxième saison de ma série documentaire à Savoir média vient de démarrer. Cette fois-ci, on s’intéresse à l’énergie, un débat qui a les deux pieds dans l’actualité.»

«Je travaille aussi à un album jeunesse sur le cycloféminisme, un sujet que j’adore, avec KATA éditeur, qui sortira en mai 2024. Sinon, je continue d’écrire, de faire de la radio et d’avoir des idées à la pelletée pour de nouveaux projets.»

Pour découvrir nos précédentes chroniques «Dans la peau de…», visitez le labibleurbaine.com/nos-series/dans-la-peau-de.

*Cet article a été produit en collaboration avec Les Éditions XYZ.

Nos recommandations :

Vos commentaires

Revenir au début