LittératureDans la peau de
Crédit photo : Geneviève Smith
François-Alexandre, c’est un plaisir d’engager la discussion avec toi et de faire ta connaissance par le fait même! Toi qui es libraire chez Liber, à New Richmond, en Gaspésie, et également traducteur de métier, saurais-tu nous dire à quand remonte ta passion pour les lettres?
«Enchanté! Merci de l’invitation! Les livres font partie de mon univers depuis que je suis tout petit. On m’a appris très tôt à les respecter, à en prendre soin. J’ai grandi avec (voire dans!) les mondes de Tintin et de Jules Verne, qui ont façonné mon imaginaire, de l’enfance à aujourd’hui. Puis, j’ai plongé dans la littérature au sens large du terme au détour de la vie adulte, tant par mon parcours collégial que professionnel.»
«C’est donc une soif des mots qui me suit depuis longtemps. Les métiers de libraire et de traducteur sont tous deux bercés par les mots, bien que différemment, et c’est un exercice intéressant que celui de les aborder sous un autre angle.»
Et par curiosité, quel a été ton motivateur à devenir à ton tour un écrivain?
«En fait, je dirais que j’ai souhaité raconter quelque chose qui nichait dans mon imagination plutôt que de devenir écrivain. J’avais exploré la création littéraire au cours de mes études et j’avais écrit, jadis, une histoire inspirée d’un voyage en Angleterre. Je m’étais alors lancé dans l’œuvre de Lewis Carroll et de Jonathan Swift. Cette première ébauche de livre, écrite en anglais, a en quelque sorte jeté les bases du projet d’écriture qui a mené à Confluences.»
«L’histoire originale a fini par être mise de côté, puis je l’ai ressortie, quelques années plus tard, afin de la faire revivre dans Confluences.»
Justement, ton premier roman, titré Confluences, est paru le 7 août chez Stanké. À travers ce livre, tu offres un «amalgame de fictions reliées entre elles par un chapelet de personnages entrevus et d’objets aperçus.» Ainsi, de fil en aiguille, tu peins un tableau vivant «où tout tient dans un microcosme». D’où t’est venu cet élan qui t’a motivé à écrire ce récit, et de quoi ça parle, exactement?
«Confluences est né d’une très courte histoire déjantée, que j’ai finalement retranchée pour n’en garder qu’un extrait.»
«S’est ajoutée une autre fiction, inspirée de mon vécu, sur un ton rigolo. Déclic. L’image d’un scaphandre s’est rapidement installée dans le décor. Alors, en écrivant ce premier jet, j’ai eu envie de dépoussiérer la fameuse ébauche de livre, dont j’ai parlé précédemment, et de l’intégrer. La vue d’ensemble se dessinait: des époques différentes, des personnages différents… Pourquoi ne pas les relier, tout en gardant une forme brève, à la manière d’apartés dans la vie de chacun des protagonistes?»
«Confluences nous fait côtoyer des personnages rêveurs, humains et attachants, qui définissent leur propre parcours au gré de leurs ambitions. C’est un livre des détours que l’on emprunte sous la gravité des rencontres faites en route, un livre qui raconte les liens souvent insoupçonnés qui nous unissent.»
Ainsi, à travers cet enchevêtrement d’histoires qui s’assemblent, mais ne se ressemblent pas vraiment, tes lecteurs et lectrices croiseront, petit à petit, la route d’une multitude de personnages, d’objets et de sensations même, dont des amoureux, un scaphandre, des poissons, un inventeur, des horloges, une dévoreuse de livres rares, une pieuvre, un collectionneur excentrique, l’odeur des vagues, et on en passe. Ça fait du monde à’ messe! Pourquoi la thématique des rencontres – ton roman s’intitule Confluences après tout! – est-elle au cœur de cette histoire?
«Chaque fiction du livre nous plonge dans l’intimité d’une brochette de personnages, l’espace d’un instant. On a ainsi le loisir d’imaginer leur vie, avant et après l’histoire, de tisser le fil conducteur d’une histoire à l’autre. D’où le caractère plus visuel du livre, tout en mouvance et en plans rapprochés-éloignés.»
«Forcément, il y a des rencontres, des croisements, des traversées. C’est ce qui permet de voyager, de la côte gaspésienne aux prés de la campagne anglaise, en passant par les fonds marins au large de la France, de la fin des années 1800 à aujourd’hui, et ce, en gardant une forme concise.»
«J’aime croire que Confluences impose à la fois une lecture légère et complexe. Légère, puisque c’est un livre qui invite à l’imagination, sous le prisme de la lumière, des vagues, des parfums, des notes d’humour; complexe, puisqu’il faut constamment se situer, se mettre en contexte, visualiser le changement de temporalité et de lieux entre les ellipses, suivre la logique derrière un phénomène invraisemblable mais dont on accepte la plausibilité.»
Alors, ça te dirait d’enfiler tes habits de libraire, l’espace d’une dernière question? Tant mieux! Imagine qu’un client, que tu ne connais pas, entre dans ta librairie, regarde autour de lui, se dirige vers un présentoir, s’empare d’une copie de ton livre et vient te voir, avec l’air d’avoir une grande question à te poser: «Bonjour, Monsieur! C’est quel genre, ce livre? Ça a l’air flyé!» Que lui répondrais-tu, du tac au tac?
«Ah, il y en a pour tous les goûts!»
«Confluences traverse les époques et les lieux. C’est un roman à fictions, où chacune d’elles fait partie de l’ossature de l’autre. C’est un livre qui propose une collection de parenthèses qui se dégustent par bouchées, petit à petit. C’est un livre qui parle des livres et des gens qui aiment les livres. C’est un livre porté par un souffle poétique et l’odeur du ressac. C’est un livre qui s’adresse à celles et ceux qui aiment rêver, qui cherchent à s’évader, à prendre le large. C’est un livre empli de la fantaisie qui naît dans le cœur des enfants et de la nostalgie qui s’immisce dans celui des adultes.»
«Enfin, c’est un livre où l’invraisemblable se fait vrai, où l’humour côtoie la tragédie, où les grandes et infimes catastrophes s’inclinent devant les minuscules miracles.»