«Le cinquième péché» de Sylvie-Catherine De Vailly et Giovanni Apollo

Sylvie-Catherine et Giovanni ont en commun d’être des travailleurs infatigables, aussi prolifiques l’un que l’autre. Les multiples projets du chef n’ont d’égal que l’impressionnante bibliographie de l’écrivaine. Ce sont donc deux créateurs très fertiles qui se sont rencontrés autour de ce projet de roman policier à la sauce épicurienne.

Mme De Vailly n’en était pas à ses armes dans le registre de l’intrigue puisqu’elle a déjà donné naissance à plusieurs romans noirs ou policiers, entre autres la trilogie grand public du «Comte de Saint-Germain» et la série de l’enquêteuse Jeanne Laberge. L’auteure excelle dans la construction d’intrigues bien ficelées et de personnages crédibles et ses talents furent mis à profit dans la concrétisation littéraire des mirages oniriques de Giovanni Apollo.

Le chef, quant à lui, a su transmettre l’essence de son récit vers l’écrivaine pour donner un roman policier de forme classique et agréable, teinté de la sensibilité masculine du chef. Cet amalgame constitue la plus grande réussite du roman qui fut présenté aux journalistes devant un repas qui faisait écho à l’un des thèmes centraux du livre. Entre les deux, la complicité était palpable et les complices étaient beaux à voir. D’autant plus que la littérature est généralement une pratique plutôt dévouée à la solitude.

D’entrée de jeu, les thèmes du polar nous paraissent très actuels malgré la facture classique de l’écrit. Le côté télé-réalité sur un fond d’enlèvements et de séquestration dans un univers où les personnalités sont troubles et insaisissables. C’est l’une des plus belles qualités du récit que d’avoir su garder le mystère tant au niveau de l’intrigue qu’au niveau des personnages, dont les motivations et l’essence demeurent brouillées jusqu’à la toute fin.

L’intrigue, quant à elle, nous amène dans le sillage d’une série d’enlèvements qui nous sont présentés à travers un prisme de personnages et de points de vue avec un accent sur Claudia Barratini, connue pour ses livres de recettes. C’est au cœur de ce personnage central que se retrouvent les deux esprits à l’origine du roman qui s’autoreprésentent tous deux dans ce même personnage dont la captivité ne bride nullement la fougue.

Des scènes macabres ajoutent une touche plus contemporaine au roman et atténuent son aspect un peu suranné qui nous le fait comparer aux vieux classiques américains. C’est là que la personnalité du roman s’avère aussi brouillée que les caractères des personnages. On navigue là entre l’écho de la dureté d’un Michael Connelly et le charme vieillot d’un Lawrence Block dans un ensemble aussi cohérent qu’un menu cinq services se doit de l’être.

«Le cinquième péché» de Sylvie-Catherine De Vailly et Giovanni Apollo, Éditions Recto Verso, 24,95 $.