«Après», la plus récente fiction de Stephen King parue aux Éditions Albin Michel – Bible urbaine

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«Après», la plus récente fiction de Stephen King parue aux Éditions Albin Michel

«Après», la plus récente fiction de Stephen King parue aux Éditions Albin Michel

Avez-vous peur des fantômes?

Publié le 7 mars 2022 par Éric Dumais

Crédit photo : Éditions Albin Michel

Le Sixième Sens, ça vous dit quelque chose? En même temps, qui pourrait oublier cette œuvre de 1999 d’un jeune cinéaste américain qu’on découvrait alors sous le nom de M. Night Shyamalan? À ce que je sache, il n’y a pas que moi qui ai frissonné à la suite du visionnement de ce film qui met en vedette Bruce Willis et Joel Osment: Stephen King aussi, je parie. Et avec son plus récent roman Après, paru le 3 novembre dernier chez Albin Michel, le maître de l’horreur offre un clin d’œil à ces nostalgiques qui n’ont pas peur de leur ombre… et des monstres qui se cachent sous leur lit!

«Alors oui, je peux voir les morts. D’aussi loin que je m’en souvienne, il en a toujours été ainsi» – Jamie Conklin

Ceci est une histoire d’épouvante, mais…

Quand je parle de «peur», c’est un bien grand mot pour décrire ce nouveau King. Malgré ce que le jeune Jamie Conklin, notre narrateur en chef, se plaît à nous répéter – «Ceci est une histoire d’épouvante, je vous avais prévenus» – un peu comme s’il tentait de nous infuser dans le sang une bonne dose d’appréhension en fin de chapitre, je dois vous avouer que je n’ai pas tellement eu la frousse à la lecture de ce roman. Désolé, petit!

La plus grande qualité de cette œuvre, ce n’est pas d’être une histoire à frémir debout, comme disait ce bon vieux Hitchcock. Nenni, c’est plutôt la facilité avec laquelle on se laisse attirer par la force persuasive de l’auteur de nous faire voyager, à l’instar de Jake Epping qui s’est téléporté en 1958 pour tenter d’empêcher l’assassinat de John F. Kennedy dans 22/11/63. Comme si on y était, quoi!

À la défense de King, et contrairement à d’autres avis que j’ai lus ces jours-ci, je crois qu’il n’a juste plus l’envie d’écrire des romans effrayants. Disons-le, «l’âge d’or», comme j’aime qualifier sa belle époque des années 1980 et 1990, avec Cujo, Christine, Simetierre, Misery et Bazaar, elle est bel et bien révolue. Et c’est correct dans un sens. L’écrivain du Maine a évolué, il a souhaité explorer d’autres strates de l’horreur et du fantastique, ces genres de prédilection, et depuis deux décennies déjà, il semble davantage attiré par le paranormal, «l’étrangement inquiétant», comme se plaisait à le dire ce bon vieux Freud, ou du moins à ces phénomènes inexpliqués où l’homme n’a pas le contrôle. Et c’est ça qui est flippant au fond.

Âmes sensibles… vous pouvez souffler!

Bon, permettez-moi de rembobiner mon argumentaire et de remettre de l’ordre dans mes pensées: j’ai omis de vous résumer l’histoire! Alors, c’est James Conklin, «Jamie» pour les intimes, qui nous raconte un fastidieux (et quand même long) chapitre de sa jeune vie, de l’âge de ses 6 ans, où il a réalisé qu’il avait le don de voir les morts – d’ailleurs, cette vision du cycliste happé mortellement dans Central Park le hante toujours! –, jusqu’à ses vingt-deux ans, en fin de ronde, où il a appris, disons, à vivre avec ce «sixième sens».

C’est ainsi qu’on le laisse, à son rythme, et dès qu’il en ressent le besoin, nous entraîner dans le flot de ses confidences et de ses souvenirs, et c’est ainsi qu’on découvre ces proches qui ont été témoins, un jour ou l’autre, de ce don qu’il semble être le seul à avoir: Tia, sa mère agente littéraire; Liz, la conjointe policière au NYPD de cette dernière, et Mr Burkett, un proche des Conklin, veuf depuis peu, et confident en devenir de Jamie.

Vous vous demandez ce qui va faire «déraper» cette histoire, n’est-ce pas? J’y arrive. C’est que, voyez-vous, certains fantômes sont bienveillants, et lorsqu’ils s’entretiennent avec Jamie les jours qui suivent leur décès, ils n’ont plus rien à cacher… puisqu’ils sont morts. Or, d’autres, comme Kenneth Therriault, un tueur en série et poseur de bombes professionnel, celui qui deviendra la nouvelle obsession de Liz, sont plus malveillants et viendront hanter ceux qui, comme Jamie, incarnent un symbole de l’innocence et de la pureté… Mais encore une fois, ils sont tenus de dire la vérité, toute la vérité.

De l’humour, pour éviter de verser dans le gore

Étant donné que ce récit est raconté à travers les yeux d’un jeune garçon, qui deviendra  un jeune adulte sous nos yeux, il n’y a pas de quoi se ronger les ongles jusqu’au sang. Stephen King s’est même volontairement amusé à distiller quelques pointes d’humour ici et là qui rendent «ses» fantômes moins effrayants et plus attachants, comme lorsque Jamie rencontre le défunt écrivain Regis Thomas, dont le short baisse à vue de nez devant ses yeux, ou encore lorsque le fantôme de Therriault s’amuse à provoquer Jamie en le surnommant «Champion», ce qu’il déteste plus que tout. Ça les rend presque plus attachants en vérité!

En somme, je n’ai pas besoin de vous faire un dessin: Après est un divertissement diablement efficace, un roman d’épouvante qui ne vous empêchera pas de dormir, et je parie que vous parcourrez ces 330 pages en quelques heures à peine.

Cela dit… Mon petit doigt me dit qu’une adaptation au grand écran serait tout aussi efficace que Le Sixième Sens… et peut-être plus effrayante. Mais ça, ça reste à voir!

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