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Crédit photo : Libre Expression
Élevée par un père peu affectueux et une grand-mère carrément méchante, Anne-France Goldwater a appris à s’occuper seule d’elle-même dès sa jeunesse, vécue dans une grande maison délabrée du quartier Outremont à Montréal. Issue de la communauté juive ashkénaze, elle a rapidement rompu avec les traditions et les carcans qui lui étaient imposés. Têtue, solitaire, elle entretient dès son adolescence une relation avec un professeur de son école secondaire, avec qui elle aura deux enfants très jeune. Un départ non conventionnel dans la vie pour cette femme hors normes.
Tout au fil des pages flotte le fantôme de sa mère, qui s’est suicidée alors qu’Anne-France n’avait que trois ans. Le mystère n’est jamais parfaitement résolu, mais la jeune femme doit apprendre à vivre avec celui-ci et faire le deuil de sa mère une fois à l’âge adulte. Lorsqu’elle décrit les dépressions et les crises qu’elle a traversées, on en a littéralement la chair de poule. Anne-France Goldwater n’hésite pas à dissimuler ces épisodes dramatiques de sa vie. Certains mettent le lecteur parfois mal à l’aise, comme lorsqu’elle raconte certaines aventures sexuelles, ou carrément tristes, lorsqu’elle se demande où était la DPJ durant son enfance.
Si les passages de sa vie émotive ne sont pas nécessairement embellis, d’autres sont beaucoup moins présents, comme la question d’Israël sur laquelle l’avocate est habituellement très vocale. Les sujets politiques sont laissés de côté, hormis ceux qui touchent aux causes qu’elle a défendues, notamment la très médiatisée cause «Éric contre Lola». Malgré tous ses défauts, Anne-France Goldwater donne l’impression d’une femme très loyale et prête à se battre à la mort pour ceux qu’elle aime et qu’elle veut défendre.
De plus, les propos de l’avocate en droit de la famille sur les hommes créent parfois un malaise. Même si elle crie sur tous les toits son féminisme, certaines affirmations donnent l’impression d’une misandrie chez l’avocate. On ne sait pas trop comment les accueillir. Il est clair qu’elle n’a pas peur de choquer, comme elle l’a prouvé à maintes reprises.
Cette biographie se lit comme une très longue montagne russe. On termine la lecture certes épuisé. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le lecteur en a pour son argent avec ce témoignage explosif et intime. Anne-France Goldwater semble ouvrir la porte à la fin de ce livre sur une possible carrière politique, affirmant avoir fait le tour de son métier d’avocate en droit de la famille, d’avoir tout donné de ce côté. Certains la voient déjà en découdre avec le maire de Montréal Denis Coderre aux élections municipales de 2017.
Si c’est bel et bien son souhait, cette biographie est un formidable tremplin pour se propulser dans l’arène.
«Anne-France Goldwater: Plus grande que nature» par Martine Turenne, Éditions Libre Expression, 304 pages, 27,95 $.
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