Littérature
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Le triptyque jeunesse de François Gilbert · Leméac · 625 pages
Comprend les romans Hare Krishna, Hare Rama et Mayapur
Pour moi, François Gilbert reste l’une des plus belles découvertes littéraires que j’ai faite depuis Haruki Murakami, et la comparaison n’est pas anodine, puisque je n’avais jamais lu un écrivain qui empruntait avec autant d’aplomb la grâce et la finesse des plumes nippones! Après avoir été séduit par Coma et La maison d’une autre, c’est avec un plaisir renouvelé que je me suis lancé dans ce triptyque jeunesse sur la découverte de soi et la quête du bonheur.
Avec Hare Krishna, Hare Rama et Mayapur, l’écrivain québécois nous lie d’amitié avec Mickael Dionne, un adolescent sensé mais égaré, qui semble nager en pleine crise existentielle. Et franchement, il y a de quoi l’être: à seize ans, il quitte sa communauté beauceronne pour devenir un dévot de Krishna dans un temple montréalais à des centaines de kilomètres de la maison familiale. À son retour, pour la mise en terre de son paternel décédé, il est méconnaissable pour ses proches: il a le crâne rasé, il est vêtu d’un simple pagne indien, et sa mère trouve qu’il a maigri.
Mais sous ces traits émaciés se terre un esprit davantage en paix avec lui-même et ce qui l’entoure, même qu’il semble, à travers son cheminement spirituel, avoir trouvé les outils pour vaincre cet esprit compétitif qui l’habitait, sa difficulté à s’écouter, son «[…] désir d’être quelqu’un d’autre pour répondre à des attentes imaginaires…»
De page en page et de fil en aiguille, le lecteur va apprendre à mieux accepter les motivations et impulsions de ce protagoniste, qui se rendra jusqu’à Mayapur, en Inde, aux côtés de sa flamme Johanna, pour se sauver de la personne qu’il a été pour en devenir une meilleure encore, pour lui et pour les autres. À mon avis, c’est là que réside la plus grande force de François Gilbert: il a su donner la vie à des personnages complexes qui ont tous à apprendre de la vie.
Voilà une trilogie qui fait du bien et qui donne envie de faire le bien autour de soi.
«Hunger Games: la ballade du serpent et de l’oiseau chanteur» de Suzanne Collins · Pocket Jeunesse · 607 pages
Le prequel où vous saurez tout sur Coriolanus Snow!
Je me confesse: avant d’ouvrir ce plus récent opus de Suzanne Collins, je n’avais jamais eu la curiosité de découvrir la série Hunger Games, que jugeais trop «adolescente» à mon goût. Je n’ai aucune idée sur quoi je me basais, et en plus, ce n’est vraiment pas dans mes habitudes de livrer un jugement trop hâtif sur une œuvre.
Comme il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, j’ai décidé de me lancer une bonne fois pour toutes et d’apprivoiser cette trilogie de science-fiction de Suzanne Collins, qui met en scène Katniss Everdeen, interprétée par Jennifer Lawrence au grand écran, pour mieux comprendre les raisons pour lesquelles cette histoire violente et cruelle, basée sur l’esprit compétitif de l’homme qui se bat pour sa survie, a connu un tel succès au box-office.
Après avoir investi pas moins de sept heures de ma vie à dévorer la trilogie complète à l’écran, j’ai, cette fois, reposé mes yeux pour découvrir le prequel de la série, ce récit qui raconte l’ascension de Coriolanus Snow, alors âgé de 18 ans, un jeune homme nouvellement adulte et par essence sain d’esprit, devenu ignoble en raison de son désir d’ascension et de sa soif de compétition.
À ma grande déception, Katniss Everdeen était loin d’exister à l’époque de la dixième édition annuelle des Hunger Games, j’ai donc dû faire le «deuil» de sa sympathique personne avec La ballade du serpent et de l’oiseau moqueur, mais ça m’a au moins permis d’approfondir la psychologie du personnage de Coriolanus Snow, l’irascible président de Panem. Car ce charmeur, prêt à toutes les ruses et astuces pour accéder au succès et au pouvoir, devra faire preuve d’inventivité pour faire gagner sa candidate le matin de la Moisson, et tout au long des Hunger Games, puisqu’il s’est vu confier une candidate du district Douze qui n’a pas le flair et la précision de tir d’une Katniss…
Ce quatrième opus, qui est «non officiellement» le premier de la série, porte très bien son nom de page turner, puisque, je l’avoue, je l’ai lu d’une traite sans trop de difficulté. Bien sûr, la prévisibilité est au rendez-vous, mais Collins a le sens de la surprise, voyez par vous-même.
Bon, il ne me reste plus qu’à découvrir Harry Potter pour vrai, maintenant…
«Cursed» (La rebelle en version française) de Thomas Wheeler et Frank Miller · Édito · 499 pages
Le livre qui a inspiré la série éponyme présentée sur Netflix
Moi qui lis que très rarement des romans graphiques à la sauce Marvel, je me suis vraiment surpris à vouloir mettre de côté un bon polar pour donner une chance à Cursed (La rebelle), un roman graphique inspiré de la légende arthurienne.
Mon petit doigt me dit que c’est possiblement la faute à Katherine Langford, l’actrice australienne qui m’avait beaucoup touché dans 13 Reasons Why! Sur la couverture rééditée aux couleurs de la série sur Netflix, on la voit en train de tenir à deux mains l’épée légendaire de Merlin l’enchanteur, les cheveux dans le vent, et ça m’a donné l’envie de découvrir qui est cette Nimue ou cette Sorcière Sang-de-Loup, comme certaines langues mal intentionnées la surnomment…
Pour votre culture personnelle, Nimue ou Nimuë est l’appellation moderne de la Dame du Lac (The Lady of the Lake), apparue pour la première dans la littérature médiévale aux côtés de Lancelot et d’Arthur. Ici, Wheeler, qui a co-scénarisé Le Chat potté (2011), a fait équipe avec l’illustrateur Frank Miller afin d’offrir une version alternative de la légende de la Table ronde.
Bon, comme je le disais précédemment, je ne suis vraiment pas un fan d’histoires médiévales et chevaleresques où il y a en plus de la magie et de la sorcellerie. La preuve: je me suis lassé après trois saisons de Game of Thrones, ça en dit déjà long. Par contre, j’ai été attiré par une force magnétique avec Cursed, et c’est possiblement parce que le personnage de Nimue est plus grand que nature, épris de ce désir de faire le bien, et aussi parce que les péripéties qui l’attendent, après que son village ait été pillé par les Paladins rouges, ne m’ont vraiment pas laissé en reste. De l’action, il y en a dans le détour, et c’est ce qui m’a tenu en haleine jusqu’à la fin!
Seule note négative: Frank Miller, dont la réputation n’est plus à faire, a peut-être bien une feuille de route impressionnante, selon l’inépuisable source d’informations qu’est Wikipédia, mais qu’est-ce que j’ai trouvé ses illustrations affreuses! Les traits de Nimue, du chevalier Arthur ou Merlin l’enchanteur sont grossiers, comme fait à la va-vite, et le choix du noir et blanc enlève selon moi toute humanité à ces personnages plus grands que nature. D’ailleurs, je ne m’explique pas ce choix d’avoir dessiné seulement cinq illustrations en couleur dans le lot… Mauvaise, très mauvaise idée.
Et c’est dommage, car ça me donne envie de vous recommander davantage la série sur Netflix. La saison un comporte dix épisodes, mais il vous faudra patienter pour la suite, car Wheeler et Miller feront équipe à nouveau et ils semblent avoir l’ambition d’en faire une trilogie! À suivre…