«Zoom sur un classique»: le septième art célèbre ses 125 ans – Bible urbaine

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«Zoom sur un classique»: le septième art célèbre ses 125 ans

«Zoom sur un classique»: le septième art célèbre ses 125 ans

De l'invention du cinématographe à aujourd'hui

Publié le 12 janvier 2021 par Mathilde Renaud

Crédit photo : Louis et Auguste Lumière

En mars 1895, les frères Lumière présentaient leur toute nouvelle invention: le cinématographe. Cet appareil visait à capter le mouvement sur une pellicule pour ensuite projeter les images enregistrées sur un écran. Quelques mois plus tard, le 28 décembre 1895, naissait le cinéma. Cette date charnière marque la première projection payante à Paris, sur le Boulevard des Capucines. Trente-trois spectateurs ont assisté à cette séance, et quelques semaines plus tard, la salle en accueillait près de 2 500! Le septième art tel que nous le connaissons est donc apparu il a de cela 125 ans! Certes, le cinéma a subi des évolutions très importantes depuis sa naissance, mais le plaisir initial demeure sensiblement identique: apprécier les formes en mouvement. Depuis 1895, il s'avère être une expérience impressionnante, parfois plus grande que nature. Zoom sur un art qui porte notre imaginaire depuis plus d'un siècle.

De la chronophotographie au cinématographe

En 1882, Étienne-Jules Marey s’intéresse au mouvement. Il invente un «fusil photographique» qui lui permettra alors de capturer plusieurs clichés les uns à la suite des autres, pour ensuite être copiés sur la même plaque. Le mouvement est ainsi linéaire et permet à Marey de voir les petits détails des gestes qu’un humain ou qu’un animal peut poser.

Vers la fin des années 1880, l’inventeur du phonographe, Thomas Edison, se donne comme mission d’inventer, cette fois pour la vue, ce que le phonographe a permis d’explorer avec nos tympans! Il conçoit alors deux appareils. Un premier, pour enregistrer les images, et un second, pour les regarder. Ce dernier était équipé d’un disque avec un obturateur qui laissait passer la lumière, tout en éclairant successivement les images qui passaient «au dessus». L’impression de mouvement dans le temps est ainsi créée. Le seul petit souci: une seule personne à la fois pouvait regarder à travers la petite lunette. L’appareil est toutefois un succès et permet à Edison de voyager à travers le monde.

Antoine Lumière, le père d’Auguste et de Louis, découvre alors le kinétoscope. Il donne comme mandat à ses deux fils de créer un appareil qui rivalisera avec la création d’Edison. En février 1895, les deux hommes déposent leur brevet pour le cinématographe. Ainsi, c’est en s’inspirant, en partie, des techniques de Marey, pour l’impression des photographies et de l’obturateur, qu’Auguste et Louis ont réussi à mettre au point le cinématographe. Et c’est à ce moment que leurs premières vues furent créées…

Or, il est primordial de préciser que les premiers courts métrages existaient avant même l’arrivée des frères Lumière. Cependant, ce sont eux qui ont instauré la première projection «à grand déploiement», où les spectateurs partageaient tous la même salle.

C’est la naissance de l’expérience collective. Le cinéma est désormais créé. Il n’est plus seulement un amusement de fête foraine!

Le documentaire des frères Lumière

Pour certains critiques et chercheurs, les deux ingénieurs sont les fondateurs du documentaire. Leurs vues proposent d’ailleurs de nombreuses scènes de la vie quotidienne. Parfois, ils enregistrent même des tranches de leurs vies personnelles! Par exemple, dans leur court métrage Le repas de bébé, les trois «acteurs» sont Auguste Lumière, sa conjointe et sa fille.

Un autre de leurs films, L’arroseur arrosé, s’avère une mise en scène d’un jardinier victime d’une blague d’un petit malin. C’est l’une des rares oeuvres où une mise en scène est présente! De manière générale, les deux premiers cinéastes voulaient simplement filmer la vie quotidienne, comme elle se présentait à eux. Certes, une caméra (ce qui était très inhabituel pour l’époque) placée devant ces gens les empêchait d’être naturels.  En 2021, il est difficile de s’imaginer que L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat avait causé tout un émoi lors de sa projection, devant une foule qui a pris peur face à l’arrivée rapide de la locomotive.

Somme toute, leurs oeuvres restent d’une importance capitale dans l’histoire du cinéma. Aujourd’hui, les images mouvantes font partie de nos vies. Et grâce aux frères Lumière, qui ont pavé (une partie!) du long chemin qui nous mène jusqu’à aujourd’hui, nous reconnaissons que la vie, dans toute sa simplicité, peut être un plaisir à regarder.

L’imaginaire de Méliès

Né en 1861, à Paris, Georges Méliès est l’un des premiers à s’intéresser au cinématographe d’Auguste et de Louis Lumière. Il a même voulu acheter leur brevet, mais un membre de la famille a refusé, en précisant que c’était pour lui éviter la ruine, car eux-mêmes n’avaient pas confiance en leur invention. Mais Méliès, illusionniste de carrière, avait compris tout ce qu’il pourrait faire avec un appareil de la sorte. Cela n’empêche donc pas le futur cinéaste à acheter un autre appareil et à fonder sa compagnie de production: Star Film. Ainsi débute sa carrière de réalisateur.

Il décide donc de tourner ses tours de magie habituels en y ajoutant cette fois des effets spéciaux. Ces effets prennent différentes formes. En effet, avec l’arrêt sur image, il peut faire apparaître n’importe qui ou n’importe quoi en quelques instants. Il utilise aussi la surimpression à ses fins.

La surimpression est une technique où la pellicule imprégnée d’images est rembobinée afin d’enregistrer une autre image sur la première impression. Cette technique lui permettait ainsi de jouer avec les perspectives. Par exemple, si un personnage rêvait, il pouvait laisser un espace vide pour ensuite ajouter la séquence du rêve sur cette même pellicule.

Méliès est le pionnier de la fiction et des contes fantastiques. Avec ses différents trucages, il réussit à créer des effets uniques et même à envoyer ses personnages sur la Lune! Il est aux antipodes des frères Lumière, qui préféraient une présentation simple de la vie quotidienne. Le cinéma de Méliès, c’est une explosion de couleurs (oui, ses plans étaient colorisés)! Le cinéaste a d’ailleurs livré de nombreuses oeuvres aussi uniques les unes que les autres. 

Malheureusement, son art est rapidement tombé dans l’oubli et son studio est passé à l’état de ruine. Il a fait faillite et il a dû donner de nombreux films. Ceux-ci ont été en grande majorité brûlés. La fin de la vie d’artiste de Méliès reste assez tragique. Et pourtant, encore aujourd’hui, ses productions émerveillent les plus jeunes et ses nombreuses techniques sont encore utilisées.

Un art forgé au fil des époques…

Le cinéma que nous connaissons aujourd’hui, qu’il soit d’auteur ou à portée commerciale, a évolué pendant plus de 125 ans. Certes, c’est une forme d’art extrêmement jeune comparée à la littérature ou aux beaux-arts! Cependant, en 125 ans, nous voyons bien que nos sociétés, nos technologies et notre manière de raconter des histoires ont bien évolué depuis.

Une oeuvre cinématographique, c’est un témoin d’une époque. C’est un médium ancré dans le temps. D’ici les cinquante prochaines années, l’esthétique du dernier Star Wars, par exemple, ne sera pas aussi belle et soignée, car les techniques auront évolué. Par contre, ces films témoigneront de ce qu’aura été leur époque. La force du cinéma, c’est aussi sa facilité à représenter la vie.

De nombreux artistes ont su nous partager, à nous, spectateurs et cinéphiles, leur passion pour le septième art. Tous ont contribué à créer cet art que nous connaissons bien aujourd’hui. Qu’auraient été les films de suspense sans l’apport d’Hitchcock? Et la science-fiction, sans Metropolis de Fritz Lang?

Et n’oublions pas tous ces cinéastes étrangers, qui nous cultivent sur le monde et sur ses différentes croyances. Je pense entre autres à Wong Kar-wai, qui nous fait découvrir les rues de Hong Kong. À Leone, qui a créé un tout nouveau style de western, en mélangeant ses origines et celles des États-Unis. À Truffaut aussi, qui a fait naître le cinéma d’auteur. À Chaplin, qui a émerveillé le monde entier. À nos propres cinéastes québécois, qui s’efforcent de faire rayonner notre province partout dans le monde.

À tous ceux et celles qui créent ou qui ont créé: merci. Merci pour votre amour indéniable envers cet art. Merci de nous faire découvrir des images qui nous sortent des sentiers battus. Parce que, parfois, ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’être emmené ailleurs.

…qui n’est pas prêt à s’essouffler!

2020 n’aura pas été une année facile pour le cinéma. 2021 ne le sera pas non plus. Malgré tout, je nous souhaite à tous de continuer à nous enrichir en images. Les nombreuses plateformes de vidéo sur demande et les séries télévisées nous sauvent la vie. Profitez-en pour visionner des classiques ou des oeuvres qui dépassent le cadre que vous connaissez bien. C’est le moment idéal d’approfondir nos connaissances, même devant un petit écran!

Oui, l’expérience est loin d’être aussi impressionnante qu’à l’intérieur d’une salle de cinéma, mais l’important, c’est d’en profiter et de se divertir coûte que coûte. J’espère bien que les salles rouvriront bientôt. D’ici-là, je vous souhaite une bonne année 2021 remplie de bons films et de bonnes découvertes!

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