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Crédit photo : www.fantasiafestival.com
La différence entre un bon auteur et un mauvais auteur, c’est le discernement» – Alice (Ana Girardot)
Mathieu Vasseur est un écrivain de 26 ans qui n’a encore jamais réussi son «opération séduction» auprès des éditeurs de la Ville lumière. De refus en refus, il essaie tant bien que mal d’écrire les 2500 mots par jour que lui recommande Stephen King sur un post-it épinglé au-dessus de sa table de travail. Mais décidément, il stagne devant son éternelle page blanche. Un beau jour, alors qu’il travaille à titre de déménageur chez un vieil homme décédé, il tombe par hasard sur un vieux manuscrit de guerre. Avare, Vasseur s’empare du carnet, le lit d’un bout à l’autre, et plagie son contenu pour en faire sien: le roman Sable noir. C’est le début d’une grande ascension dans la cour des grands, entrevues et Prix Renaudot à l’appui, mais aussi la chute d’un homme qui a osé violer la mémoire d’un mort.
Justement comparé à la signature d’un Polanski et d’un Jacques Deray à l’époque de La piscine − Gozlan se paie d’ailleurs un clin d’œil avec un plan en contre-plongée de la séduisante Ana Girardot en maillot − Un homme idéal est un suspense qui emprunte ses codes narratifs à ceux qui ont par le passé excellé dans le genre: Hitchcock, Ozon et même Cantet, avec la thématique du mensonge dans L’emploi du temps. Avec cette prémisse en accéléré et ces chamboulements qui s’alternent jusqu’à une chute prévisible mais ô combien haletante, ce nouveau petit chef-d’œuvre du réalisateur français réussit son pari de retenir l’attention. Avec une prestation bien sentie de Niney, que Gozlan a bien entraîné pour ses gros plans axés sur ses grands yeux sombres et vides, et l’accent mis sur la musique dramatique tout en crescendo, on peut certes avouer que ce polar est d’une efficacité indéniable.
Malgré quelques clichés et scènes prévisibles, on félicite Yann Gozlan d’avoir eu l’audace de pimenter son scénario de répliques humoristiques pour détendre en quelque sorte l’atmosphère, tendue d’un bout à l’autre. Un suspense dont on ressort satisfait et franchement secoué.
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de la rédaction