«Les trésors enfouis de Netflix» – Septembre 2016

«We Are the Best!» de Lukas Moodysson

Le saviez-vous? La Suède n’est pas seulement la mère patrie de Volvo, Spotify et IKEA: avec à peine 9,5 millions d’habitants, il s’agit aussi du troisième exportateur mondial de musique après les États-Unis et la Grande-Bretagne! De ABBA à In Flames, en passant par Lykke Li et Millencolin, cette belle contrée scandinave maîtrise non seulement l’art du son, mais aussi celui du cinéma. Et si les sous-titres ne vous gênent pas, We Are the Best! (ou Vi Är Bäst! en langue originale) saura certainement vous faire apprécier les deux à la fois. Dans un Stockholm des années 80, trois adolescentes en quête d’identité décident de former un groupe punk afin de se rebeller contre leurs parents, professeurs et, surtout, tous les garçons ayant déjà osé se moquer d’elles. D’une espièglerie contagieuse et toute naturelle, elles partageront, du haut de leurs 13 ans, une amitié qui pourra peut-être plier au gré des désaccords, mais jamais se briser. Ce dernier opus du cinéaste et romancier Lukas Moodysson est aussi charmant qu’il est tapageur.

«End of Watch» de David Ayer

Pas facile, de nos jours, de trouver un thriller policier qui ait vraiment de l’intérêt. Passé sous le radar lors de sa sortie en 2012, End of Watch est l’une de ces œuvres d’exception ayant bénéficié des choix pour le moins risqués de son réalisateur. David Ayer – à qui l’on doit l’excellent scénario de Training Day – nous transporte donc dans les rues impitoyables de Los Angeles à travers différentes caméras manipulées par ses personnages eux-mêmes, deux jeunes agents de police interprétés par Jake Gyllenhaal et Michael Peña. Et si la chimie opère à merveille entre ces derniers, c’est en partie grâce à leur extraordinaire dévotion. En effet, les deux acteurs ont sillonné ensemble les rues de la métropole californienne aux côtés de véritables unités policières pendant pas moins de cinq mois avant d’entreprendre le tournage du film… Poursuites en voiture, violence domestique et fusillades mortelles à l’appui.

«Anomalisa» de Duke Johnson et Charlie Kaufman

Comme le suggère son titre, ce film est une anomalie. Entièrement tourné en animation stop-motion et coréalisé par un expert en la matière, il est né de la plume légendaire de Charlie Kaufman, maître scénariste derrière Being John Malkovich et Eternal Sunshine of the Spotless Mind, dont on reconnaît d’emblée les thèmes de prédilection. Crises existentielles, réflexions sur le sens de la vie et métaphores surréalistes sont sa marque de commerce, mais on n’aurait jamais cru les voir s’exprimer aussi splendidement par des pantins. Nommé dans la catégorie «Meilleur film d’animation» lors de la dernière cérémonie des Oscars, Anomalisa focalise sur un personnage nommé Michael Stone, un expert en service à la clientèle qui, lors d’un voyage d’affaires dans un hôtel des plus banals, réalise qu’il est sur le point de succomber à l’éternelle monotonie de sa vie quotidienne. Une œuvre troublante et mélancolique à visionner un jour de pluie.

La série originale «The Get Down»

Après avoir germé pendant pas moins de dix ans dans l’esprit visionnaire de Baz Luhrmann (Romeo+Juliet, Moulin Rouge, The Great Gatsby), cette série en six épisodes est une autre production originale à grand déploiement qu’on ne peut voir que sur Netflix. Cela dit, ayant eu le malheur d’avoir été mise en ligne moins d’un mois après le phénomène Stranger Things, elle n’a certainement pas reçu toute l’attention qu’elle mérite. Explorant l’avènement de la scène hip-hop et du disco dans le Bronx des années 70, The Get Down est un hommage vibrant à la musique en tant qu’exutoire et met de l’avant une brochette de jeunes interprètes de talent. Appuyés par quelques visages connus du vaste univers des séries télé, dont ceux de Jimmy Smits (Dexter, Sons of Anarchy) et Giancarlo Esposito (Breaking Bad), ils offrent un spectacle musical comique et extravagant qui pourrait très bien devenir votre prochain plaisir coupable.

«While We’re Young» de Noah Baumbach

Réunissant Ben Stiller, Naomi Watts, Adam Driver et Amanda Seyfried, While We’re Young est une comédie rafraîchissante et délicieusement représentative de notre époque. Se moquant gentiment de la culture hipster et de tout ce qui est en vogue actuellement, elle présente le conflit générationnel d’un couple de quadragénaires qui, contrairement à tous leurs amis et connaissances, ne sont pas devenus parents. S’étant liés d’amitié avec un couple de jeunes étudiants créatifs et spontanés, ils font l’expérience du style de vie branché purement new-yorkais auquel ils ont toujours aspiré, mais peinent à tenir la cadence. Sincère, sympathique et sans prétention (ou presque!), ce huitième long-métrage de Noah Baumbach vient nous rappeler que rien ne sert de se comparer aux autres et que, parfois, la meilleure thérapie contre nos petites remises en question est l’autodérision.