«The Lady in the Van» de Nicholas Hytner avec Maggie Smith

Pourtant appuyé par une Maggie Smith formidable qu’on aurait plus que jamais envie de serrer tendrement dans nos bras (c’est elle la dame vivant dans une camionnette), The Lady in the Van ne perd aucun temps (cinq minutes tout au plus) à se compromettre de la plus stupide des façons, c’est-à-dire en «scrappant le punch», comme on dit en bon français.

La bévue se déroule comme suit. Mary Shepherd, au volant de son bolide en pleine campagne, heurte un motocycliste. Plutôt que de s’arrêter et d’attendre une ambulance aux côtés du malheureux, notre lady prend la fuite, sous le regard d’un homme qui a tout vu. Ellipse. Mary vit maintenant dans l’itinérance, utilisant pour se loger le même véhicule que lors de l’accident. On pourra la voir en de multiples occasions à la confesse de l’église locale, refusant l’absolution que lui prodigue un prêtre à chacune de ses visites.

Voilà comment on s’y prend pour tuer un semblant de mystère en deux temps trois mouvements. De toute beauté! L’ignoble péché devient intolérable lorsque l’on comprend que ce fichu Alan Bennett (interprété à l’écran par Alex Jennings) passera une bonne partie du film à tenter d’exposer le passé de miss Shepherd, pour finalement nous apprendre uniquement ce que l’on savait déjà depuis le début, avec en prime quelques petites informations sans grand impact (la dame avait reçu une éducation avant de sombrer dans la déchéance, quelle surprise!).

The Lady in the Van ne fait donc que du surplace durant près de deux heures…

Et fichu Bennett, car le récit (au titre pour le moins trompeur) gravite en très grande partie autour de sa petite personne. Sympathique, mais affichant autant de prestance qu’un bol de gruau laissé en plan sur le comptoir de cuisine, il nous convie entre autres péripéties à recevoir des visites de sa mère (une de ses plus grandes inspirations artistiques) et puis, surtout, à l’observer monologuer avec son propre double, accentuant du même coup son manque criant de panache. Une autre idée discutable, celle-là… Heureusement que Miss Sheperd ne rôde pas loin!

Car hormis un «mystérieux» visiteur qui semble lui chercher noise, tous ne peuvent que tomber sous le charme de cette femme farouche et fière comme pas une! Ce qui rend d’autant plus dommage qu’elle ne représente au final qu’un accessoire mis à la disposition de Bennett et de sa plume.

The Lady in the Van fait partie de ces films «bouillon de poulet pour l’âme» auxquels on aurait aimé ajouter quelques rasades de bouillon et une bonne ration de nouilles. Le film est trop gentil, sans envergure et mollasson, à l’image de son personnage central et on aura tôt fait de le laisser traîner aux oubliettes. Si vous vous attendiez à une œuvre s’apparentant à un Harold et Maude, passez votre chemin.

À sa défense, il faut bien le souligner, The Lady in the Van ne livre aucune leçon de vie en guise de conclusion.

Seigneur, on l’aura échappé belle, pour une fois!