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Crédit photo : www.facebook.com/pg/summerof84movie
Ayant séduit de nombreux fans de genre au Québec en 2015 avec Turbo Kid, œuvre présentée également au festival Fantasia, l’équipe montréalaise RKSS, composée des réalisateurs François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell, sont de retour avec le slasher Summer of 84, un autre périple dans l’ère de la console de jeu Atari, mais totalement différent de Turbo Kid, qui se déroulait dans un monde post-apocalyptique.
C’est un film beaucoup plus familier que son prédécesseur qui se voulait volontairement cinglé et subversif. Dans ce deuxième long métrage de fiction, on suit un groupe d’ados qui embarquent dans une quête lugubre pour dénicher la terrible vérité de leur quartier.
Les influences sont multiples; on pense notamment à la série américaine Stranger Things, par son esthétique visuelle et sonore, mais aussi son approche rétro remodelée qui rend hommage aux années 80. Les nostalgiques se rappelleront de cette belle époque menée par les Goonies de Steven Spielberg.
Le jeune Davey Armstrong (Graham Verchere), 15 ans, est convaincu que sa banlieue abrite la plus grande malédiction de l’Amérique. Ce dernier est un adepte de conspiration, avec une chambre couverte de pages de journaux. Mais cette semaine, une véritable horreur est venue bouleverser le quotidien dans la région de l’Oregon aux États-Unis: la police vient d’annoncer que le «Cape May Strangler» a tué plus d’une douzaine de garçons dans des villes avoisinantes. Et Davey est persuadé de l’identité du tueur.
Travaillant avec des preuves très douteuses, Davey essaie de convaincre ses trois amis (une équipe classique remplie de clichés: le gosse joufflu et obsédé par les magazines de fesses, le super-nerd portant des lunettes surdimensionnées, et, bien sûr, le soi-disant charmeur de femmes alias douchebag des années 80) que le tueur en série est son voisin situé de l’autre côté de la rue, le policier Wayne Mackey (Rich Sommer), un homme fort sympathique et admiré par tous, mais également solitaire. Cela dit, il connaît la famille de Davey depuis plusieurs années.
Les garçons commencent à traquer l’homme en question de manière compulsive, le traînant autour de la ville et creusant à travers ses ordures à la recherche de potentiels indices. Alors qu’ils arrivent la plupart du temps les mains vides, le film a cette formidable capacité de tenir en haleine jusqu’au bout le spectateur grâce à une musique rétro signée par le duo Le Matos et à une réalisation impeccable qui maîtrise les codes de l’horreur (souvent joués pour le soulagement de la trame comique). Au moins, le spectateur est convaincu que les quatre protagonistes sont potentiellement sur une piste.
Davey passe beaucoup de temps à scruter à travers les rideaux de sa chambre avec ses jumelles, comme s’il était James Stewart dans Rear Window réalisé par Alfred Hitchcock en 1954. Une partie du suspense est généré en gardant les héros confinés à leur domicile, lesquels sont incapables d’intervenir dans l’action qu’ils observent de loin. Les cinéastes québécois greffent la paranoïa de cette prémisse dans un récit initiatique ravivé avec délectation par l’esprit d’exploration de Stranger Things, où il est impossible de compter sur les adultes.
Avec un rythme lent dans un idiome beaucoup plus habituel, contrairement à Turbo Kid presque inventé de toute pièce, Summer of 84 se focalise principalement sur la constante obsession de Davey sur l’agent Mackey. Comme dans le Zodiac de David Fincher, il ne faut pas s’attendre à un film d’action, mais bien à un film d’atmosphère.
Le film tourmente les spectateurs de manière assez efficace, avec beaucoup de secousses qui suggèrent que les garçons sont sur la bonne voie, mais jamais assez. Par contre, des tentatives pour étoffer les personnages ne fonctionnent pas particulièrement bien; c’est le cas, notamment, dans une sous-intrigue romantique un peu maladroite impliquant Davey et l’ex-gardienne de ce dernier (Tiera Skovbye). Plus d’une fois, de telles séquences brisent brusquement le fil narratif de l’intrigue, rendant des transitions malhabiles au mystère du meurtre.
On apprécie la nouvelle direction que les RKSS ont prise pour Summer of 84, mais le film n’est pas aussi mémorable ni aussi rafraîchissant que Turbo Kid, qui se démarquait par son énergie, par son originalité et par son audace. Malgré tout, ces trois réalisateurs sont des talents indispensables pour diversifier le cinéma de genre au Québec.
Si vous avez manqué la première canadienne de Summer of 84, ne vous inquiétez pas! Il sera présenté les 3 et 4 août au Cinéma du Parc.
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