Programme double à Fantasia 2017: «Friendly Beast» et «Poor Agnes» – Bible urbaine

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Programme double à Fantasia 2017: «Friendly Beast» et «Poor Agnes»

Programme double à Fantasia 2017: «Friendly Beast» et «Poor Agnes»

Kidnapping vs. huis clos sauvage

Publié le 31 juillet 2017 par Éric Dumais

Crédit photo : wwww.fantasiafestival.com

Pour cette deuxième semaine de marathons de films à Fantasia, on s’est laissé tenté par une production canadienne qui investissait le pavillon J.A. de Sève presque en même temps que Valerian and the City of a Thousand Planets de Luc Besson où on s’est fait refuser l’entrée! Qu’à cela ne tienne, nous sommes allés chercher notre dose de divertissement ailleurs et, franchement, nous n’avons pas été totalement déçus! Ainsi, nous avons visionné Friendly Beast et Poor Agnes.

«Friendly Beast» de Gabriela Amaral Almeida

Présentée d’entrée de jeu comme étant une œuvre viscérale et intense en compagnie de la réalisatrice, qui était de passage à Montréal pour la grande occasion, il faut dire que la barre était déjà haute, quelques secondes avant la fermeture des lumières, pour le visionnement, en première mondiale, du film O Animal Cordial («Friendly Beast» en anglais). Et l’intensité dramatique fut à la hauteur, dans ce long métrage en formule huis clos où chacun se bat pour sa survie.

Au premier abord, la soirée semble se dérouler comme un charme, entre les quatre murs du restaurant espagnol La Barca, ni boui-boui ni trop chic. Un client est assis seul à une table, et non de là, le patron, la serveuse et les cuisiniers s’activent à quelques minutes de la fermeture de la cuisine. Sauf qu’un couple, un brin éméché, va faire son entrée dans le restaurant avec la ferme intention de se payer un bon petit repas de fin de soirée et de noyer le tout avec un bon vin. La patience du personnel sera mise à rude épreuve, et tout un chacun devra continuer son travail malgré l’attitude limite désinvolte du couple. Jusqu’à tant que deux hommes, cagoulés et armés, fassent leur entrée dans le restaurant à un moment où personne ne s’y attendait.

Critique-Friendly-Beast-Fantasia-2017-Bible-urbaine-02

Le film est à peine commencé qu’on remarque instantanément le travail visuel de Gabriela Amaral Almeida, qui porte une grande attention aux mouvements de la caméra, et surtout à la justesse des plans. Ainsi, les plans fixes, à une certaine distance, permettent une incursion intime dans la bulle des personnages, laissant au spectateur le temps de les apprivoiser. Puis une succession de gros plans permet une entrée plus à vif dans leur intimité, comme si la réalisatrice désirait nous laisser à voir les signes corporels dénotant des sensations, voire des états d’âme. Parce qu’il faut l’avouer: la mise sous tension se fait graduellement, dans Friendly Beast, et on voit ainsi les personnages passer d’un état à l’autre au fil de l’action.

Ceux-ci entrent donc, et un peu malgré eux, dans une espèce de cercle de tension, de trahisons et de mensonges, afin d’assurer sa survie et bien paraître aux yeux du patron, qui a réussi, par un tour de force et avec ses airs à la John Travolta, à reprendre le pouvoir. Saluons ici le travail de la distribution d’acteurs, qui sont tous excellents, et aussi les nombreuses références animalières qui apportent une part de symbolisme à ce premier long métrage de la réalisatrice, que l’on connaît de The Father’s Shadow.

Assister à la transformation de ces humains en bêtes sauvages et prêtes à s’entretuer, grugeant de la viande à l’os ou encore baisant sauvagement dans une mare de sang, puis entendre une trame dance kitsch et même une reprise en version 8-bit des «4 saisons» de Vivaldi, voilà de bonnes raisons de voir Friendly Beast, l’une des plus belles surprises, surprenante et détonante à souhait, de la présente édition de Fantasia.

Note: 5 étoiles

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