CinémaCritiques de films
Crédit photo : Festival international de films Fantasia 2016
«White Coffin» de Daniel de la Vega avec Julieta Cardinali (Espagne, 70 minutes)
Celui qui s’était fait la main grâce à Necrophobia présente, cette année, les fruits de son travail réalisé de pair avec les scénaristes Ramiro Garcia Bogliano et Adrian Garcia Bogliano (Penumbria, Cold Sweat) ainsi que l’actrice espagnole Julieta Cardinali. White Coffin est un hommage aux films d’horreur des années 80 jouant sur les platebandes de la démesure avec un brin trop d’excitation.
L’histoire, d’une pauvreté sans borne, se résume aussi vite que le temps que ça l’a pris avant qu’un premier spectateur ne se lève de son siège pour aller voir si ailleurs il était. Virginia (Julieta Cardinali) et la jeune Rebecca roulent en voiture sur les routes argentines jouant naïvement aux devinettes ensemble. Lorsqu’elles s’arrêtent à une station-service pour satisfaire l’estomac de sa fille unique, un drame d’une évidence criante survient: Rebecca se fait kidnapper par un vieux routard alors que sa mère était sortie à l’extérieur pour passer un coup de fil. Déroutée, Virginia devra se mettre à la poursuite du kidnappeur à ses risques et périls…
Dès l’ouverture du film, les attentes sont hautes: un huis clos en voiture, une musique d’ambiance tonitruante et par moments «chimpmunkesque» surgit de nulle part, criant dans nos tympans qu’un drame est sur le point de survenir. À ce moment précis, on se remémore le dérangeant Funny Games de Michael Haneke avec la performance du «timbré» John Zorn qui dressait bien la table.
Sauf que les trop grandes libertés prises à risque par le réalisateur et ce désir trop grand de vouloir rendre un hommage terrifiant et moderne auront suffi à faire de White Coffin un film épouvantablement mauvais que l’on endure plus qu’on apprécie.
«La modération a bien meilleur goût», dit-on.
«Let Me Make You a Martyr» de Corey Asraf (États-Unis, 102 minutes)
La première canadienne de Let Me Make a Martyr du nouveau venu Corey Assaf et du scénariste John Swab était certes fort attendue vendredi dernier, en majeure partie avec la supposée présence du chanteur goth Marilyn Manson, qui y tient l’un des rôles, en plus d’avoir joué à celui de producteur. Sauf que la star, présentement en tournée aux côtés de Slipknot, a annulé sa présence au Centre Vidéotron de Québec la veille, mais aussi et hélas au Theatre Hall de l’Université Concordia pour des raisons de santé.
Outre cet acte manqué, qui n’est pas catastrophique en soi, c’est à un thriller mélodramatique d’une grande déception auquel nous avons eu droit; une espèce d’hybride entre la lenteur d’un True Detective et l’esthétique cinématographique (un simple clin d’œil, cela dit) d’un Rob Zombie faiblissant. Le gros hic, c’est que ce premier opus d’Assaf prend du temps avant d’entraîner le spectateur dans sa spirale, pour cause d’une histoire zéro captivante où presque tous les personnages finissent par tomber, le corps criblé de balles… N’ayons pas peur des mots: sa principale qualité réside dans sa sublime direction photo, où le décor d’une Oklahoma décrépite et péquenaude dresse bien la table, sans oublier sa trame sonore, qui catapulte dans nos tympans un lot de pièces blues-rock avec un soupçon de soul qui donnent le ton à ce film-vendetta qui manque cruellement de fluidité à cause de ces incessants flashs-back.
Bref, on suit pendant presque deux heures le bad guy Drew Glass (Nike Nicotera), revenu en ville pour foutre le bordel, mais aussi et surtout pour régler ses comptes avec le chef de la pègre (le barbu Mark Boone Jr., Sons of Anarchy). Durant son séjour, il renoue avec sa petite amie, une paumée rongée par l’enfer de la drogue, mais au fil de ses rencontres, il s’enfonce de plus en plus, surtout avec cette histoire d’une petite fille kidnappée dans laquelle il trempe jusqu’au cou. Dans ce bled où la violence sévit, il y a aussi des tueurs qui suivent les ordres avec sang froid, comme ce croque-mort joué par Marilyn Manson, qui y tient une performance crédible mais sans grande incidence dans l’histoire.
On sent que le succès de Let Me Make You a Martyr tient davantage des gros noms qui composent son casting et que c’est exactement cela qui a alimenté le buzz autour de sa projection à Fantasia. Certes, ce n’est pas un navet du genre, mais certainement pas un incontournable du thriller américain. Au suivant!
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Par Festival international de films Fantasia 2016