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«On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux».
Pour le coup, c’est bien avec nos yeux que Mark Osborne nous propose de revivre cette «expérience cinématographique» selon ses propres mots. Et le résultat est particulièrement vilain, hormis les seize minutes tournée selon la technique du stop motion, qui nous plonge authentiquement dans l’univers du Petit Prince, seize minutes éclatantes où le réalisateur arrive à retranscrire merveilleusement la poésie, la pureté de l’oeuvre et les délicates aquarelles de l’auteur.
Est-ce suffisant pour une réalisation présentant un budget pharamineux de près de 80 millions de dollars US? Certainement pas! Et n’en déplaise à Mark Osborne, pourtant à l’origine de Kung Fu Panda, les attentes étaient ailleurs et très loin de ce film mièvre et sans saveur. On se retrouve donc avec un scénario hollywoodien, une femme célibataire et travaillante, qui élève sa jeune fille studieuse dans une banlieue typique des États-Unis avec pour seul mot d’ordre: la réussite de sa protégée à l’examen d’entrée d’une grande école. Heureusement, elle va rencontrer ce vétéran de l’aviation (calque de Saint-Exupéry), ce voisin facétieux qui jadis a rencontré Le Petit Prince dans le désert du Sahara et qui lui a crayonné un mouton.
Évidemment, on ressent fermement la résolution du réalisateur d’exposer ce monde «des grandes personnes qui ne comprennent rien» cher à Saint-Exupéry, cette société faite d’un «tas de gens sérieux» avec «des grandes personnes qui aiment les chiffres», mais Osborne n’arrive finalement qu’à reproduire le modèle d’une société formatée. La majeur partie du film nous fait virevolter au rythme des codes dignes des plus grands blockbusters à grands coups de scènes grandiloquentes agrémentées d’un 3D sans saveur, loin, très loin de la fraîcheur de l’esprit de l’ouvrage de l’aviateur.
Cette mise en abîme dénude parfaitement la substance du conte en nous plongeant dans les méandres d’un grenier bordélique et poussiéreux, comme l’allégorie de l’histoire originale l’est. Finalement, la magie n’opère pas, hormis durant ces quelques minutes artisanales d’une grande délicatesse, sauf qu’au final on sort du film las et navré par ce gâchis… Osborne évite ainsi le zéro pointé dans cette relecture inadéquate sans pour autant nous permettre d’assister à une sublimation de cette hymne à l’innocence désirée par Antoine de Saint-Exupéry.
Dès lors, il nous reste encore et toujours le livre, soigneusement rangé dans un coin de notre bibliothèque, pour que subsiste le charme et l’alchimie du Petit Prince…
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