«Love Projet», le quatrième film de Carole Laure – Bible urbaine

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«Love Projet», le quatrième film de Carole Laure

«Love Projet», le quatrième film de Carole Laure

Une belle surface

Publié le 1 novembre 2014 par Camille Masbourian

Crédit photo : Les Films Séville

Pour son quatrième film en tant que réalisatrice, Carole Laure a voulu présenter au public quelque chose de plus «grand public» que ses films précédents, espérant que dans la foulée de la sortie de Mommy les Québécois se déplacent en plus grand nombre pour voir les films d’ici. Pour ce faire, elle a choisi pour Love Projet deux genres généralement appréciés, lorsque bien maîtrisés: le film choral, et le film musical. Sauf que tout cela en même temps était peut-être un peu trop, puisque le résultat, bien que réussi en surface, manque cruellement de profondeur.

L’histoire centrale, c’est celle de la metteure en scène Touga (Céline Bonnier) et du spectacle qu’elle monte avec une troupe de jeunes artistes dans la trentaine. Autour de ça, les histoires personnelles de quelques-uns de ces artistes sont toutes prétextes à faire le portrait de la génération Y, une génération pour qui tout est généralement plus facile, mais qui peine tout de même à se trouver, à s’installer et à adopter les valeurs plus traditionnelles de ses parents. D’ailleurs, le propos est assez clair, nul besoin de le souligner à gros coups de «je me cherche», «je n’intéresse personne» et «ma vie est difficile», lors des séances de psychothérapie d’un des personnages.

Parmi ceux-ci, Alex (Benoit McGinnis), qui tente de s’occuper de son père dépressif, tout en souhaitant développer une relation avec Louise (Magalie Lépine-Blondeau), qui semble avoir une peur bleue de l’engagement, sauf en ce qui concerne Ève, sa «petite sœur», une adolescente droguée et prostituée. Et puis il y a Marc (Éric Robidoux), qui ne semble vivre que pour les gars qu’il ramène chez lui après ses soirées trop arrosées en compagnie de son amie Julie (Natasha Filiatrault), une mère monoparentale qui semble avoir eu son fils trop jeune, et qui a de la difficulté à s’en occuper convenablement. Et tout cela, c’est sans parler du triangle amoureux Marc-Elliott-Catherine, de la «relation» entre Touga et Julie, du couple plutôt louche qui semble vouloir adopter le fils de Julie, et de l’homme de la forêt qui demande au petit de l’aider à enterrer dans la forêt des valises dont on ignore le contenu. Qui est ce personnage? Que vient-il faire dans l’histoire? Aucune idée!

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Si le côté choral du film n’est pas tout à fait maîtrisé, le côté musical quant à lui est sa plus grande force. Toutes les chansons originales, signées Lewis Furey et chantées par les acteurs, sont magnifiques et se collent parfaitement bien au scénario. Il en va de même pour tous les numéros de danse. D’ailleurs, on en vient à se dire que par moments, on aimerait mieux voir le résultat final du spectacle, que le film dans lequel on nous montre les répétitions. Mention spéciale notamment à la scène de «Statis of Grace», la plus belle du film. Espérons que quelqu’un ait la bonne idée de sortir un album de la trame sonore.

L’autre grande force du film, c’est la direction photo et les images. Toutes les couleurs, la lumière et les plans viennent ajouter un effet de légère profondeur à cette histoire. Sauf qu’un effet de profondeur, ce n’est pas assez, et tout reste beaucoup trop en surface. Les dialogues, souvent prévisibles et convenus, sont un peu plaqués. Trop souvent, on a l’impression que les comédiens récitent leur texte. C’est notamment le cas d’Éric Robidoux, et de Natasha Filiatrault, dans les scènes avec sa thérapeute. Céline Bonnier, Benoit McGinnis et Magalie Lépine-Blondeau, trois interprètes de grand talent s’en sortent bien mieux, même si on les a tous déjà vus dans des rôles qui leur collaient mieux à la peau. La seule qui s’en sort à peu près parfaitement, c’est Louise Bombardier, presque aussi drôle que dans Série noire, même si son personnage est très secondaire.  

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Carole Laure avait presque tous les éléments pour faire un très bon film: de la bonne musique, des bons interprètes, de belles images. Malheureusement, c’est au niveau du scénario qu’il y a les principales faiblesses, avec une histoire qui se découd à trop d’endroits. Et un scénario faible, ça ne peut pas faire un chef d’œuvre.

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