«Longlegs» d'Osgood Perkins: un suspense d'horreur audacieux à la fin inattendue – Bible urbaine

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«Longlegs» d’Osgood Perkins: un suspense d’horreur audacieux à la fin inattendue

«Longlegs» d’Osgood Perkins: un suspense d’horreur audacieux à la fin inattendue

Une traque qui mène aux frontières du mal

Publié le 19 juillet 2024 par Manon Beauchemin

Crédit photo : Entract Films

Le plus récent long métrage du réalisateur Osgood «Oz» Perkins nous submerge dans un univers sombre qui nous fait croire que l'on se trouve au beau milieu d'un cauchemar bien éveillé. On y suit une jeune agente du FBI, Lee Harker (Maïka Monroe), qui est affectée à une affaire étrange dans laquelle un tueur en série du nom de Longlegs est soupçonné d’avoir assassiné des familles entières. À l’aide d’indices codés laissés sur les lieux et signés de la main de celui-ci, elle doit traquer ce tueur insaisissable avant qu'il ne frappe encore.

Mais au fil de ses recherches, Lee en vient à se demander si le tueur n’a pas un complice. Aucun signe d’une invasion de domicile n’est présent sur les nombreuses scènes de crime, ce qui la pousse à croire qu’une personne de confiance s’est certainement immiscée à l’intérieur des foyers sans attiser la crainte de qui que ce soit.

Puis, son collègue du FBI, l’agent Carter, lui fait remarquer que le tueur qu’elle pourchasse semble la connaître. Lorsqu’elle rend visite à sa mère et retourne dans la chambre de son enfance, elle tombe sur des photos et, parmi celles-ci, une d’entre elles attire son attention. Sur celle-ci se trouve un individu à l’air étrange qu’elle reconnait immédiatement. C’est lui!

Elle a déjà rencontré Longlegs…

Image tirée du film «Longlegs»

Dans la peau d’un tueur sadique

Nicolas Cage, qui joue le rôle du tueur en série démoniaque, est tout simplement incroyable! Sa posture, sa gestuelle, sa voix hautement perchée – qui rappelle celle d’une vieille dame – et son apparence, qui a probablement nécessité des heures de travail, en raison des prothèses et du maquillage, ont été complètement changées.

L’acteur, qui a souvent été la cible de critiques peu élogieuses au cours des dernières années vu ces mauvais choix de rôles au cinéma, prouve qu’il a encore ce qu’il faut pour être une tête d’affiche.

Le réalisateur et son équipe s’étaient assurés de ne pas dévoiler son apparence avant la sortie en salle du film, ce qui a permis de créer une aura de mystère l’entourant. Arborant une longue chevelure, un teint pâle, un regard glacial et une allure androgyne, il est méconnaissable.

Le pire, c’est qu’on ne le voit pas totalement avant un long moment, ce qui ajoute à l’angoisse. On le distingue au loin, ou encore son visage est flou ou recouvert par ses longs cheveux. À un moment donné, on peut le voir de la perspective de la fillette qui se trouve devant lui, c’est-à-dire jusqu’au milieu de son visage, et ce, sans entrer en contact avec son regard qui donne la chair de poule.

L’acteur se donne entièrement à son rôle, ce qui montre toute l’étendue de son talent. Il se moule au personnage et devient quelqu’un d’autre devant nos yeux, quelqu’un que l’on ne souhaite jamais croiser!

Image tirée du film «Longlegs»

L’actrice Maïka Monroe a d’ailleurs avoué en entrevue que le réalisateur a souhaité garder les deux acteurs séparés durant tout le tournage jusqu’à leur première scène ensemble, celle de l’interrogatoire. En le voyant, le cœur de la jeune actrice s’est tellement emballé qu’ils ont dû couper le son de son micro. L’équipe a ensuite intégré au montage le véritable audio de son pouls.

La performance de l’actrice américaine est elle aussi digne de mention. Elle incarne de manière convaincante une jeune enquêteuse anxieuse aux aptitudes sociales limitées. On pourra plus tard déduire que la surprotection de sa mère, la solitude et l’angoisse qu’elle a vécues durant son enfance ont eu un effet significatif sur sa personnalité.

Une atmosphère inquiétante

Jusqu’au bout du long métrage, d’une durée de 1 h 41 minutes, l’angoisse nous envahit. Le cinéaste – fils de l’interprète de Norman Bates dans Psycho (Anthony Perkins) – construit tranquillement la tension au fur et à mesure que l’héroïne s’approche du tueur.

Il nous amène dans un environnement charmant à l’apparence réconfortante, comme un paysage hivernal ou une jolie maison, seulement pour y créer l’effroi.

Dès la scène d’ouverture, lors de laquelle une jeune fille s’aventure à l’extérieur pour observer de plus près une voiture inconnue garée près de chez elle (celle du tueur), on retient notre souffle.

Les sons stridents, les battements de cœur accélérés, les respirations profondes ou saccadées, tout est mis en place pour concocter une atmosphère anxiogène. La musique n’est quasiment pas utilisée; c’est le bruitage qui fait tout le travail!

Image tirée du film «Longlegs»

Les images en gros plans nous donnent aussi souvent l’impression de nous retrouver au milieu de ce décor désagréable. La protagoniste, une jeune femme plutôt solitaire, se retrouve majoritairement au centre des plans, ce qui permet de créer une proximité avec son personnage.

Très souvent, les endroits où elle se trouve sont peu rassurants et mal éclairés, ce qui induit un stress supplémentaire lors du visionnement.

L’esthétisme, pour sa part, est sans faute. L’œuvre est visuellement magnifique, ce qui peut par contre devenir un problème pour ce genre de film, qui ne devrait pas être beau, mais plutôt repoussant, voire dégoûtant, afin d’ajouter un élément d’horreur.

Le format 4X4 utilisé pour retourner dans le passé (dans les années 1970) est quant à lui un bel ajout et rappelle un vieil album photos. Les tons riches de bruns et de rouges utilisés sont appropriés, puisqu’ils rappellent sans aucun doute la couleur du sang.

Une fin plutôt décevante: quelques divulgâcheurs en vue!

Le film qui était sur le point de devenir l’un des meilleurs du genre à prendre l’affiche ces dernières années a cependant totalement dévié de sa trajectoire vers la fin, laissant place à la déception la plus totale.

Longlegs s’éloigne de son scénario réaliste et nous conduit tout droit dans un univers paranormal peu crédible. Le suspense angoissant que l’on regardait se transforme en film d’horreur typique avec un bon nombre d’éléments surnaturels qui semblent plus ou moins cohérents avec le reste du film.

Image tirée du film «Longlegs»

Cette dernière partie est également surchargée; trop d’évènements ont lieu dans un court laps de temps et il devient difficile d’assimiler toutes les informations. Son rythme accéléré détone avec la lenteur à laquelle l’intrigue nous avait habitués dans les deux premières parties.

Non seulement ça, mais les vingt minutes restantes sont uniquement consacrées à expliquer en long et en large tout ce qui n’avait pas déjà été dit afin de ne laisser planer aucun doute… ni aucun mystère!

La comparaison avec Le silence des agneaux était prévisible, mais elle n’est pas valable, puisque la seule chose que les deux longs métrages ont réellement en commun est une traque au tueur en série effectuée par un protagoniste féminin. L’enquête ficelée par Perkins tient moins bien la route et ne suit pas d’un bout à l’autre la ligne directrice que son film s’était fixée au départ.

Le tueur autour duquel gravite l’histoire aurait aussi pu être davantage exploité, pas nécessairement au niveau de ses apparitions, mais dans le développement de son personnage. On ne sait pratiquement rien sur lui et sur les raisons qui ont fait de lui un être aussi perturbé et menaçant.

Ces éléments font en sorte que l’on repart du cinéma perplexe, ne sachant trop ce que l’on vient de voir. En ce sens, il est difficile d’apprécier l’ensemble de l’œuvre, ce qui est vraiment dommage.

Malgré quelques faux pas, Longlegs plaira sans doute à ceux et celles qui apprécient les films d’horreur de nature surnaturelle et il arrivera sans aucun mal à procurer quelques frissons à tous les autres.  Sur ce, bon cinéma!

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