«Le bruit des arbres», premier long métrage de François Péloquin – Bible urbaine

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«Le bruit des arbres», premier long métrage de François Péloquin

«Le bruit des arbres», premier long métrage de François Péloquin

Un regard neuf sur des thématiques typiquement québécoises

Publié le 8 juillet 2015 par Sara Thibault

Crédit photo : Christian Mouzart

Alors que Le bruit des arbres fait partie de la sélection officielle pour remporter le prestigieux Globe de cristal à la 50e édition du Festival international du film de Karlovy Vary, en République tchèque, ce premier long-métrage de François Péloquin prend l’affiche au Québec.

Avec deux excellents acteurs comme têtes d’affiche, Roy Dupuis et Antoine L’Écuyer (C’est pas moi, je le jure!), le film met en scène la complexité tout en finesse de la relation entre un père et son fils, tous deux pris dans une lutte pour préserver la scierie familiale dans la région de Matane. Le bruit des arbres s’inscrit dans l’air du temps, le cinéma québécois des dernières années fait la part belle à la figure de l’adolescent, que l’on pense à Mommy de Xavier Dolan, ou encore à Premier amour de Guillaume Sylvestre.

Dans son film, François Péloquin allie le caractère initiatique du récit d’adolescence avec une esthétique presque documentaire montrant le poids de l’héritage familial en régions plus éloignées. En trente tableaux, le réalisateur dresse le portrait de l’été de Jérémie (Antoine L’Écuyer): l’exploitation forestière, les partys sur le bord du fleuve, les virées de chars entre amis, le désir d’aller se faire voir ailleurs.

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Chacun de leur côté, Régis (Roy Dupuis) et Jérémie se questionnent sur l’exploitation de leur forêt et sur la course à la rentabilité inhérente à la modernité. Doivent-ils vendre leur terre? Est-ce à Jérémie de porter le poids de l’héritage familial? À travers ces remises en question, Péloquin jette un regard sur l’affaiblissement de la culture québécoise en région.

Les deux acteurs principaux arrivent à rendre compte de la complicité entre un père et son fils, malgré la remise en question existentielle qui les afflige, ainsi que de leur maladresse dans les manières qu’ils trouvent de se faire justice eux-mêmes. Ils excellent particulièrement dans les scènes sans parole, alors que Régis sélectionne minutieusement les arbres qu’il abat dans sa forêt ou que Jérémie se promène avec son chien sur les routes de campagne.

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Péloquin a également choisi de traiter le lieu comme un personnage en soi. Filmé à Saint-Ulric, Saint-Léandre, Baie-des-Sables, Sainte-Anne-des-Monts, Saint-Noël, Padoue et Matane, Le bruit des arbres montre la beauté et la variété des paysages de la Matapédia, tout en mettant en relief la solitude qu’elle implique.

Impossible de passer outre la qualité de la musique, qui participe grandement à la réussite du film et qui agit comme un miroir de l’intériorité de Jérémie, qui trouve dans le hip-hop sa plus grande échappatoire. En plus de la bande originale composée par Mimi Allard, on peut entendre des chansons de Loud Lary Ajust, Koriass, Dead Obies, Eman X Vlooper…

François Péloquin arrive à faire sa marque dans le paysage cinématographique québécois avec un film magnifique, tant par sa qualité visuelle que par le jeu de ses acteurs. Ses expériences en publicité et en documentaire lui ont certainement servi à arriver à un tel degré d’aboutissement avec Le bruit des arbres. Mentionnons que certaines images du film constituent le nouveau clip de la pièce «Dookie» tirée de l’album XXL d’Eman X Vlooper.

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