Entrevue avec François Péloquin pour «Le bruit des arbres» – Bible urbaine

CinémaEntrevues

Entrevue avec François Péloquin pour «Le bruit des arbres»

Entrevue avec François Péloquin pour «Le bruit des arbres»

À l’affiche au Québec dès le 3 juillet

Publié le 29 juin 2015 par Éric Dumais

Crédit photo : Christian Mouzard et Fabrice Gaëtan

Jérémie rêve d’une vie normale. D’un quotidien où il pourrait écouter, dans sa voiture, ses Loud Lary Ajust ou Dead Obies, seul ou en compagnie de ses chums, à faire le fou et à se péter la fraise, à l’occasion. Mais sa réalité est tout autre puisqu’il travaille à la scierie familiale aux côtés d’un père monoparental sensible mais exaspéré qui a visiblement d’autres ambitions pour son benjamin. Antoine L’Écuyer et Roy Dupuis se partagent la vedette dans ce premier opus de François Péloquin, avec qui Bible urbaine s’est entretenu à l’aube de la sortie du film, prévue le 3 juillet au Québec.

«C’est un été d’errance d’un adolescent de 17 ans qui habite en région. Son rêve de quitter la campagne n’est pas si clair; c’est plutôt un dialogue qui est amorcé avec ses origines, ses racines et lui-même. Ce qu’il se voit devenir, dans le portrait que son père lui offre, ça ne l’intéresse pas», nous a confié le scénariste et réalisateur, expliquant du coup l’enjeu autour de la relation père-fils qui unit, comme sur une corde raide, Jérémie (Antoine L’Écuyer) et Régis (Roy Dupuis). Et ce qui n’aide en rien l’adolescent, c’est aussi le départ de son frère aîné, qui a plié bagage il y a un temps pour s’évader de leur Matane natale.

Mais ce qui semble exaspérer Jérémie au plus haut point, c’est ce «trop-plein d’une sonorité qu’il connaît trop et qui l’irrite», d’où l’origine du titre Le bruit des arbres. «Quand on connaît trop bien notre famille, on veut s’en éloigner un peu. Les choses qui nous agacent chez elle, on les porte en nous», a ajouté le réalisateur, l’air philosophe. Et c’est justement à partir de cette réflexion que les scénaristes François Péloquin et Sarah Lévesque ont élaboré une histoire en tous points réaliste axée autour de la thématique de l’adolescence et de ce désir puissant mais vital d’aller à la découverte d’un ailleurs.

Le-bruit-des-arbres-Roy-Dupuis-Francois-Peloquin-Antoine-Lecuyer-entrevue_03

«J’avais envie de mettre en scène des adolescents dans une forme d’errance. Selon mon point de vue, la culture québécoise vit un moment d’adolescence; elle est mal avec ses origines. Pour moi, la culture, ce n’est pas ce qui fait la une du Elle Québec ni ce que l’on montre dans les grands médias et qui change chaque semaine, ou chaque mois. Elle a de vrais fondements et, ceux-là, on les voit plus facilement en région. Les médias devraient prendre soin de nos origines en s’assurant qu’ils montrent la mouvance des régions, la culture agricole, les travailleurs, la nature et la relation qu’on entretient avec elle», a-t-il ajouté.

Le bruit des arbres n’est donc pas en soi une critique personnelle ou sociétale, mais bien un levier pour le tandem de scénaristes François Péloquin et Sarah Lévesque de «discuter à mots couverts de l’état de la culture au Québec». Certes, mais bien avant cela, il fallait une idée de départ, et l’éclair de génie s’est produit à la lecture d’un fait divers, paru dans La Presse à l’été 2006: «C’est une communauté de l’île Grand Manan, au Nouveau-Brunswick, qui a décidé de se faire vengeance et de brûler la maison du dealer local et de le renvoyer chez lui. Ça explique bien comment les régions sont tissées serrées et ça met surtout en lumière le problème éthique autour de l’idée de se faire justice soi-même». Petit à petit les imaginations conjointes des deux scénaristes mettaient en place les éléments qui allaient définir les contours d’un récit réaliste.

Le-bruit-des-arbres-Roy-Dupuis-Francois-Peloquin-Antoine-Lecuyer-entrevue_01

C’est seulement à la dernière mouture du scénario que François Péloquin a pensé à Roy Dupuis dans l’interprétation du paternel Régis, comme si c’était une évidence. «Je le savais qu’il était capable de jouer un père moderne, non pas un père rempli du mutisme qu’on connaît; un père sensible, qui a élevé ses enfants tout seul. Roy est très bon pour dévoiler des sentiments sans les mots.» Et pour interpréter sa progéniture, François Péloquin a vu défiler bon nombre de jeunes au talent fou, mais aucun n’avait le physique de l’emploi, sauf un. «J’avais besoin de quelqu’un dont le physique est construit, qui a travaillé. J’aime le visage emprunt d’une certaine dureté d’Antoine L’Écuyer et je trouvais que ça servait très bien le personnage de Jérémie.»

Pour ceux qui souhaitent se laisser envoûter par le jeu réaliste des acteurs, par l’œil avisé du directeur photo François Messier-Rheault, mais aussi par cette succession d’épreuves qui vont forger la personnalité de Jérémie, comme celle de son père Régis, il va de soi que vous allez avoir les émotions à fleur de peau à l’écoute du film Le bruit des arbres. «J’encourage les gens à aller voir un film qui va solliciter leur sensibilité, qui va leur demander de se mouiller, d’être engagé. J’encourage les gens à aller voir un portrait de région. J’encourage aussi les gens à voir un film différent, à la fois réaliste et plein d’impressions», a ajouté François Péloquin, visiblement fier de ce premier opus.

Le bruit des arbres prend l’affiche le 3 juillet 2015 dans plusieurs salles au Québec.

L'événement en photos

  • Entrevue avec François Péloquin pour «Le bruit des arbres»
  • Entrevue avec François Péloquin pour «Le bruit des arbres»
  • Entrevue avec François Péloquin pour «Le bruit des arbres»
  • Entrevue avec François Péloquin pour «Le bruit des arbres»
  • Entrevue avec François Péloquin pour «Le bruit des arbres»
  • Entrevue avec François Péloquin pour «Le bruit des arbres»
  • Entrevue avec François Péloquin pour «Le bruit des arbres»
  • Entrevue avec François Péloquin pour «Le bruit des arbres»
  • Entrevue avec François Péloquin pour «Le bruit des arbres»

Par Bible urbaine

Nos recommandations :

Général Films-2015-Bible-urbaine-Crimson-Peak-Inside-Out-Heart-of-the-Sea

10 films à surveiller en 2015

Vos commentaires

Revenir au début