«Le baptême de…» Wes Anderson – Bible urbaine

Cinéma

«Le baptême de…» Wes Anderson

«Le baptême de…» Wes Anderson

Un premier saut dans le septième art avec «Bottle Rocket» (1996)

Publié le 24 août 2015 par Alyssia Duval

Crédit photo : http://tstmkr.tv

Plusieurs n’ont appris à reconnaître la griffe de Wes Anderson qu’après la consécration de son mémorable The Grand Budapest Hotel lors du dernier gala des Oscars. Saviez-vous, pourtant, qu’il s’agissait déjà de son huitième film? Avant de se vanter d’avoir récolté autant de statuettes que le majestueux Birdman d’Iñárritu, le cinéaste de 46 ans avait effectivement donné naissance à une succession de titres encore trop méconnus qui, à mon humble avis, méritent aussi leur lot d’éloges. C’est la raison pour laquelle j'aurai l'honneur et le plaisir, grâce à cette nouvelle chronique mensuelle, de vous faire (re)découvrir l’œuvre de nos réalisateurs favoris en revisitant leur tout premier long-métrage en carrière.

Bien que ce soit Rushmore (1998) qui l’aura vraiment fait remarquer du grand public, le baptême cinématographique de Wes Anderson remonte à cinq ans auparavant, alors qu’il réussit à se faufiler dans la programmation du festival de Sundance grâce à un court-métrage à modeste budget intitulé Bottle Rocket.

Co-écrit avec un camarade de classe de l’Université du Texas – jeune blondinet dénommé Owen Wilson – et mettant en vedette ce dernier aux côtés de son petit frère Luke, le film parvient à piquer la curiosité d’un producteur du nom de James L. Brooks (l’un des trois initiateurs de la mythique série animée The Simpsons). Malgré leur expérience quasi inexistante, cette rencontre fortuite permet finalement à Anderson et aux frères Wilson d’obtenir le soutien financier de la société Columbia Pictures pour faire de leur projet un long-métrage digne de ce nom.

Ainsi renaît Bottle Rocket en 1996: une comédie sans prétention qui raconte l’aventure saugrenue de Dignan (Owen), un éternel enfant ayant pour ambition de partir en cavale avec son meilleur ami Anthony (Luke), fraîchement sorti d’une institution psychiatrique, afin de mener la vie palpitante de criminels professionnels. Méticuleusement planifié pendant l’absence d’Anthony et débutant avec le cambriolage d’une bibliothèque municipale, le fabuleux projet de Dignan sera évidemment semé d’embûches et mettra au défi une amitié qu’il croyait inaltérable, car lorsque la belle Inez (Lumi Cavazos) croise leur chemin dans un motel, le cœur de son camarade part au galop.

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On l’aura surtout constaté dans The Grand Budapest Hotel, la signature visuelle de Wes Anderson est tellement unique qu’on peut la reconnaître en quelques secondes. La symétrie des cadrages, l’harmonie des couleurs, les décors éclatants, le rapport warholien aux objets, le théâtralisme des personnages, leur naïveté enfantine, les costumes vintage… Autant d’éléments font de son style une véritable marque de commerce, et même si certains ne voient en lui qu’un caricaturiste exubérant, d’autres – comme moi! – ne savent simplement pas résister aux charmes de son petit monde pittoresque.

Fondement de la filmographie d’un homme que l’on considère aujourd’hui comme le réalisateur le plus novateur de la comédie indépendante américaine, Bottle Rocket est une relique joliment imparfaite, témoignant déjà de la dévotion du cinéaste pour les personnages socialement mésadaptés, à l’innocence enchanteresse. Et si Bottle Rocket est (de loin) la moins extravagante de ses productions, on ne peut qu’apprécier de voir germer, derrière les deux têtes brûlées que sont Dignan et Anthony, l’univers unique de Wes Anderson.

Mon coup de cœur par Wes Anderson: «The Royal Tenenbaums» (2001), avec les frères Wilson, Bill Murray, Danny Glover, Gwyneth Paltrow et Ben Stiller.

Prochaine chronique à surveiller en septembre: «Shallow Grave» (1994) de Danny Boyle. Consultez nos précédentes chroniques au labibleurbaine.com/?s=Le+baptême+de…

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