«Le baptême de…» Spike Jonze – Bible urbaine

Cinéma

«Le baptême de…» Spike Jonze

«Le baptême de…» Spike Jonze

Devenir maître des marionnettes avec «Being John Malkovich» (1999)

Publié le 1 février 2016 par Alyssia Duval

Crédit photo : Gracieuseté Universal Pictures

Alors là! Voici un cinéaste dont il était essentiel de discuter dans notre chronique. Qu’encore si peu de gens soient familiers avec l’œuvre de Spike Jonze est un sacrilège à mes yeux, car il est sans contredit l’un des réalisateurs les plus inventifs de notre époque. Et avec un nom comme celui-là, on ne peut qu’être cool et dans le vent… Permettez-moi de vous démontrer à quel point.

Outre son statut de cinéaste oscarisé (pour Her en 2013), Spike Jonze est planchiste professionnel, co-propriétaire de Girl Skateboards, producteur exécutif de la franchise Jackass et directeur créatif du grand réseau Vice Media, en plus d’avoir conçu et réalisé de nombreux vidéoclips pour des artistes influents tels que les Beastie Boys, Björk, Kanye West, Daft Punk, Weezer et Arcade Fire. Acteur à ses heures, on peut lui voir la bouille dans Three Kings de David O. Russell, The Wolf of Wall Street de Martin Scorsese et dans un épisode de la série Girls. Je vous l’avais bien dit qu’il était cool!

Né Adam Spiegel dans le modeste état du Maryland, Spike Jonze a fait ses premiers pas dans l’univers du septième art alors qu’il était encore marié à Sofia Coppola. C’est entre les mains de l’illustre paternel de cette dernière qu’était tombé, par sérendipité, un mystérieux script intitulé Being John Malkovich. Signé par un parfait inconnu du nom de Charlie Kaufman, le projet avait déjà essuyé plus d’un rejet de la part de différentes compagnies de production qui l’avaient jugé «infilmable». Mais pour Francis Ford Coppola, une telle chose n’existe pas.

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Voilà pourquoi je voue un amour tout particulier à ce film: Il s’agit non seulement du premier long-métrage d’un brillant réalisateur, mais aussi celui d’un auteur de génie. Sur un pied d’égalité avec Alan Ball (American Beauty), Charlie Kaufman est, à mon humble avis, le meilleur scénariste de sa génération. Reconnu pour le caractère existentiel et surréaliste de son œuvre, ce dernier se cache notamment derrière l’histoire bouleversante d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind, qui lui aura aussi valu l’Oscar du meilleur scénario original en 2004.

Revenons donc à nos moutons. Qui ne s’est jamais demandé ce qui peut bien se passer dans la tête de quelqu’un d’autre? Et qui n’a jamais voulu savoir ce que c’est que d’être riche et célèbre? Dans Being John Malkovich, la question devient littérale.

John Cusack y interprète Craig Schwartz, un marionnettiste raté dont l’existence modique et monotone l’oblige à travailler pour une grande corporation new-yorkaise en tant que commis au classement de dossiers. Ainsi, c’est derrière un classeur qu’il fera l’incroyable découverte d’un étrange portail menant directement… dans la tête de John Malkovich (l’acteur, le vrai, qui joue son propre rôle pour le bien du film). Ayant partagé sa trouvaille avec sa femme Lotte (Cameron Diaz) et sa séduisante collègue Maxine (Catherine Keener), les trois développent une obsession pour cette expérience sensorielle extraordinaire, qui finira par dégénérer en relation tripartite malsaine et paradoxale, que je préfère vous laisser découvrir vous-mêmes.

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Assumant pleinement l’absurdité de sa prémisse, Being John Malkovich est une comédie intelligente et d’une très rare originalité. Nul besoin de s’attarder sur la dévotion de son acteur titulaire, sa performance magnétisante justifiant déjà tout le succès du film; on ne s’attendrait à rien de moins de la part de Malkovich, dont le curriculum comptait déjà plus d’une vingtaine de rôles importants avant celui-ci. Le véritable défi que représentait un scénario aussi audacieux était de dénicher un réalisateur capable d’en faire ressortir toute l’essence, et il ne fait absolument aucun doute que Jonze était bel et bien, malgré son inexpérience, l’homme de la situation.

Heureusement pour nous, ce premier long-métrage n’aura pas été son dernier, et les trois qui ont suivi – Adaptation, Where the Wild Things Are et Her – sont tous plus fascinants les uns que les autres. Bien qu’il ne puisse nous offrir un film par an comme le font miraculeusement certains autres cinéastes, Spike Jonze est un nom à retenir, car sa force silencieuse éblouit à chaque nouveau souffle.

Mon coup de cœur par Spike Jonze: «Adaptation» (2002), d’après un scénario de Charlie Kaufman.

Prochaine chronique à surveiller: «Blood Simple» (1984) des frères Coen.

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