«Le baptême de…» Danny Boyle – Bible urbaine

Cinéma

«Le baptême de…» Danny Boyle

«Le baptême de…» Danny Boyle

Premières explorations d’un cinéaste touche-à-tout avec «Shallow Grave» (1994)

Publié le 22 septembre 2015 par Alyssia Duval

Crédit photo : Peteryang.com et The Criterion Collection

Le mois dernier, je vous proposais de percer l’univers excentrique de Wes Anderson en revisitant son premier film, Bottle Rocket (1996), dans lequel on pouvait déjà voir germer son style si singulier. Cette fois-ci, attaquons-nous plutôt à un homme tout aussi passionné, mais dont l’œuvre se caractérise surtout par une incroyable diversité de genres, de thèmes, de tons et de techniques. Reconnu comme étant l’un des plus importants réalisateurs britanniques au monde, Danny Boyle se dit pourtant «très fier d’être un citoyen comme les autres», figurant désormais parmi les quelques humbles individus ayant poliment rejeté le titre de Chevalier.

De la bande d’héroïnomanes de Trainspotting (1996) à l’odyssée de survie qu’est 127 Hours (2010), en passant par le paradis perdu de The Beach (2000), les zombies de 28 Days Later (2002), les astronautes de Sunshine (2007) et les bidonvilles indiens dans Slumdog Millionnaire (2008), on pourrait dire que le cinéaste de 58 ans est passé par bien plus de quatre chemins pour en arriver à ce statut.

Comme pour Wes Anderson, c’est grâce à une rencontre fortuite lors d’un festival que Danny Boyle, après plus de dix ans de carrière dans le milieu du théâtre et de la télévision, a finalement sauté la clôture pour s’éprendre du septième art. Une ambition qu’il caressait depuis sa découverte du film Apocalypse Now (1979) de Francis Ford Coppola, la naissance de son premier long-métrage remonte donc à 1991, alors qu’il s’associe au jeune producteur Andrew MacDonald et au scénariste John Hodge après quelques conversations enthousiastes sur les bancs du Festival international du film d’Édimbourg. Trois ans plus tard, tous les écrans du Royaume-Uni projetaient Shallow Grave, et Shallow Grave projetait non seulement la carrière de son réalisateur, mais aussi celle de l’acteur écossais Ewan McGregor qui, depuis, accumule les premiers rôles à un rythme impressionnant.

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Trois colocataires, un cadavre et une mallette pleine de fric: une prémisse des plus classiques, certes, mais ce qu’elle définit est une œuvre avant-gardiste et délicieusement cynique sur les aléas d’une amitié peu à peu salie par la cupidité. Adéquatement intitulée Petits meurtres entre amis en version française, cette comédie criminelle à petit budget étonne par la fluidité des allées et venues entre l’humour, la violence et le délire. Partageant parfaitement la tête d’affiche, McGregor, Kerry Fox et Christopher Eccleston (le Doctor Who édition 2005) incarnent trois personnages plus haïssables les uns que les autres et, pourtant, on ne peut qu’apprécier la chimie explosive qui les unit. Derrière ses jeux de caméra ambitieux et un montage réglé au quart de tour, le cinéaste semble canaliser une pincée de Quentin Tarantino par-ci, un brin de Guy Ritchie par-là, résultant en une proposition hautement estimable pour une première production.

Présentement en tournée des festivals pour dévoiler son plus récent opus mettant en vedette Michael Fassbender dans le rôle de Steve Jobs – espérons qu’il s’agisse de la meilleure, mais aussi de la dernière biographie dédiée au gourou d’Apple –, Danny Boyle n’a certainement pas fini de générer de l’engouement et ne tardera pas à perpétuer son œuvre. Il y a deux semaines à peine, il confirmait aux médias que sa tant attendue suite de Trainspotting est bel et bien en développement. Réunissant son quatuor original (Ewan McGregor, Robert Carlyle, Jonny Lee Miller et Ewan Bremner), elle devrait paraître en 2016, soit juste à temps pour souligner le vingtième anniversaire du film.

Malgré l’immense succès dont il jouit aujourd’hui, Danny Boyle n’a pas perdu une once de la passion qui l’animait au tout début et considère encore Shallow Grave comme le point culminant de son parcours puisque rien, même pas son scintillant Oscar, ne peut surpasser la magie de la première fois.

Mon coup de cœur par Danny Boyle: «28 Days Later» (2003), avec Cillian Murphy, Naomie Harris, Brendan Gleeson et Christopher Eccleston.

Prochaine chronique à surveiller le 5 octobre: «Un 32 août sur terre» (1998) de Denis Villeneuve. Consultez nos précédentes chroniques au labibleurbaine.com/?s=Le+baptême+de…

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