«Le baptême de...» Alejandro González Iñárritu – Bible urbaine

Cinéma

«Le baptême de…» Alejandro González Iñárritu

«Le baptême de…» Alejandro González Iñárritu

«Chiennes de vies» avec «Amores Perros» (2000)

Publié le 18 janvier 2016 par Alexandre Beauparlant

Crédit photo : Tous droits réservés

Birdman l'a consacré aux yeux du grand public l'an dernier. Son plus récent film, The Revenant, devrait lui aussi faire bonne figure. Décidément, Iñárritu vit en ce moment une renaissance artistique, ayant passé près, à l'instar de Riggan Thomson, de devenir lui-même un has been. En effet, les attentes envers Birdman se voulaient modestes. Après tout, le cinéaste mexicain semblait s'embourber dans des projets aux résultats de plus en plus mitigés. Qu'elle semblait loin, cette époque où Amores Perros vit le jour!

Premier volet d’une «trilogie sur la mort» (poursuivie avec 21 Grams, puis Babel), Amores Perros, ou Amours chiennes dans sa version française, possède un titre fonctionnant à deux niveaux. D’abord, bien sûr, il y a tous ces chiens: Cofi, Richie et les autres… De braves bêtes chamboulant malgré eux les évènements, éprouvant au passage leurs maîtres désemparés.

Puis il y a l’amour, évidemment. L’amour impossible ou contrarié, celui qui fait mal. Les trois principaux protagonistes du film, Octavio (Gael Garcia Bernal), Valeria (Goya Toledo) et El Chivo (Emilio Echevarria) partagent donc cette même déveine sentimentale, ainsi qu’une affection particulière pour la race canine.

Divisé en trois segments liés par un accident de voiture, le récit suit d’abord Octavio, petit mec sympathique qui découvre par accident que son bon toutou Cofi est en fait une véritable machine à tuer. Flairant l’opportunité de gagner plusieurs beaux dollars (et du même coup convaincre sa belle-sœur qu’il est un bon parti), Octavio s’aventure dans l’univers underground des combats canins.

La deuxième partie s’attarde sur le cas de Valeria, une mannequin. Récemment emménagée dans un appartement et victime d’un violent accident de voiture, elle y prend du repos, sa jambe brisée demandant une longue convalescence. Lorsque son chien Richie disparaît sous le plancher, des tensions naissent entre elle et son amant.

On termine les présentations avec El Chivo, un clochard tueur à gages, bossant sur un contrat tout en tentant d’approcher sa fille qui ne l’a jamais connu et le croit mort.

Ne réalise pas une anthologie à segments entrecroisés qui le veut bien! Un nombre impressionnant de cinéastes se cassent la gueule à tenter le coup, voulant réinventer la roue (ou pire, n’essayant rien du tout) et offrant, au final, un produit inégal. Un peu comme Paul Thomas Anderson qui avait sorti l’année précédente Magnolia, Iñárritu pouvait s’enorgueillir d’offrir un solide long-métrage où chacune de ses trois parties savaient capter l’attention, évitant les redondances et offrant un éventail de situations humaines, d’émotions différentes.

Amores Perros n’est pas que le baptême de son réalisateur, mais aussi en quelque sorte celui de Gael Garcia Bernal, tout frais au début de la vingtaine, dans un premier rôle d’importance au cinéma. Un choix bougrement éclairé. Cette information révèle du même coup une vérité fondamentale à propos d’Iñárritu: le cinéaste mexicain a du flair pour repérer le talent qu’il lui faut.

Car, bien qu’il soit un technicien hors pair, un expert des plans-séquences vertigineux et du montage non linéaire, le succès de celui qu’on surnomme Negro ne serait tel sans la contribution de ses remarquables comédiens. Imaginez un seul instant Birdman sans la présence de Michael Keaton. Impossible! Le film en entier est modelé autour de lui. Ce serait comme de retirer John Malkovich de Being John Malkovich!

Enfin, aucun personnage ne sort indemne d’Amores Perros, et la rédemption, s’il en est une pour ceux qui la cherchent, ne s’obtient pas sans laisser de traces. Riches, pauvres, hommes, bêtes, personne n’y échappe. Cette souffrance, autant physique que morale, on la retrouvera dans tous les projets d’Iñárritu. Biutiful, l’un des films les plus déprimants des dernières années, en représente un exemple éloquent, où rien, mais alors rien ne va. Quant à la souffrance physique, on sait d’or et déjà que le beau Leo, autant l’acteur que le personnage qu’il incarne, en aura largement bavé durant le tournage du Revenant.

Iñárritu serait-il donc un sadique? La question est lancée!

Mon coup de cœur par Alejandro González Iñárritu: «Birdman» (2014).

Prochaine chronique à surveiller: «Being John Malkovich» (1999) de Spike Jonze. Consultez nos précédentes chroniques au labibleurbaine.com/?s=Le+baptême+de…

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