«Knock Knock» d'Eli Roth – Bible urbaine

CinémaCritiques de films

«Knock Knock» d’Eli Roth

«Knock Knock» d’Eli Roth

Infidélité et châtiment

Publié le 25 octobre 2015 par Alexandre Beauparlant

Crédit photo : www.facebook.com/knockknockmovie

Double ration d'Eli Roth! Après le pénible The Green Inferno présenté en septembre dernier, voilà qu'il nous livre Knock Knock, un thriller érotico-comique bien plus digeste et à ne surtout pas prendre au premier degré, remake (encore une fois) d'un film obscur des années 1970.

L’intrigue rappelle un épisode de Bleu Nuit. Evan (Keanu Reeves), un père de famille aimé et aimant, aux chouettes valeurs (la fidélité en faisant évidemment partie) se retrouve seul à la maison pour le week-end. En effet, son épouse et leurs deux enfants l’ont laissé seul pour se rendre à la plage. Evan doit s’abstenir afin de mettre la touche finale à un important contrat architectural qui devrait occuper la majeure partie de son temps. La santé financière de leur ménage en dépend, semble-t-il.

Un peu de musique sur table tournante, une petite rasade d’eau-de-vie; les choses se déroulent rondement alors que le patriarche s’allume un pétard… ou plutôt, s’apprêtait à allumer un pétard. C’est que, voyez-vous, deux jeunes et jolies demoiselles toutes trempées, aux yeux suppliants, viennent tout juste de sonner à la porte de sa demeure. Elles lui expliquent s’être trompées de maison en voulant se rendre à une fête. D’abord hésitant, Evan les laissera entrer se sécher un brin, le temps qu’un Uber vienne les chercher.

Genesis (Lorenza Izzo, dont on avait pu voir les beaux yeux marron dans The Green Inferno, film douteux dont elle tenait la vedette) et Bel (Ana de Armas, une autre splendide jeune femme, venue des contrées lointaines d’Espagne) éveilleront peu à peu l’instinct sexuel moribond, cette petite chose recroquevillée et tapie dans un coin sombre de l’esprit d’Evan. Par ailleurs, ce dernier n’a eu aucun rapport intime avec sa douce moitié depuis déjà plusieurs semaines. Evan menace pour ainsi dire de faire exploser son pantalon à tout moment.

S’ensuit un petit jeu taquin, constituant le premier acte de Knock Knock. À force d’allusions de moins en moins subtiles, de rapprochements qu’Evan tente tant bien que mal d’esquiver en se déplaçant constamment d’un fauteuil à l’autre du salon, mais surtout d’une fellation sournoise (Bonne fête des Pères!, glousseront Genesis et Bel avant de commettre l’acte en duo), le patriarche émoustillé se laissera, au bout du compte, céder à la tentation. 

Le lendemain, les emmerdes débuteront.

Genesis et Bel ont en affection un jeu bien particulier. Trouver un homme marié, le séduire, lui remettre son infidélité sous le nez et puis faire de sa vie un misérable enfer. Peut-être même le tuer dans le processus.

knock knock facebook

Eli Roth signe, avec Knock Knock, une oeuvre s’éloignant en partie du gore gratuit auquel il nous avait habitués. En partie, car si le gore se montre absent (à peine verrons-nous quelques gouttes de sang), le «gratuit», quant à lui, affiche encore présent. Aucun motif logique ou valable n’explique le comportement de Genesis et Bel. Se donner autant de mal à tester la volonté d’un homme, frôlant le harcèlement pour parvenir à leurs fins, pour ensuite appliquer un châtiment implacable d’une sévérité absurde. Drôle de passe-temps, vous en conviendrez. Raison ,d’ailleurs, pour ne pas prendre le film au premier degré. L’exagération est volontaire.

Oh, il y a bien certains passages lourds et lassants, et ce, dans tous les degrés imaginables, notamment lorsque les deux succubes donnent la morale à Evan et nous l’enfoncent dans la gorge du même coup. Soyez certain qu’à la fin du long métrage, chacun saura à quoi s’en tenir: l’infidélité, c’est mal. À cela, nous pourrions ajouter le post-scriptum suivant: les hommes sont tous des porcs assoiffés de sexe.

Qu’à cela ne tienne! Le film, dans son ensemble, dégage une aura sympathique et même loufoque. On pouvait entendre certains amateurs de cinéma jubiler de plaisir dans la salle (j’en faisais partie). Un genre de plaisir coupable. On apprécie (n’allons pas jusqu’à aduler) ou on déteste. Avis aux amateurs de citations, Keanu Reeves livre un monologue délirant qui saura plaire aux amateurs de Nicolas Cage circa Drive Angry. Délicieux.

L'avis


de la rédaction

Nos recommandations :

Critiques de films the_green_inferno-2 poster 2

«The Green Inferno» d’Eli Roth

Vos commentaires

Revenir au début