CinémaEntrevues
Crédit photo : Festival international de films Fantasia
Isabelle Gauvreau était là au début du Fantastique week-end du cinéma québécois. Elle est donc bien placée pour mesurer l’évolution qu’il a connue ainsi que de la vitesse avec laquelle la façon de faire du cinéma a changé. Premièrement, grâce à la démocratisation du matériel, «la qualité au niveau visuel a augmenté. On a présenté un court-métrage, Jacob’s Wrath d’Alexandre Carrière, ça n’aurait pas été possible il y a dix ans, de présenter un film comme ça. C’est incroyable comment ça a fait exploser la qualité du court-métrage»
Au-delà des changements par rapport au médium en tant que tel, et bien que cette instance, jouxtée à la multiplication des écrans et l’accessibilité quasi instantanée a à peu près tout, influencent certainement le choix des cinéphiles lorsque vient le temps de regarder un film, qu’est-ce qui est différent entre ce que les gens voulaient voir il y a dix ans et ce qu’ils veulent voir maintenant?
À cette question, Isabelle Gauvreau mentionne tout de go que «ce qui intéresse les gens aux longs et aux courts-métrages n’est pas exactement la même chose». Le public de courts-métrages doit être «prêt à vivre des expérimentations», puisque dans un programme d’une heure et demie, il peut y avoir de l’animation, de l’horreur, de la science-fiction, etc. Tandis que les longs-métrages, de par leurs durées notamment, surtout au niveau de la culture mainstream, vont peut-être moins prendre de risques, pour diverses raisons. Pour ce qui est de voir des cinéastes qui prennent des risques, pas besoin de souligner que les cinéphiles de Fantasia sont à la bonne place. Dans l’incarnation de la représentation et la promotion du cinéma de genre, la réputation mondiale de Fantasia n’est plus à faire.
À ce sujet, que pense la programmatrice de notre cinéma québécois de genre versus celui américain ou étranger, qu’est-ce qui le distingue? «Le cinéma québécois est soutenu par une histoire qui est émotivement impliquée. Il y a toujours quelque chose de sensible dans ce qui est présenté. Même en science-fiction ou en horreur. Un cinéma d’horreur par exemple avec une portée féministe, ce n’est pas nécessairement le cas partout. C’est un cinéma qui est différent».
Sur les 450 films reçus cette année, 83 ont été retenus. La programmatrice et ses collègues se font un point d’honneur de tous les regarder. Une fois le festival terminé, le visionnement recommence, puisque déjà, d’autres soumissions leur sont envoyées. À travers les activités connexes, dont le Regard sur le court-métrage au Saguenay, d’où plusieurs courts-métrages présentés sont choisis pour faire partie de la programmation du Fantastique week-end québécois, Isabelle Gauvreau n’a pas le temps de voir ce dernier passer, justement.
En terminant, quelques talents à surveiller lors de cette fin de semaine? Celui de Priscillia Piccoli, «une jeune femme qui a fait du cinéma plus léger et qui, avec son dernier film, a vraiment pris une tournure plus sociale. Je suis convaincue que cette femme-là va se rendre loin.»
Fantasia se poursuit jusqu’au 3 août 2016 inclusivement. Profitez-en pour faire le plein de films et pour prouver que notre cinéma est bien vivant, allez faire un tour au Fantastique week-end du cinéma québécois! J’entends déjà la foule si unique de Fantasia miauler et applaudir… bon cinéma!