Entrevue avec Philippe Le Guay, réalisateur du film «Floride» – Bible urbaine

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Entrevue avec Philippe Le Guay, réalisateur du film «Floride»

Entrevue avec Philippe Le Guay, réalisateur du film «Floride»

À l’affiche au Québec dès aujourd’hui

Publié le 27 novembre 2015 par Alyssia Duval

Crédit photo : Alyssia Duval et Métropole Films

De passage à Montréal pour présenter son plus récent long-métrage au public québécois, le réalisateur Philippe Le Guay a réservé une page dans son agenda pour s’entretenir avec nous au bistro Renoir du Sofitel le temps d’un latte. L’air remarquablement serein pour un homme si occupé, ce vétéran du cinéma français nous parle de ses inspirations, du caractère unique de son œuvre et, surtout, de la relation privilégiée qu’il entretient avec ses acteurs.

Présenté en grande première nord-américaine le 10 novembre dernier au cinéma Impérial dans le cadre du festival Cinemania, Floride est une comédie dramatique sur l’amour inconditionnel qu’une femme accomplie, Carole (Sandrine Kiberlain, Mademoiselle Chambon), porte à son père vieillissant (Jean Rochefort, Le mari de la coiffeuse) dont l’esprit glisse, lentement mais sûrement, vers les abysses menaçantes de la maladie d’Alzheimer.

Adapté d’une pièce de théâtre de Florian Zeller intitulée Le Père et gagnante de plusieurs prix Molière, Floride débute en présentant le personnage du vieil homme, seul, assis dans un avion à destination de Miami. «J’ai vu la pièce quand elle était présentée et franchement, au début, je ne pensais pas en faire un film. C’est une pièce à trois ou quatre personnages – le père, la fille et le mari – et c’était très statique. Je ne voyais pas comment un film pouvait y proposer un mouvement. Avec mon ami coscénariste, Jérôme Tonnerre, l’idée de mettre le personnage dans un avion est vraiment ce qui nous a donné le point de départ pour l’histoire.»

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Le récit s’articule élégamment autour de la fine frontière entre la réalité et celle perçue par le père. «La Floride, c’est un lieu de soleil, de palmiers, de chaleur, c’est les sables blancs, c’est tout un monde qui est doux. D’imaginer que le personnage parte sur un coup de tête, c’est un peu comme un rêve, comme une récompense qui s’autorise. Il y a une ambivalence qui s’installe peu à peu, et qui me plaît. Pour moi, c’est deux choses à la fois: c’est un voyage dans sa tête, et un voyage réel.» 

Dans le rôle principal, Jean Rochefort étonne autant par sa répartie et son humour indulgent que par sa douce sentimentalité, malgré le sujet délicat que puisse représenter le thème de la vieillesse et de la maladie. «Oui, il a beaucoup d’humour! Aussi, j’ai observé qu’on est souvent plus ému dans les moments joyeux que dans les moments tristes. Tous les moments de bonheur sont arrachés à la solitude ou à la douleur, donc, au fond, on est content qu’un personnage vive des moments heureux, d’autant qu’on sait que ce bonheur est menacé. Il se trouve que j’ai perdu mon père il y a une quinzaine d’années. Malheureusement, je n’ai pas vécu cette situation… Ou heureusement! En revanche, une des raisons que j’avais de faire ce film, c’était qu’en travaillant avec Jean Rochefort, je prolongeais mon dialogue avec mon propre père. Il me faisait penser à mon père, il avait aussi ce côté un peu facétieux.»

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Âgé de 85 ans, Jean Rochefort a récemment annoncé, lors d’une entrevue à la station de radio Europe 1, qu’il mettrait un terme à sa carrière d’acteur une fois la promotion terminée pour Floride. «Jean Rochefort, je crois qu’il incarne quelque chose pour toutes les générations. Il nous a accompagnés au cinéma pendant cinquante ans, il fait partie de notre famille.»

Le personnage du mari de Carole, interprété par Laurent Lucas (Lemming), représente un point de vue plus rationnel, plus détaché que celui des autres. Pour lui, le père âgé est un souci dont il faut se débarrasser plutôt qu’entretenir. «Il a raison, c’est vrai que cette présence du père dans l’appartement est destructrice. Carole se sent obligée de le garder auprès d’elle et ça, c’est une situation que des milliers de familles vivent. Chacun s’arrange comme il peut, et parfois c’est encore plus compliqué, surtout pour des gens moins aisés que ces personnages.»

Malgré tout, Floride a des propriétés quasiment thérapeutiques: on s’identifie aux personnages, on s’y attache, on trouve l’histoire belle et triste à la fois, on se sent bien malgré les passages plus difficiles. «Le tournage a été un moment très heureux. Jean Rochefort adore Sandrine Kiberlain, donc ils étaient très heureux de jouer ensemble. Alors, si vous aimez les grands acteurs, allez voir Floride.»

«Floride» prend l’affiche dans quelques salles de Montréal dès aujourd’hui.

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