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Crédit photo : Métropole Films
Auteur du roman About A Boy, dont la mémorable adaptation mettant en vedette Hugh Grant et un jeune Nicholas Hoult date déjà de 2002, Nick Hornby a récemment choisi d’inverser les rôles en refondant les œuvres d’autres écrivains pour le grand écran, une vocation dans laquelle il semble exceller. Après avoir signé le script d’An Education (2009) de Lone Scherfig, puis celui de Wild (2014) de Jean-Marc Vallée, le voilà qui prête sa nouvelle plume de scénariste à un ouvrage exceptionnel du romancier irlandais Colm Tóibín.
Campé au tournant des années 50, Brooklyn raconte l’histoire d’Eilis (Saoirse Ronan), une jeune irlandaise vivant avec sa mère et sa sœur dans un petit village côtier où les opportunités se font rares. Le projet s’offrant à elle comme une évidence plutôt qu’un grand rêve, elle décide de quitter son patelin dans l’espoir de faire sa vie en Amérique. Le cœur gros et une seule valise en main, elle débarque à New York après une dure traversée de l’Atlantique pour s’installer dans une pension de Brooklyn, quartier de prédilection des immigrés européens en cette terre promise où tout lui est encore étranger.
Alors que le mal du pays l’étouffe un peu plus à chaque coucher du soleil, elle trouve réconfort chez Tony (Emory Cohen), un jeune italien de classe ouvrière, qui ne tardera pas à tomber amoureux d’elle. Mais lorsqu’une tragédie survient dans sa famille, Eilis rentre à la maison, dans ce patelin qu’elle connait si bien et où son vieil ami Jim (Domhnall Gleeson) la priera de rester, les yeux brillants et les bras grands ouverts.
Réalisé par John Crowley, Brooklyn bénéficie aussi de l’expertise d’une équipe technique en partie montréalaise, la majorité des scènes du film ayant été tournées chez nous. Sous l’œil expert d’Yves Bélanger, ce même directeur de la photographie derrière les images saisissantes de Laurence Anyways (2012) et Dallas Buyers Club (2013), l’atmosphère effervescente des années 50 reprend vie dans de superbes tableaux dont l’élégance surannée n’a d’égale que la douceur des regards de la jolie Saoirse Ronan.
Si l’actrice de 21 ans livre probablement sa meilleure performance à ce jour, c’est plutôt son collègue Emory Cohen qui surprend (très agréablement) par son charme irrésistible et une ressemblance marquante – et possiblement voulue – avec un jeune Marlon Brando.
Évidemment, rien n’est révolutionnaire dans un scénario de ce genre. Il s’agit là du plus grand problème du film, qui n’échappe peut-être pas aux formules habituelles du drame romantique, mais parvient quand même à s’élever bien au-delà de ces mille et une adaptations de romans mielleux à la Nicholas Sparks (dont les dernières sont plus insipides les unes que les autres, soit dit en passant).
Porteur d’un message un peu plus profond, celui-ci n’est pas qu’une simple romance à l’eau de rose. On y explore non seulement les aléas d’une âme tiraillée entre la famille et l’aventure, le passé et le présent, le cœur et la raison, mais aussi toute la beauté d’une société en plein changement versus une autre, à un océan de distance, dont les valeurs stationnaires sont chamboulées par la promesse d’un avenir meilleur. Ainsi, malgré quelques longueurs pardonnables, Brooklyn est une expérience suffisamment émouvante et bien soignée pour compter parmi les films à voir absolument en cette fin d’année 2015.
«Brooklyn» est présentement à l’affiche dans certaines salles de Montréal et sera projeté à travers la province dès le 8 janvier.
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Par Métropole Films
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